Ile Maurice: Le nettoyage fini, les habitants de St-Jean tremblent

Ils reviennent de loin et sont toujours en plein nettoyage après le passage de Belal. Les habitants de la région de St-Jean ont à peine eu le temps de se remettre que les revoilà sous la crainte de Candice. Une situation difficile à gérer pour ces personnes qui ont tout perdu.

Midi, à St-Jean, hier. Nous rencontrons Nazma Mirhun, 71 ans. Elle est toujours occupée à remettre sa maison sur pied. Elle figure parmi ces habitants qui ont vu la mort de près après la chute d'un pan du mur du cimetière. Aujourd'hui, alors qu'elle a l'impression d'être revenue 61 ans en arrière, un autre problème vient s'ajouter à ce qu'elle doit déjà subir. L'arrivée de la tempête Candice. «J'ai mis tous mes vêtements qui restent dans des valises et des sacs en plastique. Au moins, je serai au minimum préparée si le cyclone arrive», explique Nazma . «Mo névé res lao. Linn dir mwa kouma mo trouv lapli dilo, pa get gos drwat, vinn lao kot li pou mo pa mor.» À son âge, elle ne s'attendait pas à se retrouver dans un tel pétrin. Elle a perdu toute une vie de sacrifices. Elle a néanmoins pu compter sur l'aide de ses nièces qui n'ont pas hésité à se retrousser les manches pour l'aider à nettoyer sa maison. La rue de St-Jean témoigne du désastre, et l'odeur de décomposition se fait sentir. Quelques portes sont déjà barricadées avec des sacs de sable et des rochers.

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Vayid Junglee, pour sa part, est le propriétaire qui a perdu sa boutique et sa maison. Lui qui avait alerté les autorités il y a quatre mois, lors de la chute du premier pan du mur, qu'il fallait consolider l'autre partie. Ses conseils semblent être tombés dans l'oreille d'un sourd car aujourd'hui il est une des principales victimes de la montée des eaux, estimant les pertes à hauteur de Rs 4,2 millions. Vayid Junglee est désespéré. Quand on l'a rencontré, il était en train de déjeuner sur sa terrasse. «Ou trouvé, enn baz pou manzé mem mo pena aster. Dan lakaz, pé santi lamor. Ki ou pou fer?»

Il vient à peine de terminer le nettoyage de sa maison que le voilà en train d'anticiper un prochain cyclone. «On va devoir faire avec, tout en levant les mains au ciel pour que l'intensité ne soit pas comme pour Belal. Sinon, je ne sais pas ce qui va se passer. J'ai déjà tout perdu ; il ne me reste rien. Qu'est-ce que je vais perdre d'autre si ce n'est ma vie ? Peut-être que vous reviendrez me voir cette fois au cimetière», dit-il ironiquement. Le nouveau cyclone, il l'appréhende. «Je vais devoir apprendre à dormir d'un seul oeil. Imaginez-vous si la dernière fois cela s'était passé en soirée. On serait tous morts. On va voir ce que ça va donner pour Candice, mais en tout cas, les autorités ne proposent rien de concret. Il y a un jeu de passe-passe et ce sont les habitants qui en souffrent.»

Contacté, le maire de Quatre-Bornes, Dooshiant Ramluckhun, précise que les dispositions nécessaires ont été prises pour parer à toute éventualité. «Nous avons déjà mis en place tout ce qu'il faut avec les contracteurs, avec des barrages temporaires, pour éviter que le niveau d'eau ne monte davantage. Nous sommes aussi à la disposition des habitants pour réagir au plus vite pour le prochain cyclone.» En attendant, c'était dans la crainte, hier, que les habitants terminaient les derniers nettoyages et les préparations pour Candice.

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