Comores: Les réactions après l'appel à manifester non suivi de l'opposition

[Image d'illustration] Le président comorien, Azali Assoumani, s'exprimant face à la presse lundi 10 juillet 2023.

La journée de vendredi 19 janvier était calme à Moroni ainsi que dans tout le pays, et cela, en dépit de l'appel lancé par les cinq candidats d'opposition qui s'estiment floués par les résultats de la présidentielle.

Après la réélection d'Azali Assoumani, des émeutes ont éclaté à Moroni et les cinq candidats d'opposition appelaient, sans violence, à soutenir la contestation, mais leur appel n'a pas été suivi. En dehors de quelques petits rassemblements, aucune manifestation d'ampleur n'a eu lieu, ni dans la capitale, ni ailleurs dans le pays. Le camp présidentiel et celui de l'opposition n'en tirent toutefois pas les mêmes conclusions.

Ils appelaient à manifester dans « les villes et villages » du pays, et à « investir les routes », après la prière du vendredi. La journée est pourtant restée très calme.

Daoudou Abdallah Mohamed, du parti Orange, est l'un des cinq candidats d'opposition qui avaient lancé cet appel : « Le plus important, c'est que la journée d'hier [vendredi 19 janvier] était une journée de prière en mémoire de ce jeune [tué par balles au cours des deux journées d'émeutes] et pour dénoncer l'utilisation disproportionnée de la force. Ce n'est pas un rendez-vous manqué. C'était une journée de prière. Tous n'étaient pas de Moroni et chacun a prié chez lui. »

Houmed Msaidié, porte-parole du gouvernement et directeur de campagne du président Azali Assoumani voit évidemment les choses d'un autre oeil : « Les gens ne répondent jamais à leur appel à manifester. Le pays vaque à ses occupations. Les Comoriens ne sont pas prêts à écouter leurs appels incessants. Il serait mieux que nos amis candidats se résolvent à s'approcher auprès des institutions légales au lieu de continuer à lancer des appels dans le vent. »

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Ce vendredi matin, sans renoncer à d'autres formes d'action, deux des cinq candidats d'opposition ont déposé des recours devant la Cour suprême pour obtenir l'annulation de la présidentielle. Un troisième compte le faire en début de semaine prochaine. Le mouvement du président réélu, Azali Assoumani, annonce également déposer un recours, estimant que le taux de participation est de 60 % et non de 16 % ce qui, de facto, remet en cause les résultats du scrutin.

Nous avons opté pour utiliser toutes les voies légales possibles. La paix, la stabilité de ce pays réside dans ce bâtiment, la Cour suprême. Parce qu'aujourd'hui, nous avons ramené toutes les preuves.

David Baché L'inquiétude de la CNDHL

La situation dans le pays inquiète la Commission nationale comorienne des droits de l'homme et des libertés, qui a publié samedi un communiqué. La CNDHL commence par inviter la population, l'État et les acteurs politiques à « la retenue. »

Si le calme est revenu depuis vendredi, les jours précédents ont été marqués par des incidents violents. Plusieurs bâtiments publics et privés ont été incendiés ou saccagés, des agents de l'État pris à partie et un policier passé à tabac. La CNDH insiste donc sur « la nécessité du maintien de l'ordre public. »

Un jeune manifestant a été tué par balles, et plusieurs autres blessés, par balles également. Sur tous ces « évènements tragiques », la CNDH « exige l'ouverture d'une enquête judiciaire », pour que les responsabilités réelles soient situées de façon impartiale. Enfin, de nombreuses arrestations ont été effectuées. Parfois, comme en témoignent des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, de manière très brutale.

Aucun chiffre officiel n'a été communiqué mais au moins deux opposants politiques et vraisemblablement plusieurs dizaines de jeunes protestataires sont actuellement détenus. La CNDH rappelle que les interpellations doivent avoir lieu « dans le respect scrupuleux du cadre légal et de la dignité humaine » et que « toute personne en détention a des droits. »

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