Congo-Kinshasa: Le serment de Felix Tshisekedi

24 Janvier 2024

En République démocratique du Congo (RDC), le Président Félix-Antoine Tshisekedi jouit de plein droit de son second mandat, depuis le samedi 20 janvier dernier, date marquant son investiture. Dans un stade des Martyrs, bondé et entièrement acquis à sa cause, le maitre du moment de la RDC, fraichement réélu avec 73,34 % des voix, a dévoilé ses ambitions pour l'avenir. Entre autres, le chef de l'Etat congolais entend, dans les cinq prochaines années, créer plus d'emplois, protéger le pouvoir d'achat des ménages, assurer la sécurité des populations et poursuivre la diversification de l'économie congolaise.

« J'ai conscience des attentes que peuvent susciter le chômage, la création d'opportunités d'emplois pour les jeunes, les femmes ou encore les personnes vivant avec handicap. J'ai conscience de vos attentes relatives à l'augmentation du pouvoir d'achat, à la stabilité du Franc congolais», a-t-il déclaré. Il a promis ne plus commettre les erreurs du passé et d'asseoir une nouvelle ère en matière de gouvernance. Le président Tshisekedi ne croit pas si bien dire, lui dont le premier mandat a été entaché de ratés préjudiciables à sa réputation. En particulier, la gestion de son « programme d'urgence pour les 100 jours » reste en travers de la gorge.

Des détournements d'argent supposés ou avérés et des irrégularités dans l'attribution de certains marchés ont plombé la mise en oeuvre de ce vaste programme, doté d'un fonds de 304 millions de dollars et censé améliorer les conditions de vie des populations dans divers domaines (infrastructures, agriculture, énergie, santé...). Trempé dans ce dossier, le désormais ex-directeur de cabinet et allié de Tshisekedi, Vital Kamerhe, avait été condamné, en juin 2020, à 20 ans de travaux forcés, 10 ans d'inéligibilité et d'interdiction d'accès aux fonctions publiques, pour corruption aggravée, blanchiment et détournement d'argent, par le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe.

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Sa peine avait été confirmée en appel et légèrement revue, avant que la Cour d'appel de Kinshasa ne l'acquitte en juin 2022. Autre scandale, l'administration opaque des fonds perçus dans le cadre de la taxe du Registre des appareils mobiles (RAM), instaurée par l'autorité de régulation des postes et des télécommunications et supprimée par la suite, en février 2002. Des bruits de malversations et de détournements de fonds recouvrés pour cette taxe avaient couru, mais à part les interpellations, les personnes impliquées n'ont pas été inquiétées.

Au vu de ces affaires au cœur de la république, dans lesquelles les présumés fautifs n'ont pratiquement pas payé pour leurs actes, une bonne partie des Congolais accusent Tshisekedi de favoritisme. Ses proches, comme, il se dit dans le pays, sont des intouchables, au grand dam des défenseurs d'une gouvernance vertueuse. Les plaintes contre le pouvoir semblent toutefois avoir été entendues par le maitre à penser de la RDC qui promet de changer de fusil d'épaule.

Mais, il est assez tôt pour crier victoire. Attendons de voir à l'oeuvre Tshisekedi qui place manifestement son second mandat sous le signe d'une certaine rupture, pour sauter au plafond. En plus de changer de méthode dans la conduite des affaires publiques, Tshisekedi va devoir s'illustrer véritablement dans la lutte contre l'insécurité. En la matière, le bilan de son premier mandat n'est pas élogieux. Il y a fort à faire surtout dans le Nord-Kivu où les rebelles du M23 sèment la terreur et la désolation.

Des meurtres, des pillages de biens et autres violences constituent le quotidien des populations de cette province de l'Est de la RDC. Avec le départ annoncé de la mission de l'Organisation des nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), accusée de n'avoir pas obtenu des résultats probants, le Président Tshisekedi doit retrousser ses manches, car étant le garant de la sécurité du pays. Autant dire que le second mandat du chef de l'Etat congolais est celui de toutes les attentes.

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