Sénégal: Exploitation minière - Ngandiouf cité en « modèle » de recasement réussi de populations impactées

Ngandiouf (Tivaouane) — L'expérience de délocalisation et relocalisation de populations impactées par l'exploitation minière que les autorités administratives du département de Tivaouane ont réussie dans la commune de Ngandiouf, est un « modèle » qui devrait être vulgarisé et dupliqué dans toutes les zones minières dont les occupants sont réticents à tout déplacement, a préconisé jeudi, le haut conseiller des collectivités territoriales, Abdoul Aziz Diop.

La société civile à travers l'antenne de la Coalition « Publiez ce que vous payez » à Thiès, a été impliquée par le maire de Ngandiouf et son secrétaire municipal, dès le début du processus de délocalisation des populations de plusieurs villages de cette commune, a témoigné Abdoul Aziz Diop.

M. Diop, par ailleurs membre du Forum civil, une organisation influente de la société civile sénégalaise, prenait part à une visite de travail, conduite par le préfet du département de Tivaouane, Mamadou Guèye, accompagné par l'ensemble des chefs de service.

La délégation s'est rendue à Ngassama 1 et 2, ainsi qu'à Bayakh Peul et Galbeut, des localités qui abritent depuis 2015 les activités de la compagnie minière G-PHOS.

La Coalition a joué un rôle d'interface et de facilitation entre les populations, l'entreprise et les autorités administratives. Un modèle de délocalisation concluant qui, selon Abdoul Aziz Diop, mérite d'être vulgarisé.

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Enthousiaste, Gorgui Bâ, chef du village de Bayakh Peul, considère ce projet comme une opportunité pour les membres de sa communauté.

« Le projet nous a beaucoup aidés. Le site est très porteur d'opportunités, même si nous attendons encore l'électricité et l'eau courante ici à Ngalbeut, dans le département de Kébémer », a souligné le responsable.

Il n'a pas manqué de remercier l'administration, notamment le préfet Mamadou Guèye et les sous-préfets des arrondissements de Niakhène et Mérina Dakhar, au nom des personnes déplacées.

Sur la même lancée, le maire de Ngandiouf, Ngouda Ciss, a salué une « démarche inclusive », qui rompt d'avec la pratique dans bien d'autres localités, où ce genre de projet donne lieu à « un niveau de violence et de suspicion indescriptible ».

« Par la grâce de Dieu, ici, tout se passe sans aucune incompréhension », s'est réjoui Ngouda Ciss.

« Le préfet s'est battu pour qu'un hectare soit dédommagé à hauteur de deux millions deux cent mille francs, loin du barème national qui est de 500.000 francs (CFA) », a témoigné l'édile de la commune de Ngandiouf.

Pour lui, le projet d'exploitation de la mine de phosphate Ngandiouf à Niakhène, s'inscrit dans les missions poursuivies par le Plan Sénégal émergent (PSE).

Selon Moustapha Dieng, directeur général adjoint de G-PHOS, « les investissements mobilisés (dans le cadre de projet) sont estimés à plus de 4 milliards de francs CFA ». Une somme qui sera doublée d'ici quelques années, a-t-il assuré.

M. Dieng a dit espérer que d'ici octobre 2024, les premiers produits marchands de G-PHOS seront disponibles sur le marché international.

Moustapha Dieng a promis de respecter tous les engagements pris devant le maire de Ngandiouf.

« Nous avons signé un document avec la mairie de Ngandiouf, où nous nous sommes engagés à (faire) tout ce qui est en nos pouvoirs pour mettre les populations déplacées dans une excellente situation », a renchéri Dieng.

Le préfet a relevé que la conduite de ce projet jusqu'à son terme « n'a pas été une chose aisée », même s'il signale que « la détermination des guides religieux, leaders d'opinion, populations déplacées, autorités administratives et chefs de services départementaux, a permis de faire un travail remarquable et efficace ».

Mamadou Guèye a justifié sa visite par deux motifs. L'un était de s'enquérir du niveau d'avancement de l'installation du projet de G-PHOS, détenteur d'un permis d'exploitation dénommé « BAITI BEGAL ».

Il était aussi question, à travers une « démarche de proximité », de suivre et d'accompagner les personnes déplacées pour un « mieux-être », a noté M. Guèye.

« Là où les textes ne sont pas très explicites, à travers le dialogue et la concertation, bâtis sur des rapports de confiance mutuelle et de respect, on peut arriver à des compromis forts favorables à chaque partie prenante », a commenté Abdoul Aziz Diop, un acteur de la société civile.

Selon lui, la dimension anthropologique « n'est pas tellement prise en compte » dans les différents codes miniers et de l'environnement.

« Autant les populations veulent un mieux-être, autant elles restent attachées à leur terroir, quels que soient les montants des indemnisations et autres formes d'accompagnement », a-t-il dit.

Les populations de Ngassama et de Bayakh peul n'ont pas dérogé à la règle dans leurs interactions avec G-PHOS, qui ont abouti à une « délocalisation sans heurts ».

Ce résultat a été obtenu grâce à un cadre de concertation multipartite, composé des autorités administratives et locales, des représentants de l'entreprise, des représentants des villages impactés, des leaders d'opinion et des leaders religieux.

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