Afrique: Nouvelle dynamique pour mettre en oeuvre l'accord de libre-échange Maurice-Chine

Malgré une croissance significative des échanges économiques depuis l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange en 2021, il apparaît clairement que le plein potentiel de cette relation stratégique n'a pas encore été pleinement réalisé.

Dans le cadre de l'accord de libre-échange entré en vigueur depuis 2021, la Chambre de commerce et d'industrie de Maurice (MCCI) et le China Council for the Promotion of International Trade (CCPIT) ont pris l'initiative de consolider leurs forces. Une réunion entre les deux entités, marquée par la visite de la délégation du CCPIT à la MCCI le jeudi 18 janvier 2024, a jeté les bases d'un partenariat renforcé.

L'objectif central de cette collaboration est de prendre avantage au maximum des opportunités offertes sous l'accord de libre-échange, notamment le commerce des services, ouvrant ainsi la voie à une croissance économique mutuellement bénéfique entre la Chine et Maurice. Comment mettre en opération l'accord de libre-échange entre les deux pays ? Comment garantir que les opérateurs économiques des deux pays tirent pleinement parti de cet accord unique en Afrique ? Et surtout, comment capitaliser sur le volet services, également couvert par l'accord ? Ces questions cruciales étaient au coeur de l'engagement conjoint de la MCCI et du CCPIT.

Pour la présidente de la MCCI, Namita Jagarnath Hardowar, l'accord de libre-échange était bien plus qu'un simple document. Elle a mis en exergue la croissance significative des échanges économiques depuis 2021, soulignant la nécessité de capitaliser sur cet accord, particulièrement dans le domaine des services, pour créer des opportunités durables. Elle est revenue sur les chiffres des récentes années témoignant d'une tendance à la hausse, avec des échanges commerciaux atteignant environ Rs 684M (USD 16M) en 2022. Les importations en provenance de Chine ont elles atteint un record de Rs 47 Mds (USD 1,1Md) en 2022. « L'accord de libre-échange entre Maurice et la Chine représente un jalon dans nos relations économiques, établissant une base solide pour une coopération plus étroite et plus fructueuse », a fait ressortir Namita Jagarnath Hardowar.

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De son côté, Zhang Shaogangh, vice-président du CCPIT, a exprimé la responsabilité partagée du CCPIT et de la MCCI dans la vulgarisation de l'accord. Il a souligné que les deux institutions clés avaient la responsabilité de faire comprendre l'importance de l'accord de libre-échange à leurs communautés d'affaires respectives. Il a insisté sur la nécessité d'organiser des campagnes de sensibilisation, des webinaires et des sessions B2B pour explorer pleinement les opportunités du volet services. « En tant qu'institutions clés, il va de notre responsabilité d'expliquer les spécificités de cet accord à nos communautés d'affaires respectives », a fait ressortir Zhang Shaogangh.

Le pôle services appelé à doper l'accord

L'accord de libre-échange entre Maurice et la Chine, entré en vigueur le 1er janvier 2021, se veut une percée majeure, marquant le premier du genre entre la Chine et un pays africain. La MCCI et le CCPIT sont unanimes sur l'importance cruciale du volet services de cet accord. Le secrétaire-général de la MCCI, le Dr Drishtysingh Ramdenee, a souligné la nécessité de se concentrer sur des sujets spécifiques tels que le transfert technologique, le renforcement des capacités et les partenariats avec des instituts de formation. « Nous devons capitaliser sur le volet services de l'accord pour ouvrir des opportunités dans des domaines cruciaux tels que la technologie et la formation. Il est également impératif de créer un répertoire de produits, de services et de canaux de distribution et d'approvisionnement de et vers la Chine ».

L'accord intègre également un chapitre dédié au commerce des services, où les parties se sont engagées à assurer l'accès au marché dans plus de 100 secteurs de services. Cependant, il reste encore beaucoup à accomplir pour permettre aux opérateurs de bénéficier de diverses facilités offertes par cet accord-cadre. Bien que les dispositions relatives à la reconnaissance mutuelle des qualifications, à la transparence juridique et réglementaire, ainsi qu'à la résolution des litiges, et les annexes techniques sur les services financiers ou la mobilité des personnes physiques soient bien présentes dans l'accord, l'accès au marché exige un savoir-faire et une connaissance du marché qui ne peuvent être acquis qu'auprès des opérateurs.

La MCCI s'engage donc à collaborer avec le CCPIT pour organiser des séminaires et des ateliers de travail, réunissant ses membres et les entreprises ou conseils chinois pertinents afin d'identifier des opportunités d'affaires et de favoriser des partenariats. Outre le chapitre sur le commerce des services et de l'investissement, l'accord comprend une section dédiée à la coopération économique incluant la recherche et le développement, la fintech, la pharmaceutique, le tourisme et l'économie océanique, parmi d'autres. Dans le but de concrétiser cette section, la MCCI aspire à faciliter la liaison entre les opérateurs Mauriciens et ceux du CCPIT, tout en collaborant avec les autorités pour créer un environnement d'affaires propice y relatif.

Utiliser la juridiction mauricienne pour investir en Afrique

Une session de travail animée par Rooma Narrainen, Head of Advocacy à la MCCI, a permis aux hommes d'affaires chinois engagés dans des secteurs tels que services d'import-export, construction, commerce en ligne ou encore, services juridiques, comment tirer profit de l'accord de libre-échange, en mettant en avant Maurice comme porte d'entrée en Afrique. En effet, les délégués ont discuté de diverses opportunités d'investissement en s'appuyant sur l'extension de leurs activités vers le continent africain. Avec une population mauricienne hautement qualifiée et des fournisseurs de services compétents dans divers secteurs, la MCCI sera appelée à jouera un rôle clé en facilitant la connexion entre les investisseurs chinois, les prestataires de services et le continent africain.

L'équipe de la MCCI a exploré des possibilités telles que l'utilisation de structures comme les sièges régionaux, suscitant un vif intérêt de la part des partenaires chinois. À la suite des délibérations avec le CCPIT, la MCCI souhaite explorer des avenues supplémentaires de coopération et faciliter des initiatives commerciales en accompagnant ses membres qui chercheraient à collaborer avec des entreprises chinoises. « Nous sommes déterminés à travailler en étroite collaboration pour concrétiser les opportunités offertes par l'accord de libre-échange. Des initiatives concrètes, des rencontres régulières et une compréhension partagée guideront notre collaboration future », affirme le Dr Drishtysingh Ramdenee.

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