Ile Maurice: Vidéo accablante pour Dhurmea

Le ministère des Collectivités locales s'appuie sur des témoins et «des preuves» pour ce qui a été avancé dans le communiqué du 17 janvier après-midi contre le «Dr Dhurmea K. Ram». Dans une vidéo rendue publique hier par le ministre Anwar Husnoo, on peut voir et entendre Ram Dhurmea effectivement affirmer que le cyclone Belal ne représentait pas un danger pour Maurice le dimanche 14 janvier, date de la réunion, selon Husnoo. Et en déclarant que l'alerte 1 serait levée le lendemain, soit lundi, Dhurmea aurait définitivement commis une erreur de prévision. Et c'est ce qui avait été repris par le ministre peu après face à la presse.

Cette vidéo est un nouveau rebondissement dans cette affaire car elle prouve que Husnoo a été induit en erreur par le directeur de la météo. Par ailleurs, le communiqué nous informe que Ram Dhurmea a été suspendu à partir de cette date. Pourtant, Pravind Jugnauth avait, le 15 janvier, déclaré à la télévision que Dhurmea avait déjà démissionné (step down). Comment peut-on suspendre quelqu'un qui a déjà démissionné ? Et puis, y avait-il eu une lettre de démission ? Il semble que non, puisque Dhurmea affirme qu'il ne l'a jamais soumise et cela n'a pas été contredit par le communiqué du ministère. Il est vrai que l'ex-directeur ou le toujours-directeur-suspendu de Mauritius Meteorological Services (MMS) a dit qu'il a «step down», mais uniquement le temps de l'enquête.

%

Peut-être que le communiqué et lui auraient dû parler de «step aside», comme Yogida Sawmynaden l'avait fait ? Il faut également noter que le communiqué du ministère d'Anwar Husnoo dit que Dhurmea «a accepté de renoncer au poste de directeur de MMS» alors que Pravind Jugnauth avait déclaré que ce dernier avait démissionné. «Renoncer au poste» veut-il dire «démissionner» ? Il semble que Husnoo joue sur les mots pour probablement ne pas embarrasser son Premier ministre.

Rappelons qu'Ivann Bibi vient de faire une déposition à la police contre le Premier ministre pour avoir répandu des fake news en violation de l'Information and Communication Technologies Act en annonçant que Dhurmea avait démissionné. La police a d'ailleurs promptement réagi en perquisitionnant la maison... d'Ivann Bibi.

Me Gavin Glover: «C'est un 'spin doctoring' de la part du GM»

Après que le ministère des Collectivités locales, Anwar Husnoo, a maintenu, dans un communiqué émis mercredi après-midi, que Ram Dhurmea, directeur de la station météorologique, a accepté de renoncer à son poste - chose qu'il n'a pas faite à ce jour et qui, selon le ministre, aurait entraîné la décision de le suspendre avec effet immédiat -, nous avons sollicité Me Gavin Glover, Senior Counsel, qui représente les intérêts de Ram Dhurmea.

«C'est clairement un spin doctoring de la part du gouvernement. La lettre de mon client a été leaked dans le but d'avoir une raison de le suspendre. D'ailleurs, il est clair que mon client n'a jamais soumis sa lettre de démission, ni n'a-t-il step down», a confié le ténor du barreau à l'express. Estimant que cette affaire relève d'un cyclone politique dans lequel son client se retrouve mêlé, Me Glover n'a pas mâché ses mots face au communiqué du ministre «Dans le document, il semble qu'un jugement de culpabilité a déjà été émis contre lui sans qu'il puisse avoir un 'fair hearing'. On a pris position contre lui sans même écouter sa version. Du coup, il attend sereinement le comité disciplinaire.»

Me Glover a tenu à dresser une chronologie des événements. Le 15 janvier, Ram Dhurmea a persisté et signé qu'il ne va pas step down bien qu'on lui ait demandé de le faire. D'où sa suspension officielle, démontrant qu'il a refusé de step down. Soutenant que le Premier ministre aurait probablement donné de fausses informations à la presse, son client, a-t-il dit, va se défendre bec et ongles. Le 16 janvier, la lettre de son client a fuité. «Il maintient que les bulletins et le rapport dans lequel il prévoit des averses et des risques, de même que sa prévision d'émettre la classe 3 lundi, sont corrects. Ce sont eux qui n'ont rien compris», a martelé Me Glover.

Pour rappel, le ministre Husnoo a maintenu que c'est Dhurmea qui a «fourni des informations inexactes» sur le cyclone Belal, et qui, lors d'une réunion le 14 janvier, «en présence de hauts cadres de la Fonction publique, de responsables de corps paraétatiques et du représentant du secteur privé», aurait «affirmé que le risque que le système cyclonique change de trajectoire pour se rapprocher davantage de Maurice était quasi impossible». Et que Dhurmea aurait ajouté que «l'avertissement de cyclone de classe 1 en vigueur à ce moment donné (le 14 janvier) pourrait être enlevé dans le bulletin de quatre heures, le lundi 15 janvier, et qu'il avait précisé que, dans un worst-case scenario, il allait maintenir l'avertissement de cyclone de classe 1 à quatre heures le 15 janvier 2024».

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.