Comores: Présidentielle - Journée calme, l'appel de l'opposition à manifester reste lettre morte

Journée calme, ce vendredi 19 janvier, à Moroni et dans tout le pays. Et cela en dépit de l'appel lancé par les cinq candidats d'opposition, qui s'estiment floués par les résultats de la présidentielle. Après la réélection d'Azali Assoumani, des émeutes avaient éclaté à Moroni et les cinq candidats d'opposition appelaient hier à donner une plus forte ampleur à ce mouvement. Mais leur appel n'a pas été suivi. Aucune manifestation n'a eu lieu à Moroni.

Rendez-vous avait été donné à la sortie de la mosquée. Mais beaucoup ne se sont pas sentis concernés. « Je suis venu pour la prière du vendredi », assure un homme, qui dit être « neutre » quand on l'interroge sur l'appel à manifester. Même son de cloche un peu plus loin : « On est juste venus prier. Je suis apolitique de toute façon. La tête, c'était pour la prière du vendredi. »

D'autres auraient voulu amplifier le mouvement de contestation pour obtenir l'annulation de la présidentielle. Mais ils se sont sentis bien seuls. « Je suis venu prier, mais s'il y avait eu la manif', je serais allé manifester contre la mascarade électorale, le putsch électoral, s'indigne un habitant de Moroni. C'est des magouilles ».

Un autre estime que la peur y est pour beaucoup dans le manque de mobilisation. « Ça flippe, ça flippe. Quand on entend que ça doit manifester et qu'il y a des tirs à balles réelles, une partie a peur. Tant qu'on voit pas un candidat descendre dans la rue, on pourra pas, parce que là, c'est que la jeunesse. À partir du moment où on verra un candidat descendre sur la route, pourquoi pas, c'est le moment où jamais. Je ne vais pas aller sur la route tout seul ! »

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Selon plusieurs témoignages directs concordants, les jeunes qui occupaient la rue ces derniers jours auraient reçu de l'argent pour ne plus sortir. L'appel à la manifestation lancé par les cinq candidats d'opposition ne s'adressait cependant pas à eux, mais à toute la population, afin d'élargir la contestation. Aucun des cinq candidats qui avaient appelé à la mobilisation n'est sorti dans les rues de Moroni. Ce rendez-vous manqué n'acte peut-être pas la fin de la contestation, mais il ne contribue pas à l'amplifier comme ses initiateurs l'avaient espéré.

Dans les heurts entre jeunes manifestants et forces de l'ordre, ces derniers jours, un jeune manifestant a été tué par balles, et cinq autres blessés. Vendredi, en dépit du calme qui a globalement régné, c'est un policier qui a été passé à tabac et pris en charge à l'hôpital de Moroni.

Par ailleurs, l'Union européenne a déclaré vendredi « prendre acte » des résultats officiels de la présidentielle comorienne et noter « avec inquiétude » les accusations de fraude formulées par l'opposition. Les États-Unis appellent quant à eux les autorités comoriennes « à clarifier les résultats » annoncés avant leur promulgation par la Cour suprême, particulièrement « la disparité dans la participation » pour les élections des gouverneurs et pour la présidentielle.

Je trouve la situation actuelle assez complexe. En tant que Comorien, je ne me rallierais jamais à l'initiative de l'opposition. À mes yeux, le pouvoir en place et l'opposition se ressemblent trop. Cependant, je suis pleinement d'accord avec le soulèvement des derniers jours, car il s'agit d'une initiative citoyenne visant à dénoncer les problèmes auxquels nous sommes confrontés.

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