Cent vingt-trois (123) pays se sont exprimés, avant-hier, lundi 22 janvier 2024, lors de la présentation du 4ème rapport national périodique au Groupe de travail sur l'examen périodique universel (Epu) du Sénégal. Pays le mieux élu du Conseil des droits de l'Homme des Nations-Unies, il a tenu haut son rang en exposant ses réalisations et défis. Alliant diplomatie et fermeté, Maître Aïssatou Tall Sall, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, et cheffe de la délégation sénégalaise a tenu la dragée haute à certains représentants occidentaux qui ont demandé la légalisation de l'homosexualité.
GENÈVE - La majorité des intervenants a salué les efforts du Sénégal pour le respect des droits humains et de la dignité humaine. Notre pays repassera, vendredi à 15 heures, pour l'adoption du pré rapport sur les recommandations formulées par le Groupe de travail dont le secrétariat est assuré par la troïka (Allemagne, Somalie et le Kazakhstan) avant l'adoption définitive en juillet prochain. La grande salle des Civilisations et des droits de l'Homme des Nations-Unies, à Genève, remplie, avant-hier, lundi 22 janvier 2024, a tremblé avec la voix magistrale de celle qu'on appelle au Sénégal « La Lionne de Podor » ! Habillée comme une princesse du Fouta, foulard bien serré complétant son grand boubou rose et marron, Me Aïssata Tall Sall a totalement rejeté la légalisation de l'homosexualité, du lesbianisme et du « transgenrisme » au Sénégal. Elle a évoqué les valeurs culturelles, morales de son pays. « Nous avons été interpellés, dit-elle, par quelques pays sur la question des Lgbt. Sur cette question, notre position est claire et n'a pas varié. Le Sénégal n'est pas pour l'inclusion des questions Lgbt dans l'agenda de ce Conseil ou dans l'agenda des autres organisations comme l'Organisation mondiale de la santé (Oms) ou l'Organisation internationale du travail (Oit). C'est la raison pour laquelle nous votons contre les résolutions et textes qui en font référence », a dit Me Aïssata Tall Sall.
« De plus, au plan national, nous excluons toute idée de légalisation de la question Lgbt. Par ailleurs, nous n'adhérons pas aux notions controversées telles que « l'éducation sexuelle intégrale » ou « les droits sexuels et reproductifs », a averti la Garde des Sceaux. Poursuivant son exposé, elle a mis en relief les progrès du Sénégal en matière économique et social grâce au Plan Sénégal émergent (Pse). « Dans sa volonté de mieux prendre en compte les droits économiques, sociaux et culturels dans les politiques publiques, le Gouvernement du Sénégal, à travers le Plan Sénégal émergent, a initié des actions transversales, portant sur des programmes à vocation structurante et ayant comme finalités, le renforcement de la protection sociale, l'employabilité des jeunes, l'autonomisation des femmes et l'amélioration de l'accès aux services sociaux de base en milieu urbain et rural ». Concernant les droits humains des femmes, la ministre de la Justice du Sénégal a souligné une meilleure participation de ces dernières à la vie politique, à travers la Loi du 04 juillet 2018, avec l'incorporation dans le Code Électoral, d'une disposition imposant la parité absolue dans toutes les instances électives et semi-électives.
«Grâce à cette loi, les Sénégalaises sont représentées à hauteur de 44% à l'Assemblée nationale, 35% au Haut Conseil des Collectivités Territoriales (Hcct), et 22% au Conseil économique social et environnemental (Cese)», a-t-elle rappelé. Elle a également magnifié le Plan d'actions national sur l'éradication des violences basées sur le genre et la promotion des droits humains, une Stratégie nationale pour l'équité et l'égalité de genre, une Stratégie nationale pour l'éradication des mutilations génitales féminines, un plan d'actions contre les mariages d'enfants. À ce niveau des délégations ont recommandé la révision du Code de la Famille, le Code de l'Enfant, l'adhésion et la ratification de certaines conventions internationales. Me Aïssata Tall Sall a également démontré que le Sénégal a pris des mesures salutaires pour une meilleure prise en charge de l'enseignement coranique. Au plan du droit à un environnement sain tel qu'inscrit dans la Constitution, le Sénégal a adopté une série de mesures dont un nouveau Code de l'environnement en 2023.
Dans le domaine de la protection des réfugiés et de la lutte contre l'apatridie, la cheffe de la forte délégation sénégalaise composée de beaucoup de ministères est revenue sur les efforts considérables ont été consentis par le Sénégal aux fins d'assurer l'amélioration de la situation des réfugiés et la lutte contre l'apatridie, à travers notamment l'adoption d'une loi, en 2022, portant statut des réfugiés et apatrides. Loi dont la finalité est de mettre fin à l'apatridie et de permettre aux réfugiés de jouir quasiment des mêmes droits que les nationaux. Notons que le Sénégal est l'un des premiers pays parmi les quatorze - Chine, Arabie Saoudite, Nigeria etc. - programmés dans le nouveau cycle de l'Examen périodique universel (Epu) qui a lieu, à Genève, du 22 janvier au 02 février 2024. L'Epu qui a pour but ultime d'améliorer la situation des droits de l'Homme dans tous les pays et d'entraîner ainsi des changements importants pour les populations du monde entier, est un processus unique en son genre. Il consiste à passer en revue, périodiquement, les réalisations de l'ensemble des cent quatre-vingt-treize (193) États de l'Organisation des nations unies (Onu) dans le domaine des droits de l'Homme. Innovation importante du Conseil des droits de l'homme, l'Epu repose sur le principe d'égalité de traitement de tous les pays, précise l'Onu.
Après-demain, vendredi, le Sénégal va examiner les recommandations faites par les pays et, librement, décidera d'accepter certaines, de prendre note sur d'autres et/ou d'y réfléchir. Mais, sur la question Lgbt, le rejet est total et net. Le rapport définitif du Sénégal sera adopté en juillet lors de la 57ème Session du Conseil des droits de l'Homme.
El Hadji Gorgui Wade Ndoye