Dans la peau d'un outsider tout de même séduisant, les Etalons rentrent progressivement dans la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) Côte d'Ivoire 2023. Après une victoire contre la Mauritanie, les poulains d'Hubert Velud ont raté de justesse la qualification pour les huitièmes de finale, face à l'Algérie, le samedi 20 janvier. C'est dire que le prochain match contre l'Angola, premier du Groupe D, reste déterminant pour les Etalons et par conséquent, pour les Burkinabè qui se perdent déjà en conjectures. Mais avant ce match décisif des Etalons, les deux premiers ont, comme à l'accoutumée et ce, depuis maintenant plusieurs CAN, cristallisé les passions des Burkinabè.
Au-delà des 1 400 supporters qui ont quitté le Burkina pour Bouaké, au-delà des centaines d'autres qui y sont allés par leurs propres moyens de déplacements, au-delà des milliers de Burkinabè vivant en Côte d'Ivoire qui ont rallié le stade de la Paix de Bouaké, des millions d'autres restés au pays ou vivant loin de la patrie poussent chaque fois que de besoin, le Onze national à la victoire. Loin des yeux, près du coeur, dit-on. A des centaines, voire des milliers de kilomètres de Bouaké, les matchs des Etalons rassemblent les Burkinabè autour de la cause nationale. Maillots aux couleurs nationales, drapeaux, gadgets et tout s'arrachent comme des petits pains, symbole de l'attachement du Burkinabè à sa Nation, à sa patrie. Aux heures de match, tout un peuple retient son souffle et fait bloc derrière ses porte-étendards.
Lors des CAN'98 à domicile (4e), Afrique du Sud 2013 (2e), Gabon 2017 (3e), Cameroun 2021 (4e) et cette fois-ci encore, Côte d'Ivoire 2023, les Burkinabè ont su taire leurs divergences pour regarder dans la même direction, parler le même langage, défendre une seule et même cause : l'honneur de la patrie. L'exemple le plus palpable et le plus mémorable reste la participation des Etalons à la CAN 2013 en Afrique du Sud. Alors que la révision de la Constitution (modification de l'article 37 et création du Sénat) opposait ouvertement les Burkinabè, chaque match des Etalons d'alors a pourtant réussi à les unir pour défendre le drapeau national et mener l'équipe jusqu'en finale. Comparaison n'est pas raison, mais la CAN Côte d'Ivoire 2023 se tient dans un contexte où le Burkina Faso vit l'une de ses pires crises avec le terrorisme qui menace jusqu'aux fondements de la Nation.
A l'image de cette ferveur et de cet engouement total autour des Etalons, les Burkinabè sont appelés à aussi faire bloc derrière les Forces combattantes pour venir à bout de l'hydre terroriste. En effet, autant les poulains d'Hubert Velud ont besoin de l'ensemble des Burkinabè pour gagner la CAN, autant les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) ont besoin d'eux dans leur mission, combien périlleuse, de reconquête du territoire national. Les Burkinabè le leur rendent déjà bien, à travers le Fonds de soutien patriotique et les contributions diverses en nature et en espèce. Mais en plus, il nous est demandé de taire nos différends comme on le fait si bien lors des 90 minutes que durent les matchs des Etalons. Parce qu'en football ou ailleurs, l'édifice public a besoin de la pierre de chaque fille et fils. Les joueurs doivent être sereins et jouer dans un esprit de groupe, construire un jeu collectif pour gagner. C'est aussi ce dont le Burkina Faso a besoin en ce moment pour remporter la victoire sur les forces du mal.