« Fidèle à sa posture méprisante vis-à-vis du peuple togolais, le régime de Faure Gnassingbé n'en finit plus de surprendre. Acclamé à l'international, il représente pour bien des Togolais une chape de plomb. La libération de Salem Bazoum est la preuve, s'il en fallait une supplémentaire, que la politique propagandiste de Faure Gnassingbé a de beaux jours devant elle. De quoi faire suer à grosses gouttes des citoyens de plus en plus à l'étroit. »
(Le Correcteur)
Parmi les prisonniers politiques qui croupissent depuis plusieurs années sans jugement, il y a une femme et elle s'appelle Nambéa Méhiuowa Leyla, épouse Tagba. Au moment de son arrestation le 18 décembre 2019, dans l'affaire sans tête ni queue de « Tigre Révolution », elle allaitait un bébé de 7 mois. Souffrant d'hypertension, de difficultés respiratoires et de divers autres maux, les nombreux appels d'organisations de défense des droits de l'homme, de certaines chancelleries et les divers jugements de la cour de la CEDEAO pour sa libération et pour celle des autres détenus, sont jusqu'à aujourd'hui restés lettre morte. Arrêté le 4 novembre 2021 pendant son séjour au pays, Jean-Paul Omolou est ce citoyen togolais de la diaspora suisse qui, bien que n'ayant que son verbe pour dénoncer la dictature et se battre pour un changement pacifique du régime, fut accusé de lourds délits à dormir debout et jeté en prison. Selon les informations que nous avons pu glaner ça et là, les mauvais traitements sur sa personne ont fait en sorte que l'état de santé de notre compatriote Jean-Paul Omolou serait aujourd'hui très inquiétant.
C'est dans la nuit de Pâques 2009 que le calvaire de Kpatcha Gnassingbé, demi-frère de Faure Gnassingbé, commença avec la supposée tentative de coup d'état. Il sera condamné le 15 septembre 2011 à vingt (20) ans d'emprisonnement. En dehors de ces prisonniers politiques que nous venons de présenter, il y en a encore plusieurs dizaines d'anonymes, incarcérés depuis plusieurs années pour les mêmes raisons. Des militants du PNP (Parti National Panafricain) sans aucune responsabilité dans le parti, comme Aboubakar Tchatikpi, dit Janvion ; Aziz Gomah, arrêté le 21 décembre 2018 pour avoir été accusé d'avoir hébergé des jeunes arrivés au Togo pour participer aux manifestations de l'opposition, est ce Togolais de la diaspora irlandaise aujourd'hui handicapé des membres inférieurs.
Voilà la petite partie émergée de l'iceberg du tableau des violations des droits de l'homme au Togo. Et voilà ce qui est en totale contradiction avec les agitations de Faure Gnassingbé sur le plan régional pour se foutre de la gueule des Togolais en prétendant amener la paix, la démocratie et la sécurité chez les autres, alors qu'il est chez lui au Togo la cause du statu quo politique qui plonge le pays dans une incertitude totale, et surtout la cause des nombreuses violations des droits humains. Notre pays est aujourd'hui le seul dans la sous-région à n'avoir jamais connu d'alternance au sommet de l'état depuis les années '60.
Qu'est-ce qui fait donc courir Faure Gnassingbé ? Prend-il ses compatriotes pour des idiots pour les traiter de la sorte ? Les trois pays du Sahel dont il se fait aujourd'hui « Le Monsieur Bons Offices », malgré les putschs militaires à répétition, sont de loin meilleurs sur tous les plans que notre pays le Togo en termes de gouvernance politique. Le jeu malsain auquel Faure Gnassingbé et son coursier de ministre des Affaires Étrangères, Robert Dussey, se livrent, ne trompe personne et est synonyme d'humiliation et d'insultes au peuple togolais. Celui qui se prétend héros ailleurs, en étant zéro chez lui, ne peut jamais devenir un vrai héros, c'est le cas de Faure Gnassingbé.
Dans un passé récent il y eut des personnalités politiques africaines dont le comportement responsable, intègre et patriote dans leur pays respectif, leur a ouvert grandes les portes de toute l'Afrique et du monde pour leurs conseils appréciés. L'homme politique malien Alpha Oumar KONARÉ, président de la république de son pays de 1992 à 2002 et président de la Commission de l'Union africaine de 2003 à 2008, doit son passage à la tête de l'organisation panafricaine grâce à son comportement exemplaire pendant et après son mandat en tant que chef d'état de son pays, le Mali. Il fut par ailleurs sollicité un peu partout en Afrique pour sa sagesse politique et pour sa sagesse tout court, pour mener des missions de paix et de médiation.
Jerry John Rawlings, voilà un autre héros de la politique africaine qui fait aujourd'hui encore la fierté des Africains, même après sa mort survenue le 12 novembre 2020. J.J. Rawlings, c'est le putschiste qui a fait du Ghana une démocratie. Et c'était à juste titre qu'il était respecté en Afrique et dans le monde entier ; il était égalemet sollicité partout où le feu brûlait sur le plan politique sur le continent noir pour apporter ses précieux conseils et fut plusieurs fois chef de mission de l'observation des élections dans différents pays.
Voilà le profil des hommes d'état de calibre qui avaient beaucoup d'expérience et de sagesse à revendre, pour l'avoir brillamment démontré dans leurs pays d'origine. Et nous pourrions continuer à citer d'autres exemples de ce type de personnalités politiques qui font honneur à l'Afrique. Mais un dictateur comme Faure Gnassingbé qui a pris le pouvoir à la mort de son père en 2005, pendant qu'une armée clanique massacrait plusieurs centaines de manifestants togolais, un président de fait du Togo qui maintient des prisonniers politiques en détention, dont son demi-frère Kpatcha Gnassingbé, dont surtout une femme aillaitante, qui n'est d'aucun danger pour son pouvoir ; un chef d'état qui n'a jamais été élu et qui s'évertue à faire envoyer en exil un chef d'un parti politique légalement constitué, pour faire la chasse à ses militants, comme Salifou Tikpi Atchadam, un chef de régime dont les exilés politiques meurent un à un à l'étranger, comme le vieux prélat de 94 ans, Monseigneur Kpodzro, n'est pas qualifié pour mener une médiation politique chez les autres.
Quel CV y brandit-il alors ? Une pure insulte, une humiliation du peuple togolais et de toute l'Afrique. Les supposés bénéficiaires des prétendus bons offices, que sont les trois pays du Sahel, sont-ils vraiment renseignés sur la situation politique dramatique du pays de leur « médiateur en chef ? » Ce que Faure Gnassingbé fait, n'est plus ni moins qu'une escroquerie politique qui doit immédiatement prendre fin pour qu'il se mette à balayer devant sa propre maison d'abord.
Et si toutes ces agitations éhontées et irrespectueuses de la part de Faure Gnassingbé à l'endroit du peuple togolais, qu'il maintient dans la peur, dans la pauvreté et dans l'incertitude de l'avenir, étaient favorisées par le comportement irresponsable des leaders de l'opposition togolaise ? Plus aucune pression de l'intérieur sur le régime pourtant moribond des Gnassingbé. Ayant ainsi réussi à mettre dans sa poche toute l'opposition, grâce à sa stratégie de la peur, de la terreur et de la corruption, le dictateur, malgré sa mal gouvernance, faite de détournements massifs de fonds, de népotisme et de l'impunité, malgré les nombreuses violations des droits de l'homme, se sent désormais poussser des ailes pour s'engouffrer dans la brèche du fameux panafricanisme à la mode pour flouer les Togolais naïfs.
Revenant à l'opposition togolaise, ou à ce qu'il en reste, nous ne pouvons qu'exprimer notre déception quant à la déconfiture qui est aujourd'hui la sienne, et nous demander quel est le plan des leaders des partis politiques pour faire partir le régime de dictature, si tel est encore le but qu'ils poursuivent. La Concertation Nationale des Acteurs Politiques (CNAP) était une sorte de forum initié par le pouvoir, au début de l'année 2021 et dont la participation de l'ANC à l'époque avait surpris plus d'un, même dans ses propres rangs, à cause de la mauvaise foi légendaire du régime Gnassingbé.
Et comme on s'y attendait, le marché de dupes prit fin sans que rien de concret et surtout de profitable pour le peuple en soit sorti. Le CPC (Cadre Permanent de Concertation) qui prit la place de la CNAP ne connut pas non plus un meilleur sort. Aussi bien à la CNAP qu'au CPC, les quelques partis politiques de l'opposition qui y siégeaient, semblent avoir prêché pour leurs propres chapelles. La problématique des refugiés et des prisonniers politiques, évoquée du bout des lèvres, semble avoir été réléguée aux calendes grecques. Était-ce parce que les prisonniers politiques ou les réfugiés ne sont pas forcément les militants de ces formations politiques de l'opposition au CPC ?
En tout cas, si la lutte pour la fin du régime de Faure Gnassingbé devrait vraiment reprendre, ce ne serait pas en dénonçant en permanence le découpage électoral et toutes les autres incongruités liées au cadre électoral, sans aucune pression dans la rue, car les élections, de toutes les façons, à l'état actuel des choses, ne changeront pas grand'chose à la dramatique situation politique de notre pays. L'opposition togolaise connait-elle encore le sens des mots « union », « mettre fin aux divisions et se mettre ensemble », « parler d'une voix » ?
C'est ce qu'il faut pour faire pression sur le régime Gnassingbé qui a montré ses limites sur tous les plans, qui n'a plus rien à prouver aux Togolais et qui n'attend que le coup de grâce. Avec une telle pression d'une opposition révigorée et débarrassée de toutes ses contradictions et divisions, Faure Gnassingbé pourra enfin réflechir et n'aura plus le temps pour se livrer à sa comédie de la honte et humiliante pour les Togolais, et dont surtout il n'a pas les qualités. Bien au contraire !