Ile Maurice: Kaviraj Bokhoree, avoué dévoué

Il achète leur maison à la barre et la leur rend. Dans l'ombre des tribunaux, un avoué se dresse, déployant son talent juridique, non pas pour les honoraires, mais pour la justice sociale. Plongeons dans l'univers captivant de Me Bokhoree, un juriste qui défie les conventions en offrant ses services de manière désintéressée, façonnant ainsi un chemin vers l'équité juridique.

Il serait un des seuls à se porter volontaire auprès de chaque personne qui se trouve en difficulté dans une bataille juridique. On se souviendra de l'affaire Ponzi Scheme où un millier de victimes avaient investi en 2013 leurs économies, leur lump sum ou autre argent dans la compagnie Sunkai. Un contrat avait même été rédigé dans le respect des normes, dans lequel il était écrit qu'elles recevraient un retour d'investissement élevé. Sauf qu'elles n'ont rien vu venir. La fraude commise est estimée à Rs 768 millions. Ne sachant pas à quel saint se vouer, ces victimes avaient sollicité Me Kaviraj Bokhoree, qui avait déposé des documents réclamant le remboursement de l'argent de la directrice de la compagnie, Bimla Ramloll. La justice lui avait donné raison en ordonnant l'indemnisation. «J'avais réclamé seulement Rs 1 000 par victime, vu que je devais payer les avocats qui allaient faire la plaidoirie en cour», précise l'avoué.

Autre bataille menée, auprès de ceux qui allaient perdre leur maison se trouvant sur le tracé du métro express à La Butte et Résidence Barkly lors d'un exercice de démolition. Si la liste est longue, le père de famille souhaite aujourd'hui apporter son assistance légale à ceux qui ont subi des préjudices pendant le cyclone Belal lundi dernier. «Les propriétaires de véhicules endommagés qui ne pourront bénéficier d'une indemnisation peuvent se tourner vers moi et les planteurs, agriculteurs et pêcheurs ne devraient pas hésiter non plus», assure l'habitant de Curepipe.

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Mais qu'est-ce qui le motive autant dans cet engagement altruiste ? Il confie qu'il ne travaille pas pour l'argent, mais pour la justice. «Quand j'ai prêté serment, à la fin on dit 'help me God'. Du coup, cet aspect divin dans la profession est l'une de mes motivations. D'ailleurs, je crois en ce dicton qui dit que 'the more you help, you get 10 times the reward'», soutient Me Bokhoree. Il confie ainsi à l'express avoir aidé des victimes qui allaient perdre leur maison dans une vente à la barre. «J'ai aidé quatre familles dont la maison avait été mise à la vente. J'ai acheté toutes les maisons pour les rendre à ces mêmes familles. Aujourd'hui, elles sont en train de me rembourser petit à petit.»

Par ailleurs, il cite ce policier «qui allait se trouver sans un toit pour loger sa femme et ses deux enfants. Il m'avait dit qu'il allait commettre l'irréparable. Pour sauver sa famille, j'ai acheté sa maison à Rs 1,6 million à la barre et je la lui ai offerte. Dès qu'il a pris sa retraite, il a pu me rembourser». Il ajoute : «Certains vont croire que je n'ai pas de clients. D'où la raison d'aider gratuitement. Au contraire, je reçois tous les jours des clients.» Fait confirmé car à son bureau à St James Court, Port-Louis, la salle d'attente est toujours bondée de personnes qui le sollicitent.

Ce membre de la Mauritius Law Society, issu d'une famille des planteurs, revient sur un incident qu'il a vécu à un très jeune âge. Son père allait perdre sa maison quand il s'est retrouvé pendant un an et demi avec des plantations qui avaient subi de gros dégâts. C'est alors que son père reçoit l'aide d'un Senior Attorney qui accepte de lui venir en aide à condition que son fils, Kaviraj, participe aux examens d'avoué. «Je voulais devenir avocat mais cet incident a tout changé. D'où mon intérêt d'avoir intégré l'association de Sale by Levy et de donner à chaque fois, un coup de main à Salim Muthy», poursuit notre interlocuteur, qui s'occupe, pendant le week-end, de ses plantations de choufleur, choux et légumes fins.

Toutefois, il a fait l'objet d'une polémique par rapport à ses démêlés avec la justice après qu'une stagiaire de Me Rama Valayden avait porté plainte à la police après la destruction de son ordinateur par l'avoué, à Sterling House. Ce différend avait pour toile de fond un montant de Rs 1,5 million d'honoraires non-payés par Me Valayden à l'avoué. «Toute cette polémique est derrière moi. D'ailleurs, Rama Valayden m'a contacté hier pour venir donner un coup de main à son équipe.»

Si certains parlent de retard dans l'achèvement de procès, l'avoué temporise. «Certains cas sont complexes et les affaires prennent du temps en cour. On ne peut pas précipiter les affaires ou les dossiers car cela ne résulterait pas en un bon travail.»

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