Les mécanismes de mobilisation de l'épargne des Sénégalais de l'extérieur en vue de sa canalisation et de son investissement dans les secteurs productifs de l'économie semblent bien méconnus des Sénégalais de la Diaspora, laisse entendre le sociologue à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, Aly Tandian.
D'année en année, les envois de fonds des migrants haussent. En 2021, les transferts de fonds des migrants étaient de 1600 milliards de francs CFA soit une hausse de 5% par rapport à 2020 et de 1700 milliards de francs CFA en 2022, soit 4,8% par rapport à 2021. Toutefois, une fine partie est consentie à l'investissement. Une situation que le professeur titulaire en sociologie à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, Aly Tandian, explique par les difficultés socio-culturelles.
A titre d'exemple, « on peut parler du poids des charges familiales, le manque de culture d'investissement et de l'épargne, la méconnaissance de l'environnement juridico-administratif, l'insuffisance de formation et d'accompagnement dans la conception, la mise en oeuvre et le suivi », liste le non moins président fondateur de l'Observatoire sénégalais des migrations (Osm).
A l'en croire, les envois de fonds ont un impact réel sur le quotidien des populations au Sénégal. Des conditions de vie sont améliorées pour de nombreuses familles et au-delà. Les transferts permettent également la réalisation d'investissements sociaux avec la construction d'écoles, de marchés, etc. « Les transferts représentent plus de 10,5 % du Produit intérieur brut (Pib) du pays et profitent à plus d'un quart des ménages sénégalais », a-t-il affirmé.
Quant aux mécanismes mis en place pour capter ou réorienter une bonne partie de ces fonds à l'investissement, il renseigne que l'État du Sénégal a mis en place « des dispositifs de mobilisation de l'épargne des Sénégalais de l'extérieur en vue de sa canalisation et de son investissement dans les secteurs productifs de l'économie ».
Il s'agit, entre autres, du Fonds d'appui à l'investissement des Sénégalais de l'extérieur, du Programme d'appui aux initiatives de solidarité pour le développement et du programme Plateforme d'appui au secteur privé et à la valorisation de la Diaspora Sénégalaise en Italie, en partenariat avec le Projet de lutte contre la migration irrégulière à travers l'appui au secteur privé et la création d'emplois au Sénégal.
A l'en croire, des efforts sont faits afin de permettre aux Sénégalais de la diaspora de jouer pleinement le rôle qui leur incombe dans le « développement global et durable du pays et d'occuper la place de partenaire qui leur revient dans le processus de transformation de l'économie nationale ».
Il s'y ajoute le Fonds de garantie pour l'investissement des Sénégalais de l'extérieur qui a pour objet d'encourager, de promouvoir et de renseigner sur le potentiel d'investisseurs que constitue la diaspora sénégalaise. Donc, « sur le plan institutionnel, il y a des efforts mais au plan empirique, je pense que de nombreuses populations migrantes ignorent ces structures créées », a-t-il expliqué.
Pour lui : « Il y a un manque de visibilité et par conséquent d'attraction vers ces structures ». En plus de la création de ces structures, il faut une « sensibilisation conséquente accessible », assure-t-il. Les réseaux sociaux à travers de spots et en langues locales auraient pu aider mais au préalable, il faut des « évidences scientifiques » qui vont permettre de mobiliser en termes de connaissances fines, les profils de migrants ainsi que leurs besoins et ambitions en termes d'investissements.
Les envois des émigrés sénégalais proviennent essentiellement des régions de Matam, de Saint-Louis, de Diourbel, de Louga et dans une moindre mesure, des régions de Tambacounda, de Kolda, de Kaolack qui sont les plus importants foyers émetteurs de migrants.