Le week-end écoulé, le Conseil constitutionnel du Sénégal a livré la liste définitive des candidats à la présidentielle du 25 février 2024. Près de 80 au départ, ils ne sont plus que 20 prétendants jugés aptes à briguer la magistrature suprême. Parmi les heureux élus figurent, entre autres, le dauphin de Macky Sall, Ousmane Ba, les anciens Premiers ministres, Idrissa Seck et Mohammed Boun Abdallah Dionne et l'ex-maire de Dakar, Khalifa Sall. Egalement en liste, Karim Wade a eu moins de chance, que les personnalités citées. Sa candidature a été rejetée, à cause de sa double nationalité, suite à un recours à ce sujet. Pour les sages, le fils de l'ancien chef de l'Etat avait toujours la double nationalité (franco-sénégalaise) au moment du dépôt de sa candidature.
Ce que la Constitution sénégalaise n'admet pas. Il a tout l'air que Karim Wade a renoncé tardivement à sa nationalité française, l'acte y afférent ayant été publié, ces jours-ci, dans le journal officiel de France. Mais le grand absent à ce scrutin, c'est bien l'opposant le plus médiatisé de ces deux dernières années, Ousmane Sonko, dont la candidature n'a pas été également validée. Son dossier avait été retoqué dans la forme si bien qu'on ne s'attendait pas à mieux sur le fond. L'opposant, faut-il le noter, est empêtré dans plusieurs dossiers judicaires plus ou moins compromettants, même s'il crie au complot contre sa personne. Incarcéré depuis juillet 2023 pour diverses chefs d'inculpation (appel à l'insurrection, atteinte à la sûreté de l'Etat...) et déjà condamné pour débauche de la jeunesse, Sonko voit ses ambitions présidentielles voler en éclats.
C'est un rêve qui se brise pour le fondateur du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF) et ses fervents partisans. Si, les dés sont pipés pour Sonko, il peut se consoler avec la candidature du Secrétaire général (SG) de sa formation politique, Bassirou Diomaye Faye, également en prison mais non encore jugé. Le dossier du plan B du PASTEF a été retenu, redonnant du sourire à tous ceux qui ne jurent que par Sonko. Mais encore faut-il que Faye ait le même charisme que l'opposant populaire au Sénégal. Ce qui n'est pas évident. Si les soutiens de Sonko, même au-delà de son parti, vouent pareille admiration au candidat de substitution, le PASTEF peut être sûr de ne pas faire piètre figure à la future présidentielle, et pourquoi pas remporter la victoire.
Les deux hommes n'ont certes pas la même étoile, mais, le plan B du PASTEF peut bien tirer son épingle du jeu. Tout comme un autre candidat de l'opposition, dans un contexte de récriminations contre le pouvoir en place. On le sait, la gouvernance du Président Macky Sall, contraint à renoncer à un troisième mandat, est décriée par une bonne partie de ses compatriotes. Dans les rues de Dakar et autres villes, voire hors des frontières du pays, certains observateurs n'hésitent pas à évoquer un recul de la démocratie au Sénégal. Présenté comme un modèle en la matière sur le continent, le pays de la Teranga a visiblement fait quelques pas en arrière.
Le régime Sall n'est pas bien perçu par les démocrates et défenseurs des droits de l'Homme par ces temps qui courent, ce qui pourrait profiter aux adversaires de la majorité. En attendant de vivre cette élection et d'en connaitre le vainqueur, tous les candidats à la présidentielle, qui vont bientôt entrer en campagne, doivent adopter une posture responsable. Ils doivent avoir des discours pacifiques au lieu d'user des formules incendiaires. La rue sénégalaise ne tardant à pas s'embraser, les acteurs politiques marchent sur des oeufs et ils doivent en tenir compte pour ne pas faire vivre des lendemains incertains au pays de la Teranga.