Congo-Kinshasa: Potager, étangs, poulailler - À Beni, la MONUSCO multiplie les initiatives pour assurer l'alimentation des prisonniers

communiqué de presse

« J'ai vu des codétenus mourir de faim ». Kanga (le patronyme a été changé pour des raisons de confidentialité) est quelque peu ému lorsqu'il évoque les souvenirs des débuts difficiles de son incarcération à la prison centrale de Beni. En 2013, il est condamné à douze ans de prison pour association de malfaiteurs. « Nous mangions à peine », se souvient-il.

Construite pour accueillir 250 détenus, la prison centrale de Beni compte actuellement 1230 occupants. Les conditions de détention y sont difficiles. Comme dans d'autres prisons du pays, les dotations mensuelles du gouvernement ne parviennent pas à nourrir l'ensemble des pensionnaires.

C'est pour cette raison que l'unité d'appui à l'administration pénitentiaire de la MONUSCO a initié des projets visant à permettre aux responsables de la prison de Beni d'assurer une alimentation correcte pour les détenus. Comme on le souligne au sein de cette unité du bureau de la MONUSCO à Beni, les détenus ont des droits, malgré la privation de liberté que représente la détention carcérale.

« On n'achète plus les légumes »

« Aujourd'hui, la personne que vous voyez n'a plus rien à voir avec celle que j'étais auparavant », déclare Kanga en regardant ses bras quand il prononce cette phrase. De son propre aveu, avant l'arrivée d'un potager à la prison centrale de Beni, il avait la peau sur les os. « Je ne mangeais pas bien », confie-t-il. Originaire de Kisangani, il affirme ne pas avoir de parents à Beni qui auraient pu lui apporter de quoi manger.

En octobre 2021, la MONUSCO initie un potager au sein de la prison. On y cultive du maïs, du manioc, des patates douces, des pommes de terre et des choux. Objectif : permettre aux détenus de disposer de leur propre source alimentaire même lorsque les dotations du gouvernement tardent à arriver.

Kanga et ses codétenus ont la responsabilité d'entretenir ce potager d'où ils tirent à présent leurs repas quotidiens. « Depuis que nous cultivons ici, j'ai repris ma santé. Avant, j'étais gonda-gonda [famélique, NDLR]. Aujourd'hui, je suis en bonne santé », se réjouit le détenu qui entame désormais sa dernière année de détention.

Il n'est pas le seul à exprimer son enthousiasme pour ce potager. Selon le directeur de la prison, cette initiative a « soulagé » les responsables de cette maison carcérale qui accueille également des détenus accusés de crimes graves liés à l'activisme des rebelles ADF. « On n'achète plus de légumes », affirme Tsongo Makelele, les yeux rivés sur les plates-bandes de chou chinois au dessus desquelles s'affaire une dizaine de détenus ôtant les mauvaises herbes.

« Apprends-moi à pêcher »

En 2023, le potager de la prison centrale de Beni a produit 3 000 kg de maïs permettant ainsi aux détenus d'avoir quotidiennement du fufu pour accompagner leurs repas. Toutefois, étant donné que les légumes et le fufu ne peuvent constituer les seuls éléments nutritifs pour ces détenus, l'unité d'appui à l'administration pénitentiaire de la MONUSCO à Beni a également lancé un projet piscicole en février 2022. Un étang avait été aménagé dans le vaste enclos de cette maison carcérale pour produire du poisson. Actuellement, la prison compte trois étangs. L'année dernière, 90 kg de poissons y ont été produits.

C'est dans le même esprit qu'un poulailler a été initié dans les installations de la prison pour femmes de Beni. Sur la centaine des poules arrivées à maturité en décembre dernier, quatre-vingt-dix ont été vendues. Les recettes serviront à étendre davantage le projet. Les autres poules ont été consommées par les détenues.

Comme l'exprime le directeur de la prison de Beni, cette expérience, reflète la mise en pratique du dicton populaire : « Ne me donne pas de poisson, apprends-moi plutôt à pêcher ».

Au sein de l'unité d'appui à l'administration pénitentiaire de la MONUSCO à Beni, on met l'accent sur les avantages d'enseigner aux détenus un métier. Cela pourrait non seulement devenir une source de revenus une fois qu'ils seront libérés mais également assurer leur survie pendant leur séjour en prison.

En plus du poulailler, la prison pour femmes de Beni dispose également d'un petit commerce où les détenues vendent des paniers confectionnés à la main. Actuellement, elles apprennent à coudre des vêtements. Ce sont elles qui, désormais, produisent les tenues de tous les prisonniers de Beni. Il s'agit là d'une autre initiative de la MONUSCO.

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