La situation a pris une tournure plus grave suite aux déclarations faites à Kinshasa par Evariste Ndayishimiye dimanche dernier, réitérant ses accusations. Cette escalade de tensions contribue à aggraver la crise dans la région, déjà marquée par le conflit du M23.
Les tensions s'exacerbent entre Kigali et Gitega, alors que les autorités burundaises ont décidé de fermer leurs frontières, accusant leurs homologues rwandaises d'abriter l'état-major des rebelles burundais Red-Tabara. Ces allégations sont catégoriquement rejetées par le gouvernement rwandais.
Devant les représentants de la jeunesse congolaise, Evariste Ndayishimiye n'a pas mâché ses mots. Il a de nouveau accusé Kigali de refuser de collaborer concernant les rebelles Red-Tabara et a qualifié son homologue rwandais d'« hypocrite » et de « menteur ». « Si quelqu'un te ment une première fois et une deuxième fois, c'est de sa faute, mais s'il te ment pour la troisième fois, la faute te revient », a-t-il déclaré.
De plus, il a appelé à une dynamique plus grande : « notre lutte doit continuer jusqu'à ce que le peuple rwandais commence aussi à se faire pression. Je sais que les jeunes Rwandais ne peuvent pas accepter d'être des prisonniers dans la région. » Il parlait d'un projet d'organisation d'un cadre d'échanges pour les jeunes qu'il s'apprête à organiser. Cette déclaration a suscité l'irritation de Kigali, qui voit là un appel implicite des jeunes au renversement du gouvernement rwandais.
Cette escalade intervient dans un contexte déjà tendu dans la région. Après la tentative de médiation de Washington, Kinshasa et Kigali se regardent toujours en chiens de faïence. Raison du pourrissement des rapports entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi, la rébellion du M23 demeure active.
Entre-temps, le Burundi et la RDC ont signé un accord de défense, renforçant davantage leurs liens.
Il reste à savoir comment la Communauté de l'Afrique de l'Est va gérer cette montée de tension dans la région.
Réplique rwandaise
De son côté, à Kigali, le président Paul Kagame a tenu un long discours ce mardi lors du dialogue national annuel aux allures de mise en garde. Dans un climat diplomatique des plus froids dans la région des Grands Lacs, le chef d'État a réaffirmé son engagement pour la sécurité de son pays, rapporte notre correspondante dans la capitale rwandaise, Lucie Mouillaud.
Le Rwanda est un pays sûr et le restera, affirme dans un discours défensif Paul Kagame : « Quand il s'agit de défendre ce pays qui a souffert pendant si longtemps sans personne pour l'aider, je n'ai besoin de la permission de personne pour faire ce qu'il faut pour nous protéger. » Il poursuit : « Je n'ai pas répondu aux insultes qui viennent du sud, de l'ouest. Celles-ci ne tuent pas. Donc je ne peux pas (répondre), ce n'est pas notre genre. Mais ils apprendront avec le temps. Ils apprendront, qu'ils ont fait une grosse erreur. »
Dans un communiqué, Kigali déplorait ce lundi des propos du président burundais Evariste Ndayishimiye, destinés selon le Rwanda à « inciter les Rwandais à la division ». En réponse, les autorités burundaises, ce mardi, ont réfuté ces allégations, accusant le gouvernement rwandais d'héberger les auteurs de la tentative de coup d'État de 2015.