Le gouvernement du Sénégal, à travers son porte-parole, Abdou Karim Fofana, ministre du Commerce, de la Consommation et des PME a répondu hier, mardi, à Human Rights Watch (HRW) qui a, dans son rapport rendu public la veille, lundi 22 janvier, accablé le régime de Macky Sall, l'accusant d'atteintes aux droits et libertés fondamentaux et de répressions pré-électorales. Abdou Karim Fofana, qui balaie d'un revers de main toutes ces accusations, parle de «rapport partial» et «partiel» dans lequel il décèle des «légèretés et approximations».
«C'est d'une part, un rapport partial, car étant à charge et ses auteurs n'ont interrogé que des opposants sénégalais, sans donner la parole au Gouvernement. Il faut aussi relever les légèretés et approximations contenues dans le rapport, pour une organisation qui s'érige en donneuse de leçons». C'est Abdou Karim Fofana, ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, par ailleurs, porte-parole du gouvernement, qui réagit ainsi suite la publication par Human Rights Watch (HRW) d'un rapport accablant sur la situation des droits et liberté et la «crise pré-électorale» au Sénégal.
Interrogé sur cette enquête, par nos confrères du Groupe Futurs Médias hier mardi, M. Fofana souligne que, «D'autre part, le rapport est partiel, parce qu'il ne traite pas de la responsabilité de l'opposition sur les actes délictuels et criminels perpétrés en mars 2021 et en juin 2023». Selon lui, «Le rapport est muet sur l'affaire des morts durant les manifestations. Des enquêtes ont été ouvertes, d'autant plus que des soupçons pèsent sur des individus armés que des indices rapprochent d'une partie de l'opposition. Il n'y a pas de détenus politiques».
Justifiant les interpellations dans les rangs de l'opposition, Abdou Karim Fofana déclare que «Des gens ont été arrêtés pour des appels à l'insurrection dans une stratégie populiste amplifiée par les réseaux sociaux. D'autres ont été arrêtés pour avoir participé activement à des casses, des attaques ciblées de domiciles, des incendies criminels dans des Facultés de l'Université de Dakar etc. Human Rights Watch passe tout cela sous silence».
Aussi dénonce-t-il une collusion entre la société civile et l'opposition. «La manoeuvre de la société dite civile au Sénégal qui, en réalité, a des intérêts communs avec des hommes politiques, est grossière. Nous la dénonçons fortement», déclare-t-il. Et d'ajouter, parlant du leader des Patriotes, que «L'homme politique Ousmane Sonko, que Human Rights Watch qualifie d'éminent, a été accusé de viols et condamné pour corruption de la jeunesse, car sa victime avait moins de 21 ans au moment des faits. C'est étonnant que Human Rights Watch se mette du côté des bourreaux de femmes abusées et les qualifier d'«éminent». Cela montre à quel point cette organisation se fourvoie», conclut le porte-parole du gouvernement.
Pourtant, dans rapport, HRW mentionne avoir envoyé un e-mail à Julien Ngane Ndour, directeur de la Division des droits humains du ministère de la Justice, partageant ses conclusions et demandant des réponses à des questions spécifiques soulevées dans le document, le 9 janvier 2024. Seulement, les autorités n'ont pas répondu.
En effet, dans son rapport accablant, publié le lundi 22 janvier 2024, jour de passage du Sénégal, à travers le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Me Aïssata Tall Sall et sa délégation, devant le Conseil des droits de l'hommes des Nations Unies (ONU) dans le cadre l'Examen périodique université (EPU), quatrième génération, sur la situation nationale des droits humains, HRW pointe les atteintes des droits et libertés fondamentaux, les «arrestations et détentions arbitraires», les répressions et persécutions de l'opposition, des médias et de la société civile... en 2023.
Pour HRW, «la régression du pays est profondément troublante. La répression a commencé en 2021, dans le contexte des procédures judiciaires concernant l'éminent leader de l'opposition Ousmane Sonko et de préoccupations suscitées par l'éventualité d'un troisième mandat du président Macky Sall, contraire à la Constitution. Mais il y a eu une vague d'arrestations d'opposants politiques et de dissidents au cours des derniers mois. Elle s'est poursuivie avec la dissolution forcée du parti d'opposition de Sonko l'année dernière».
Et l'organisation internationale de défense des droits de l'homme de poursuivre que «Les autorités ont utilisé le système judiciaire pour cibler les opposants politiques et les dissidents. Au moins 37 personnes sont mortes pendant les manifestations et aucun de ces décès n'est encore élucidé par la justice. Human Rights Watch dénonce aussi les affaires Pape Abdoulaye Touré, torturé puis envoyé en prison et les journalistes en détention ou interpellés par la justice», rapporte la source.