À Goma, une cinquantaine de délégués des communautés ethniques vivant au Nord-Kivu ont récemment participé à un atelier portant sur le processus de paix et la cohabitation pacifique. Au cours de ces deux journées de rencontre organisées par le gouvernement provincial du Nord-Kivu et le Barza intercommunautaire conjointement avec l'appui de la MONUSCO, les communautés ont examiné en détail les défis auxquels elles sont confrontées, puis ont proposé des solutions pour favoriser la paix durable et la coexistence pacifique. Cette réunion a abouti à l'élaboration d'un acte d'engagement.
Cette session a connu divers moments d'échanges, tels des plénières et des travaux de groupe. Les experts de la MONUSCO ont, pour leur part, réalisé des présentations notamment sur le processus de PDDRC-S, la cartographie des groupes armés, les principes des droits humanitaires internationaux ainsi que sur les violations commises par les groupes armés.
Défis et pistes de solutions
Les dix communautés vivant dans la province du Nord-Kivu, à savoir Nyanga, Hunde, Kumu, Nande, Kano, Hutu, Pygmée, Tutsi, Tembo et les autres communautés non-originaires, ont identifié plusieurs obstacles qu'elles s'efforcent de réduire, voire d'éliminer : « L'hypocrisie, la manipulation politicienne, la vengeance, la haine tribale, la jalousie, la médisance, les rumeurs prédominent et font partie de ces obstacles », selon Stéphane Lupao, secrétaire-rapporteur du Barza intercommunautaire.
D'autres obstacles ont également été évoqués lors de ces échanges, tels que le faible taux de représentation de certaines communautés au sein des institutions politico-administratives de la province du Nord-Kivu.
« À cela s'ajoute le rejet et la stigmatisation des autres communautés », a souligné un participant, lequel a particulièrement regretté le manque de connaissance historique concernant les peuples frontaliers en déclarant : « Je suis né ici et vis au Nord-Kivu avec la même langue que nos voisins, que nous considérons ici comme des étrangers. » Toujours d'après les intervenants, les conflits fonciers et leur mauvaise gestion par la justice, ainsi que les tensions entre agriculteurs et éleveurs représentent également des défis entravant la cohabitation pacifique au Nord-Kivu.
Ensemble pour un changement
« C'est en établissant la vérité et en construisant un patrimoine, que nous allons léguer à nos enfants un pays prospère et, pour y arriver, il faut une bonne gouvernance », a déclaré Emmanuel Kamanzi. Toute cette cartographie évoquée par les communautés fait dire à un autre participant : « Nous, en tant que Barza, devons être de bons syndicalistes pour représenter toutes les communautés auprès de l'Etat qui devrait jouer pleinement son rôle régalien et le reste suivra », a-t-il poursuivi.
Pour instaurer une cohésion pacifique et promouvoir une citoyenneté responsable, les intervenants ont témoigné de leur engagement en faveur d'une cohabitation pacifique entre communautés, privilégiant des actions concrètes de coopération et recourant à des méthodes non violentes, notamment par le biais du dialogue : « Nous devons nous approprier des stratégies pour lutter contre les discours de haine, la désinformation, la rumeur et la méfiance. Nous devons prôner l'équité, la méritocratie dans les nominations au sein des institutions politico-administratives et dans les cabinets politiques, comme facteurs de cohésion sociale et pacifique ».