Madagascar: Bharat

Le 6 avril 1980, Ashri Atal Bihari Vajpayee est élu président fondateur du Bharatiya Janata Party (BJP).

Mais, le Bharatiya Janata Sang, formé le 21octobre 1951, est l'ancêtre direct du Bi-Ji-Pi. En 1977, le Bharatiya Janata Sang se fond au sein du nouveau Janata Party avant l'implosion d'avril 1980, sur fond de double appartenance de certains au RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh), un mouvement qualifié d'extrême-droite.

Quand c'est le BJP qui raconte l'histoire contemporaine de l'Inde, on a une toute autre perspective. Un regard très critique, par exemple, sur l'ancienne Premier Ministre Indira Gandhi qui avait instauré un état d'urgence de quasiment deux ans, du 25 juin 1975 au 3 mars 1977. La version de l'histoire que nous connaissions de l'Inde magnifiait plutôt la place et le rôle de la dynastie de Nehru (Indira, sa fille, assassinée en 1984 ; Rajiv, son petit-fils, assassiné en 1991 ; jusqu'à Sonia, l'épouse italienne de Rajiv, et leur fils Rahul : tous ont été présidents du parti du Congrès). Lequel Nehru n'est pas davantage épargné, à qui est reproché l'abandon du territoire du Berubari au profit du Pakistan (1958) ou la politique «dictatoriale» au Kashmir (1953).

À la fin des années 1980, le BJP ne se cachait pas de soutenir le «mouvement Ayodhya» qualifié de «plus grande mobilisation populaire depuis l'indépendance». Cette effervescence culmina le 6 décembre 1992 dans la destruction par les Hindous d'une mosquée qu'ils accusent d'avoir été bâtie sur un précédent temple de Rama.

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Entre le 25 Septembre et le 30 octobre 1990, eut lieu le «Ram Ratha Yatra», une longue procession de 10.000 kms, en guise de pèlerinage, depuis Somnath, ville martyre de la destruction des temples et sanctuaires hindous par les envahisseurs musulmans en 1026, jusqu'à Ayodhya, lieu de naissance de Bhagwan Shri Rama, avatar du dieu Vishnou. Le temple de Somnath a été reconstruit dès les années 1950, tandis que le temple hindou d'Ayodhya verra son rez-de-chaussée inauguré le 22 janvier 2024. Il s'agit d'un vaste complexe religieux que certains qualifient de «Vatican de l'hindouisme». C'est le leader BJP, Lal Krishna Advani qui, en septembre 1990, posa l'enjeu en ces termes : «Si les Musulmans sont autorisés à avoir une atmosphère islamique à La Mecque, si les Chrétiens bénéficient d'une atmosphère chrétienne au Vatican, pourquoi serait-ce illégitime que les Hindous espèrent une atmosphère hindoue à Ayodhya ?».

Le Premier Ministre Narendra Modi en avait posé la première pierre en août 2020 et les 318 millions USD de sa construction devront être compensés par l'assiduité attendue de dizaines de milliers de pèlerins hindous chaque année.

Le 26 mai 2014, Shri Narendra Modi, chef de la majorité parlementaire BJP, devenait le 15ème Premier Ministre de l'Inde. Exaltant cette «longue marche» depuis les années 1980, le BJP devient lyrique : «a procession that began with a handful of nationalists led by an uncompromising nationalist is today a roaring stream of nationalist fervour».

Une ferveur nationaliste qui veut devenir corps et réalité à travers des concepts-slogans : «Viksit Bharat», l'objectif d'une Inde parmi les nations développées à l'horizon 2047, date du centenaire de l'indépendance ; «Atmanirbhar Bharat», la posture d'une Inde indépendante qui ne compte que sur elle-même ; et enfin, «Sabka Saath, Sabka Vikas, Sabka Vishwas», idées développées dans une série de discours de Narendra Modi, comme mantra.

Au sommet G20, de septembre 2023, le panonceau devant le Premier Ministre Modi indiquait non pas «Inde», mais «Bharat», du «Bharatavarsa» dans les textes sacrés du Mahabharata. Finalement, Hindustan (le pays des Hindous) en langue urdu, India en anglais, et Bharat en sanscrit, désigneraient une seule et même réalité. Mais, faudrait-il que Madagascar, baignée dans le concept d'indianocéanie, s'émeuve si notre méditerranée du Sud, communément connue sous le nom de «Océan Indien», était proposée à s'appeler «Océan Bharat» ?

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