Après onze jours de compétition, la Coupe d'Afrique des nations (CAN) Côte d'Ivoire 2023, est dans la phase de décantation pour la qualification au second tour. Si dans les gradins et derrière le petit écran, l'engouement du public pour cette compétition qui gagne d'édition en édition en notoriété, est manifeste, sur la pelouse, le spectacle n'est pas moins parfois au rendez-vous. Et la dernière journée des phases de poules dans les groupes A et B, jouée le 22 janvier dernier, a tenu le suspense jusqu'au bout, avec la Côte d'Ivoire qui s'est fait étriller devant son public par la Guinée équatoriale sur le score de 4 buts à 0. Une lourde défaite aussi inattendue qu'elle hypothèque les chances de qualification au second tour du pays organisateur qui, avec deux défaites en trois rencontres, est réduite à des calculs de probabilité pour espérer continuer la compétition.
Mais si la Côte d'Ivoire est groggy de cet uppercut, elle n'est pas encore K.-O. Et elle garde un mince espoir de repêchage pour la suite du tournoi. Ce qui n'est pas le cas du Ghana qui a déjà dit adieu à la compétition. Et l'amertume des supporters des Black stars est d'autant plus grande que leur ascenseur émotionnel est passé de l'euphorie d'une qualification qu'ils tenaient en main, à la désillusion d'une élimination prématurée. La faute à d'accrocheurs Mozambicains qui ont joué crânement leur chance jusqu'au bout malgré le fait qu'ils étaient menés par 2 buts à 0 ; et qui ont sorti les tripes pour rétablir la parité au score dans les ultimes secondes du match, dans un grand sursaut d'orgueil.
Les grandes nations du football africain sont à la peine au pays d'Houphouët Boigny
Toujours est-il qu'avec ce nul de 2 buts partout, le ciel s'est assombri autour de l'étoile noire du Ghana, la rendant désormais invisible dans le firmament de cette 34ème édition de la CAN que les ambassadeurs du pays Ashanti quittent par la petite porte. Et ce, au bonheur des Pharaons d'Egypte qui, avec seulement 3 points en trois matchs, ont obtenu leur qualification au second tour en passant par un trou de souris. Et ce, au terme d'une rencontre épique (2-2) qui aura aussi tenu le suspense jusqu'au bout, face à de séduisants Requins bleus du Cap Vert qui ont démontré par la qualité de leur jeu, que leur place de leader du groupe B était loin d'être usurpée.
C'est dans la même atmosphère que se sont joués, le 23 janvier 2024, les derniers matchs de poules dans les groupes C et D où le Sénégal, la Guinée, l'Angola et le Burkina Faso étaient déjà qualifiés, mais où il y avait deux places de meilleurs troisièmes à prendre. La boucle sera bouclée aujourd'hui avec les dernières rencontres dans les poules E et F qui permettront de compléter la liste des 16 qualifiés pour les 1/8èmes de finales. Au moment où cette première phase de la compétition s'achève, la principale impression qui se dégage, est celle d'un nivellement des valeurs par le haut. On est d'autant plus fondé à le croire que de la Côte d'Ivoire au Cameroun en passant, entre autres, par le Ghana, l'Egypte, l'Algérie, le Nigeria et la Tunisie, les grandes nations du football africain sont véritablement à la peine au pays d'Houphouët Boigny.
Au-delà de la passion, il appartient au public sportif de se montrer fair-play jusqu'au bout
Et ce, au moment où des nations moins huppées au palmarès, à l'image, entre autres, du Cap Vert et de la Guinée équatoriale qui ont tous deux terminé en tête de leurs poules respectives, montrent qu'elles sont capables de rivaliser avec les plus grands et donnent la preuve, sur le terrain, qu'elles ont plus que jamais leur place dans cette compétition qui ne saurait être la chasse gardée de certaines nations. Il reste bien entendu que concernant la prestation des équipes, tout est loin d'être parfait dans ce tournoi. Mais au regard de l'engagement des joueurs et de la qualité du spectacle, le football africain peut s'enorgueillir d'avoir réalisé des progrès. Et si cela est la preuve que les « petites » nations ont travaillé à se hisser au niveau des plus grandes, cela interpelle davantage les plus « grands » à ne pas dormir sur leurs lauriers.
Car, c'est dans la haute compétition que les plus grandes équipes forgent leurs armes et construisent leur réputation. Et si l'Afrique veut se donner des chances de monter un jour sur le toit du monde, elle se doit d'entretenir la CAN et de la maintenir à un niveau de compétitivité assez élevé. En tout cas, à l'exception de quelques rencontres, la CAN en Côte d'Ivoire, s'avère globalement d'un bon cru et augure de huitièmes de finale âprement disputés. Et bien malin qui saurait pronostiquer avec certitude le vainqueur du tournoi. Ce qui devrait en rajouter à la saveur d'une compétition qui ne manque déjà pas de surprises. C'est dire si le suspense promet de durer jusqu'au bout. Et on attend de voir si la seconde phase de la compétition sonnera le réveil des grands.
En tout état de cause, la Côte d'Ivoire s'est engagée à offrir à l'Afrique la plus belle CAN de l'histoire : celle de la joie et de l'hospitalité. Et elle a su tenir le pari jusque-là. C'est pourquoi au-delà de la passion, il appartient au public sportif de se montrer fair-play jusqu'au bout. Car, au-delà du résultat sportif, il y a l'image du pays qui a déjà consenti de grands efforts, à préserver. Et c'est aussi cela la victoire du sport en général et du football en particulier, qui vise aussi à rapprocher les individus et les nations.