Congo-Kinshasa: Construire un Congo effectivement uni et solidaire, RDC - Quelle voie de réalisation d'un engagement capital de Félix Tshisekedi ?

Le nombre inédit des délégations de pays ayant participé à l'investiture du Président Félix A. Tshisekedi ce 20 janvier 2023 a fait voir la très grande confiance qui est faite en sa personne et, aussi, en la République démocratique du Congo, comme locomotive attendue de la prospérité de toute l'Afrique. Le très grand enthousiasme exprimé par la population congolaise fait entrevoir l'espoir d'accès à de meilleures conditions d'existence. Les prières des hommes d'église ont ému les coeurs : elles implorent la grâce divine pour qu'advienne un genre nouveau d'hommes et de gouvernance politique. Une gouvernance fondée sur les valeurs d'intégrité morale, de justice, d'honnêteté, d'égard pour les autres, de respect des lois de la République.

Et la solidarité est l'une des valeurs sociales et patriotiques que le Président de la République considère, à juste titre, comme essentielle. Il a renouvelé son engagement à faire du Congo une nation solidaire. Mais qu'est-ce qu'est la solidarité ? Et que faut-il faire, concrètement, pour que le Congo soit effectivement uni, et que la solidarité règne ? Cette question fondamentale est préalable à une réponse efficacement constructrice de la solidarité.

Le sens d'une nation solidaire

Une société solidaire est un espace de vie communautaire où les pauvres ne se logent, ne s'habillent, ne se transportent, ne s'éduquent et ne mangent certainement pas de la même manière que les riches, mais où tous les pauvres se logent, s'habillent, se transportent, s'éduquent et mangent bien et à leur faim chaque jour, au moins deux fois par jour ; une société où le sens de la compassion pour les plus démunis amène à alléger nécessairement et effectivement les souffrances des pauvres ; une société où les citoyens, hommes et femmes, gouvernants et gouvernés, petits et grands, se tiennent la main et marchent la main dans la main, comme à nos vieilles danses à la ronde africaines et où tout celui qui tombe trouve immédiatement le bras tendu de l'autre pour le relever et le tenir plus solidement ; une société solidaire est celle où la rémunération des travailleurs est de tension salariale la plus réduite possible entre le premier et le dernier des agents publics de l'État ; une société où les inégalités de niveau de vie et de pouvoirs d'achat sont les plus réduites possibles, et où aucun compatriote n'est laissé ni trop derrière ni à jamais pour compte.

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Une société solidaire est une société de justice, d'empathie et de fraternité, de reconnaissance et d'entraide mutuelles ; une société d'attention compatissante à l'autre, aux pauvres, aux souffrants, aux plus défavorisés au sein de la société. Bref, une société qui se veut démocratique (comme le prescrit notre Constitution) et solidaire (comme l'ordonne notre hymne national) doit être une société au sein de laquelle la justice est maîtresse, un État où la justice est la règle rectrice de toute décision et de toute action. Un État juste est, en définitive, synonyme d'État de droit. Un État de droit est, fondamentalement, un État de partage équitable : un État où le dirigeant octroie à chacun une quantité rationnelle, raisonnable et équitable de bénéfices et de pertes, de récompenses et de peines, de souffrances et de joies de vivre à chacun des citoyens en vertu des mérites de chacun en plus du « minimum universel » devant nécessairement être garanti à chacun en raison d'une vie de dignité humaine qui doit lui être absolument reconnue. Une société solidaire, naissant de la pratique de la justice, est une société qui marque des limites à ne point franchir, qui sanctionne, qui récompense les mérites et qui punit sans complaisance les torts et manquements des délinquants éventuels.

Un État juste s'organise et fonctionne, en faveur de tous ses citoyens, en conformité aux principes, entre autres, d'égalité « en droits et en dignité » et, donc, d'équité dans le partage des biens communs de la république. Un partage équitable est celui qui accorde à chaque citoyen le maximum de parts sur les revenus d'ensemble et les plus grandes chances possibles de pouvoir vivre en dehors de la zone de pauvreté absolue, et de mener, avec la plus grande liberté raisonnable, la vie la plus longue et la plus heureuse possible.

Deux voies royales d'avènement d'une nation solidaire

La toute première réclamation fondamentale de la population congolaise est l'augmentation du pouvoir de vie bonne pour tous. La revendication est celle d'un peuple qui souffre. Cruellement. Il souffre de faim. Il souffre de manque de moyens financiers et d'infrastructures adéquates accessibles pour se soigner, pour se scolariser, pour se nouer les deux bouts du jour, de la semaine, du mois, de l'année. Il souffre de la dépréciation continuelle de la monnaie locale. Il souffre de l'instabilité continuelle des prix des biens sur le marché interne d'approvisionnement. Il souffre de manque de routes pour s'assurer la liberté et la possibilité de se déplacer aisément en vue de mieux lutter personnellement pour vivre et survivre.

La deuxième voie de création d'une société solidaire est l'indispensable réduction raisonnable des inégalités salariales. Il faut, au pays, un critère nouveau et juste de redistribution des richesses nationales. La justice comme partage équitable des ressources communes ainsi que des différends survenant dans les rapports sociaux de partage constitue le pilier central de la cohésion nationale, et de la solidarité humaine. Ignorer l'impératif de justice, au contenu nécessairement éthique, c'est se construire une vaste ambiance de frustrations indéfinies de la part des défavorisés, et c'est ériger à rebours un « état de nature ». Rejeter l'exigence de justice, c'est planter le décor et le ring de la bataille sauvage perpétuelle sans règles, c'est aménager l'espace du carnage illimité, de la guerre désordonnée sans frein ni fin de tous sur tous, de tous contre chacun et de chacun contre tous et où le pauvre est séquentiellement écrasé et le riche éternellement dominé par la peur de ne point pouvoir vivre le lendemain.

Concrètement, le peuple juge anormal que les salaires des dirigeants politiques soient si faramineux : plusieurs dizaines de milliers de dollars par mois pour les Députés nationaux et Sénateurs, pour les Ministres et Conseillers dans des Cabinets des hautes institutions publiques. Dans les conditions économiques de notre pays et qui, en plus, fait face à d'indispensables dépenses de la guerre de défense contre les agresseurs étrangers, le peuple estime qu'aucun agent public de l'État ne devrait avoir droit à des émoluments mensuels de plus de 7.000 $ (sept mille dollars). Le Député national, dont le travail consiste à voter les lois et à assurer le contrôle de l'exécution de ces lois par le pouvoir exécutif, ne peut être supérieur à 3.000 (trois mille dollars) par mois. Dans les conditions qui prévalent aujourd'hui, une société juste et solidaire ne peut fixer un salaire minimum de moins de 300 $ mensuels (trois cents dollars) au dernier en grade des agents publics de l'État.

Le degré de tension salariale est un critère capital d'appréciation de la qualité d'une société, en termes de justice et de solidarité ; car la justice crée la solidarité. Une société où les citoyens sont extrêmement pauvres, alors qu'une infime minorité de privilégiés est immensément riche, est une société qui n'est ni juste ni solidaire.

Pourquoi réduire les salaires des agents publics trop privilégiés ? Parce que ces salaires sont scandaleux. Parce qu'ils sont injustes et injustifiables. Et, aussi, parce que le pays doit mobiliser le maximum d'argent pour défendre le territoire national ; pour se construire des routes, car la route est un grand facteur d'union ; pour se doter de grandes industries économiques et militaires puissantes dont le pays a urgemment besoin ; pour résorber le chômage ; pour soulager la misère des pauvres, du peuple qui souffre, atrocement.

La prière ultime du peuple est que le Président de la République entende la prière du Pasteur Roland Dalo : que, fatigué des voleurs « frappeurs », le Président se donne la sagesse de repérer et de ne prendre à ses côtés que les seules personnes effectivement disposées à l'aider à construire une société juste et solidaire. Difficile de repérer les personnes justes ? Fausse piste. Les justes sont nombreux, et facilement repérables si on projette la lumière au-delà du cercle restreint. Ou, au moins, que le Président se fasse détecter les moins injustes, et qu'il sanctionne très sévèrement les moindres défaillances des présumées justes. Ainsi, le « second mandat » répondra aux attentes du peuple ! Ainsi le Congo sera sauvé !

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