Tunisie: Cahiers des charges - Un mal ou un bien ?

24 Janvier 2024

En supprimant les «autorisations», on élimine les intermédiaires, toute forme de spéculation et de pression des lobbies et on accélère les délais de démarrage, ce qui, par voie de conséquence, agit sur l'emploi et favorise l'expansion des secteurs choisis.

A l'heure où le monde ne parle plus que d'intelligence artificielle, de robots, de fibres optiques et de vitesse de communication et d 'exécution et de bien d'autres moyens qui raccourcissent les distances et accroissent les bénéfices, tout en réduisant le temps de réaction, nous sommes encore au temps des cahiers des charges et de leur conception.

Et on est bien content lorsqu'on le réaménage et qu'on pense l'avoir remis à jour.

Pour éviter tout mélange des genres, il est question des cahiers des charges à l'adresse des candidats à l'investissement et non de ceux qui sont élaborés pour les entreprises appelées à élaborer des projets devant obligatoirement obéir à certaines contraintes techniques de construction (matériaux à employer, conditions d'exécution, délais...), de sécurité ou autres prescriptions qui justifient la rigueur et la fermeté.

A quoi servent-ils ?

Nous savons tous que pour laminer une loi, une décision, un décret, pour leur enlever toute efficacité, il faudrait simplement se munir d'un stylo et s'ingénier à poser les embûches sur lesquelles viendront buter les candidats à l'élaboration d'un projet. Pour un certain nombre de ceux qui ont contribué à la création des lobbies qui ont englouti de manière vorace et inhumaine les secteurs porteurs et desquels le pays aurait pu prétendre à un réel redécollage, il s'est avéré que ces lobbies agissaient aux ordres et que leurs démarches étaient bien voulues: tout bloquer et éviter de fournir le moindre espoir pour que l'on s'en sorte. Et on continue à nous parler de cahiers des charges !

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En fin de compte, à quoi servent ces «passeports», ces «sésames», qui sont censés ouvrir la voie à toute personne disposée à investir. Investir, c'est bien mettre son argent pour faire travailler de la main- d'oeuvre, des techniciens, exploiter et donner une valeur ajoutée à un produit qui pourrait être, soit importé soit local et, bien entendu, contribuer à l'expansion économique d'un pays.

Le cahier des charges est un document que l'on élabore et qui synthétise l'ensemble des fonctions d'un projet. Il prend en compte les spécifications techniques, les besoins, les objectifs, les contraintes, les fonctionnalités attendues, les délais et le budget prévisionnel. Autrement dit, à l'ère où l'administration accaparait tout, c'était le document essentiel sans lequel rien ne pouvait se faire. Il n'y a qu'à écouter les différentes stations de radios, dont certaines se font un malin plaisir de présenter des candidats à l'investissement pour lesquels toutes les portes ont été fermées, en raison de la multiplicité des listes de documents à présenter pour avoir l'agrément et enfin mettre en marche un projet.

Ils finissent par tout abandonner

Il est indéniable qu'il y a parfois de l'exagération. Et souvent on ne peut que se résigner à se mettre à la place de ces Tunisiens ou Tunisiennes qui ont décidé de rentrer au pays pour y investir et y vivre le restant de leur vie. Ces obstacles, qui se multiplient à coup d'autorisations et de conditions, finissent par éroder la résistance des plus tenaces. De guerre lasse, ils finissent par tout abandonner, plier bagages et retourner d'où ils sont venus. Suivez le regard et vous découvrirez que les lobbies, qui détiennent l'exclusivité de bien des secteurs, ont mobilisé leurs hommes et... femmes pour tout bloquer. Dans ces conditions, le meilleur moyen de mettre un terme à des agissements que l'on dénonce, mais pour lesquels on ne fait rien, est de mettre en place un cahier des charges clair et précis, fonctionnel et pratique que le candidat au projet se doit de respecter.

Supprimer les «autorisations»

Mais, et il y a un mais, l'investisseur n'aura plus à attendre l'agrément pour lancer son projet. Il aura tout loisir de commencer à travailler en prenant l'initiative d'avertir les autorités du démarrage. Tel que c'est le cas dans bien des pays beaucoup plus avancés que nous, une équipe se rendra sur place pour vérifier de ce qui est du respect des clauses les plus importantes. Des délais sont accordés pour redresser une situation et dans le cas où les manquements persistent, il sera alors question de dispositions à prendre.

En supprimant les «autorisations», on élimine les intermédiaires, toute forme de spéculation et de pression des lobbies et on accélère les délais de démarrage, ce qui, par voie de conséquence, agit sur l'emploi et favorise l'expansion des secteurs choisis. Ces pays, qui permettent l'ouverture d'un projet en cinq minutes, agissent de cette manière. Ils font tout pour éviter les tracas qui découragent et affectent négativement le marché du travail, de la concurrence et de la production..

De toutes les façons, il est difficile de croire qu'un investisseur, qui met son propre argent en jeu, pourrait se permettre de dévier des recommandations édictées par ces cahiers des charges, qui devraient être techniques, obéissant à des conditions bien spécifiques, tout en évitant les excès qui rebutent et frustrent. Dans les pays qui ont réussi à attirer des investisseurs, on résume toutes ces bonnes intentions, en disant que «lors de la rédaction d'un cahier des charges, il est important de se concentrer sur ce qu'il faut faire et non pas comment il faut faire».

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