Madagascar: Polémique sur l'accaparement de terres dans le sud-ouest du pays

À Madagascar, c'est une nouvelle affaire d'accaparement de terres qui agite les associations de protection des petits agriculteurs. Dans le sud-ouest, dans une zone appelée Bas Mangoky, quelques 2 000 familles paysannes n'auraient plus accès à leurs parcelles de culture, valorisées de génération en génération. Selon les associations, à la place d'un recensement sur ces 6 000 hectares puis d'une restitution des parcelles titrées et bornées promise par les autorités locales, ces terres auraient été allouées à d'autres personnes étrangères à ces communautés. Parmi lesquelles, de hautes autorités via des prête-noms. Trois agriculteurs ont été incarcérés fin décembre « pour destruction de biens publics » après avoir voulu dénoncer ces agissements.

Dans leur communiqué publié hier, les associations de défense du paysannat exhortent l'État à ouvrir une enquête pour faire la lumière sur cette affaire et «restituer les terres aux paysans victimes des accaparements». Une affaire que le Fima (Fikambanan'ny Masikoro Arivolahy), une association signataire du communiqué dénonce et que son vice-président à Antananarivo Elia Rabevahiny résume ainsi: «En 2015, des immenses travaux sont réalisés pour l'irrigation de cette zone qui représente près de 6 000 hectares. Le nouveau canal fait prendre de la valeur à tous ces champs de riz, kabaro, oignons, maniocs. Mais en 2022, ces paysans qui occupaient le terrain depuis des générations, on leur a dit qu'il y avait d'autres personnes qui possèdent des titres, et qui sont les vrais propriétaires fonciers de ces terrains maintenant

%

Hautes autorités citées

Parmi les noms de ces nouveaux propriétaires, sont cités ceux de plusieurs hautes autorités. À commencer par celui du gouverneur de la région, Atsimo Andrefana, Edally Ranoelson, qui préside la commission chargée justement de la réattribution des terres: «C'est une affirmation gratuite et fausse. Dans cette région du Bas-Mangoky, je n'ai aucune parcelle de terre à mon nom et je n'ai pas fait non plus construire de maison: ça peut être vérifié à tout moment ! Lorsqu'il s'agit d'une chose immobilière telle que la terre, on ne peut pas la voler parce que ça ne peut pas être mobilisé ou déplacé, se défend-il. Si j'avais de mauvaises intentions, je pourrais porter plainte devant la justice pour m'avoir sali

«Trafiquants de terres»

Le gouverneur confirme cependant qu'il y a bien eu tentative d'accaparement des terres par certaines personnes qu'il considère lui, comme des «trafiquants de terres». «Ma commission, explique le chef de la région, Atsimo Andrefana, a décidé d'accorder aux paysans qui travaillaient sur cinq hectares ou moins, la totalité de leurs terres.» Pour les autres demandes, les discussions seraient encore en cours.

De son côté, Andriamanantena Razafiharison, nouveau ministre de l'Enseignement supérieur et ex-président de l'université de Tuléar dont le nom est aussi cité parmi les bénéficiaires de terrains, dément lui aussi fortement ces informations qu'il considère comme des «dénonciations calomnieuses pour induire en erreur l'opinion publique sur sa personne».

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.