À Madagascar, les quelque 170 000 professionnelles du sexe que compte l'île sont victimes quotidiennement de violences de genre, révèle une étude menée et présentée mardi 23 janvier par Médecins du monde. L'ONG lance un nouveau programme pour contribuer à l'amélioration de la santé et des droits des travailleurs du sexe sur l'Île, qui sont violentés, stigmatisés, méprisés et surtout démunis au quotidien. Une petite révolution dans un pays où cette catégorie de travailleurs est très souvent laissée pour compte.
« Il y a des clients qui ne respectent pas le prix convenu avant la passe. Et quand je réclame mon dû après la prestation, je me fais frapper. » Lova [le prénom a été modifié] a 23 ans, deux enfants et se prostitue depuis ses 16 ans sur les trottoirs d'Antananarivo. Son récit, c'est celui de violences physiques et psychologiques quotidiennes, banalisées par la société.
« Une fois, j'ai menacé de porter plainte parce que je connais mes droits : "Vas-y, porte plainte, tu n'es qu'une pute, personne ne t'écoutera !", m'a alors dit le monsieur. Parfois, le client m'entraîne dans une chambre et quand j'arrive, il y a trois autres garçons qui m'attendent pour me violer. »
Coups et violences
Les coups et les violences sexuelles arrivent au moins trois fois par semaine, dit la jeune femme. Les insultes, elles, sont quotidiennes.
« Ce qui m'est le plus insupportable, c'est pour mes enfants. Les parents du quartier refusent que leurs enfants jouent avec les miens. Ils disent "ce sont des enfants de putain, avec des maladies, cela peut être contagieux !" J'aimerais que quelqu'un soit là pour moi, pour m'écouter sans me juger, c'est tellement important. »
Des besoins auxquels tente de répondre le nouveau projet Droit, Empowerment et Santé dirigé par Dr Valérie Raberanto, de Médecins du Monde : « On essaie à notre niveau dans le cadre du projet, au niveau des centres de santé auprès des soignants, de changer ces comportements-là, pour que si un professionnel du sexe veut avoir accès à cette santé-là (santé sexuelle et reproductive - NDLR), ils puissent y aller sans peur, sans honte et seront bien accueillis. »
Changer les mentalités
Ce projet sur quatre ans a comme enjeux d'essayer de changer les mentalités, mais aussi mieux faire connaître leurs droits aux professionnels du sexe eux-mêmes, tout comme au reste de la population.