L'Organisation des Nations unies (ONU) s'inquiète de la situation politique et climatique au Sahel, alors que sa mission s'achève au Mali. En revanche, son représentant salue les processus démocratiques du Sénégal, du Liberia ou du Ghana.
2023 a été éprouvante pour les relations entre les pays du Sahel et les organisations internationales. Au Mali, la Minusma a été obligée de faire profil bas, à la demande du gouvernement de transition. Prenant acte de la clôture de sa mission, le Conseil de sécurité a réitéré, début janvier, son attachement « à la souveraineté, à l'unité, à l'intégrité territoriale et à l'indépendance du Mali ». Il a salué « les efforts significatifs » déployés depuis 2013 par la Minusma pour accomplir sa mission « dans des circonstances très difficiles », et rendu hommage au peuple malien « pour sa résilience et les efforts qu'il a déployés » dans ce contexte. La Mission est entrée dans une période « de liquidation », réduisant l'équipe des Nations unies. Les quinze « encouragent le dialogue entre le Mali et les partenaires régionaux » et souhaitent une amélioration rapide de la situation sécuritaire dans le pays, notamment dans la lutte contre la menace terroriste et son impact sur la population civile au Mali et dans les pays voisins.
Si l'ONU reste attachée au « processus d'Alger », elle invite toutes les parties signataires à reprendre le dialogue. Le représentant spécial de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, Leonardo Santos Simão, a adressé au Conseil de sécurité un état des lieux de la région. Il considère que si certains pays ont enregistré des progrès significatifs en matière de consolidation de la démocratie, les prises de pouvoir militaires induisent des menaces plus larges à la stabilité régionale. L'élection présidentielle au Liberia et la passation pacifique du pouvoir ont constitué « un moment politique décisif » dans un pays « où les souvenirs de la guerre civile sont encore très présents ». Il a évoqué l'élection présidentielle prochaine au Sénégal avec un enthousiasme « palpable » et au Ghana, qui a « démontré sa constance démocratique ». En revanche, les événements post-électoraux en Sierra Leone et en Guinée-Bissau ont donné lieu à des luttes intestines. Revenant sur la situation au Mali, Leonardo Santos Simão a mis en garde contre des « conflits superposés » alors que la Minusma a fini sa mission. « Une incertitude plane sur les élections et la transition politique au Mali dans le cadre de l'accord pour la paix et la réconciliation », a-t-il martelé.
La question climatique
Il a reconnu que l'ONU doit « faire le point sur cette expérience d'une décennie et tirer les leçons nécessaires pour éclairer un avenir qui approche à grands pas. En tant qu'héritage de la Minusma, l'ONU continuera à jouer un rôle clé en faveur du peuple malien », tout en prévenant que l'impact négatif du changement climatique dans la région du Sahel ne doit être sous-estimé, les écosystèmes fragiles subissant le poids des sécheresses prolongées et des saisons des pluies imprévisibles. D'ailleurs, les événements météorologiques extrêmes se combinent avec la propagation de l'insécurité dans la région, exacerbant les conflits intercommunautaires, augmentant les tensions sociales et aggravant les déplacements.