Afrique: Nos langues maternelles, parlons-en !

La première impression qui se dégage est que les langues maternelles sont toutes en voie de disparition dans nos cités urbaines. Ce constat se vérifie tous les jours lors des rencontres familiales et d'autres circonstances regroupant des ressortissants d'un même terroir.

On assiste à un rejet systématique des langues maternelles par certains parmi eux qui les qualifient des langues de peu d'importance.

Non, la seule journée du 21 février qui célèbre depuis 2000 au niveau mondial la langue maternelle ne donne pas suffisamment d'éclat pour que l'opinion puisse saisir la valeur sociolinguistique et socio-culturelle des langues dites maternelles. En effet, elle passe vite et ne laisse aucun impact social sur l'importance de ces langues. En terme simple, la langue maternelle est celle du terroir, apprise par un enfant auprès de son entourage. Bref, c'est la première articulation sociolinguistique de tout être humain.

Nombreux sont les parents qui refusent, on ne sait pas pourquoi, d'apprendre aux enfants les langues maternelles. Ces « égoïstes », et par un orgueil qui ne s'explique pas, pensent que transmettre ces langues à leurs enfants serait retarder l'apprentissage, semble-t-il, des langues dites modernes et du coup, ce serait orienter l'enfant vers un passé proche de l'Antiquité.

En agissant ainsi, ces parents participent activement au déclin des langues maternelles. Ce virus du rejet a atteint aussi plusieurs intellectuels qui pourtant ont été éduqués et élevés dans ces langues. Actuellement en ville, nombreux sont des ménages qui n'osent même pas parler en langue maternelle à leurs enfants. Raison avancée, ce sont des langues surannées, dépassées et « impropres ». Et pour s'en rendre compte, tentez de faire des statistiques de ces langues avant l'indépendance. Aujourd'hui, on va vite comprendre que la majorité a disparu ou est en voie de disparition. C'est triste !

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Ces agissements rébarbatifs des parents envers des langues maternelles sont en train d'être encouragés par nos linguistes d'une façon générale. Et pourtant, Ferdinand de Saussure, le père-fondateur de la linguistique, a toujours en son temps recherché à valoriser la structure de toutes les langues pour qu'elles soient parlées et se pérennisent. Alors pourquoi nos linguistes ne feraient pas au tant au lieu seulement de s'accrocher aux langues dites modernes ?

Et si cette situation n'est pas regardée de près, nos langues maternelles disparaîtront toutes dans une vingtaine d'années.

A bon entendeur, salut !

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