Le Président du Tchad, Mahamat Idriss Déby, est en Russie dans le cadre d'une visite officielle de 48 heures. Au programme, il est prévu, ce mercredi 24 janvier, un tête-à-tête avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Et, la coopération bilatérale sera le plat de résistance de la rencontre, car, les deux pays ont décidé de renforcer leur collaboration dans les secteurs de l'agriculture et des mines. Au-delà de la coopération entre les deux pays, il n'est pas exclu que les questions régionales s'invitent aux échanges.
En effet, la situation dans cette partie de l'Afrique est sensible avec des conflits aux frontières du Tchad, notamment au Soudan, en Libye et en Centrafrique, en plus du terrorisme qui gangrène le Sahel. C'est peut-être l'une des raisons qui a conduit Mahamat Idriss Déby à accepter l'invitation de son homologue russe.
Celui qui nourrit des ambitions de briguer la magistrature suprême dans son pays, sait mieux que quiconque qu'une instabilité dans la zone constituerait une menace à son projet présidentiel. Cette visite intervient aussi un an après la publication du quotidien américain, le Wall Street Journal, qui faisait cas de tentative de déstabilisation du pouvoir de la Transition par le groupe russe Wagner. La menace est-elle prise au sérieux par Ndjamena au point que le Président Deby décide d'en discuter avec son homologue russe ? Quoi qu'il en soit, il est clair que le jeu en vaut la chandelle.
En sus, Moscou est en train d'étendre ses tentacules dans le Sahel à travers une démarche diplomatique sans précédent. En effet, après le Mali et le Burkina Faso, le Niger est en train de se tourner vers la Russie. Pour éviter d'être isolé ou de se faire prendre en étau, le président tchadien, en bon stratège, a jugé utile peut-être de se rapprocher de Moscou sans pour autant s'éloigner de la France. Et pour cause, le lundi 22 janvier dernier, avant son départ en Russie, son ministre des affaires étrangères, Mahamat Saleh Annadif s'est entretenu avec des militaires français, pour parler de la « redynamisation de la coopération entre les deux pays ».
Reste à savoir si cette nouvelle posture à travers cette visite des grands enjeux va plaire à la France. Elle qui nourrit des ambitions dans la zone et qui voit ses intérêts se réduire comme peau de chagrin. Une chose est sûre, chaque pays se doit de tracer son propre destin en désignant en toute souveraineté ses partenaires.