Madagascar: Délit de fuite de cerveau

Un fait divers d'une violence rare. On n'en croyait pas ses yeux quand on assistait samedi presque en direct grâce aux images vidéos d'une caméra de surveillance, à la mise à mort d'un jeune motard écrasé puis traîné sur 300 mètres par un taxi-be fou à Mahamasina. Il était avec d'autres motards à la poursuite de ce qui allait être son impitoyable bourreau, auteur d'un délit de fuite à Tsimbazaza. Le chauffard a été ralenti par un embouteillage, le jeune motard s'est mis alors devant sa trajectoire pour tenter de l'arrêter. Mal lui en prit, le tueur au volant a simplement roulé sur lui avec le sang froid et la cruauté d'un criminel digne de l'époque nazie. Il ne s'est pas arrêté malgré l'appel de sa victime et les cris de détresse de la foule ahurie et furieuse par cette violence gratuite. L'assassin a finalement daigné stopper sa course mortelle après s'être assuré que le malheureux motard n'avait aucune chance de s'en sortir indemne.

Un double crime commis avec une inconscience hors du commun. Comment un acteur du transport public peut-il se conduire avec autant de violence et de désinvolture ? Même sous l'effet de plusieurs bouteilles de bière constatées dans son « bulldozer », c'est juste inadmissible.

Cet homicide volontaire perpétré par un chauffeur de taxi-be illustre à quel point le transport en commun constitue un danger permanent pour le public aussi bien les passagers que les piétons. La délivrance du permis de conduire pour le transport en commun ne doit pas être permissive, sinon laxiste. Des critères plus rigoureux et stricts doivent être adoptés dans l'urgence. Un certain niveau de culture et de niveau académique doivent être exigés. La plupart des conducteurs du transport en commun sont presque des illettrés.

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Certains conducteurs n'ont aucune notion du code de la route et ne sont même pas conscients qu'ils mettent en danger la vie de plusieurs personnes à chaque voyage. Il est vrai que le transport constitue un salut social pour beaucoup de jeunes sans travail et n'ayant qu'un niveau d'étude limité à trois années de l'école primaire. Ce qui explique toutes les difficultés pour régulariser le transport en commun en général. On se retrouve en face d'un mur opposé et récalcitrant à toute réforme. L'ancien PDS de la Capitale, Edgard Razafindravahy, avait bien essayé de recycler les chauffeurs de taxi-be à travers une formation quotidienne en 2011 mais la bonne initiative n'apportait pas de grand changement au niveau de la conduite et du comportement.

L'ancien président Ravalomanana avait également tenté de règlementer le transport en commun avec des mesures disciplinaires mais l'opération a été abandonnée avec son départ du pouvoir.

Des années plus tard, on en est presque à la case départ. Pire, on est revenu à une époque où la barbarie était une règle de la vie sociale. En une semaine, on a constaté deux crimes commis avec la même violence et la même bestialité. La descente aux enfers ne fait visiblement que commencer.

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