Ile Maurice: Port-Louis, capitale des «flash floods»...

La montée soudaine des eaux qui a eu lieu à Port-Louis, le lundi 15 janvier, en seulement quelques heures, pendant le passage du cyclone Belal, a ravivé le terrible souvenir du 30 mars 2013. Pourquoi Port-Louis est-il aussi impacté par les grosses pluies ? Mais surtout que faire pour remédier à ce problème ?

Les images qui ont tourné en boucle depuis lundi donnent froid dans le dos. Des voitures avec des personnes à bord piégées par les torrents d'eau, d'autres qui essayent d'intervenir pour sauver des vies. Alors que deux personnes sont décédées dans le sillage de ce chaos. Pour ce qui est de Port-Louis, les questions fusent. Qu'est-ce qui ne fonctionne pas ? N'a-t-on rien appris après la tragédie de 2013, qui a fait 11 morts ? Que faire pour éviter une autre catastrophe de ce genre ?

Zaheer Allam, urbaniste, est catégorique. Avec le changement climatique, il y aura d'autres «flash floods» qui vont suivre. «Et la construction de drains n'est qu'une partie de la solution.» Pour lui, il est essentiel de revoir les infrastructures et d'adopter de nouvelles lignes directrices pour les bâtiments qui seront construits dans la capitale. Pour ceux qui sont déjà là, l'affaire est plus complexe, dit-il, car il s'agit de centaines voire de milliers de propriétaires qui sont concernés. «Comment les contrôler ? Cela s'avère difficile et plusieurs problèmes pourraient surgir comme la démolition de certaines structures qui ont été construites sur les drains. Il faudra peut-être reloger des familles qui habitent à proximité des berges des rivières mais il aurait fallu déjà commencer les discussions à ce sujet.»

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Les inondations de lundi dernier (plus haut) ont ravivé les douloureux souvenirs de celles de mars 2013 (ci-dessus).

D'ailleurs, le député du Parti travailliste (PTr) Osman Mahomed, dont la circonscription comprend une partie de PortLouis, notamment la rue La Poudrière qui a été gravement touchée par les inondations, revient sur la démolition du bâtiment abritant l'enseigne KFC à la rue La Chaussée. Il fait ressortir que cela avait été ordonné par le tribunal mais que jusqu'ici rien n'a été fait. «Pourquoi ? Cela aurait pu aider à ce qu'une plus grande partie de l'eau soit déviée dans les drains...»

Osman Mahomed revient lui aussi sur les drains et autres «canaux» non entretenus. Et prend pour exemple, la mosquée de Vallée-Pitot, touchée par les inondations de lundi. «Cela aurait pu être évité si les drains plus loin avaient été désobstrués.» D'ailleurs, Andy, un habitant de Bell-Village soutient qu'après les inondations de lundi, plusieurs habitants de sa localité avaient été impactés car les drains étaient bouchés par toutes sortes de débris. Même par des matériaux de construction qui auraient été laissés sur les lieux après des travaux effectués par la municipalité elle-même récemment.

Des habitants de Bell-Village affirment que des matériaux de construction ont obstrué des drains

Pour en revenir aux mesures qui peuvent aussi être prises pour contrer les inondations à Port-Louis, Zaheer Allam explique que des green parks peuvent être aménagés au niveau de chaque bâtiment, ce qui permettrait d'absorber l'eau de la pluie. «C'est vrai que cette idée est assez challenging pour la ville de Port-Louis mais on aurait pu commencer par libérer quelques parcelles de terrains dans un premier temps pour ce projet d'espace vert.»

Le ministre des Infrastructures nationales, Bobby Hurreeram, lui, était face à la presse hier et a abordé le problème de la capitale en soutenant notamment que «Port-Louis est une topographie déjà très compliquée» et en mettant l'accent sur la marée haute au moment de l'inondation et le volume d'eau qui descendait de la montagne, ajoutés à cela, a-t-il dit, les débris qui ont obstrué les passages.

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