Journée d'étude sur la réforme de l'enseignement supérieur
« Nous souhaitons que cette journée d'étude soit une véritable occasion pour mûrir le débat sur la réalité et les enjeux de l'enseignement supérieur au Maroc, en définissant la nature de la réforme dans laquelle notre pays doit s'engager, et en identifiant également les dysfonctionnements les plus importants que connaît ce secteur ».
C'est ce qu'a mis en exergue, d'emblée, le président du Groupe socialiste-Opposition ittihadie à la Chambre des représentants, Abderrahim Chahid, lors de la journée d'étude organisée vendredi dernier au Parlement sur l'enseignement supérieur et les enjeux de la réforme.
« Nous notons également les lacunes et l'échec du gouvernement actuel à donner un véritable nouveau élan au processus de réforme de l'enseignement supérieur au Maroc. Il n'a même pas pu mettre en oeuvre les mesures figurant dans le programme gouvernemental pour le renforcement de l'attractivité et de l'efficacité de l'enseignement supérieur », a martelé Abderrahim Chahid lors de cette journée d'étude organisée avec le secteur ittihadi de l'enseignement supérieur, coordonné par Jamal Sebbani.
La question de l'enseignement supérieur en particulier a toujours été au coeur de la lutte de l'USFP pour la démocratie et le développement
Selon lui, le système d'enseignement supérieur est marqué par de nombreux indicateurs et données négatifs. « Nous réaffirmons que parmi les raisons les plus importantes expliquant l'aggravation de ceux-ci, il y a l'arrêt du processus de réforme de l'enseignement supérieur qui a connu en 2000, sous l'égide du gouvernement de l'Alternance consensuelle, un élan avec la promulgation de la loi 01.00 relative à l'organisation de l'enseignement supérieur, qui a constitué l'aboutissement de la Charte nationale de l'éducation et de la formation et incarné un prélude pour une véritable réforme, en ne s'engageant pas à adapter certaines des dispositions de cette loi avec la Constitution de 2011. Un chantier qui reste en suspens jusqu'à présent », a précisé le président du Groupe socialiste.
Il a rappelé que la question de l'enseignement en général et celle de l'enseignement supérieur en particulier a toujours été « au coeur de la lutte de l'USFP pour la démocratie et le développement » exigeant que « l'enseignement supérieur soit un droit accessible à tous les Marocains sans aucune distinction spatiale ou sociale » et soulignant que le Groupe socialiste oeuvrera par tous les moyens dont il dispose pour la mise en place d'un système démocratique et développé de l'enseignement supérieur au Maroc.
Pour sa part, Jamal Sebbani, membre du Bureau politique de l'USFP et secrétaire général du Syndicat national de l'enseignement supérieur (SNE-Sup), a souligné la nécessité d'une réforme globale de l'enseignement supérieur au Maroc, notant que les statistiques officielles révèlent que 50% des étudiants quittent l'université sans obtenir un diplôme.
« Il y a une déperdition inquiétante dans l'enseignement supérieur, compte tenu du chiffre élevé des étudiants qui quittent l'université sans obtenir de diplôme, en particulier dans les établissements universitaires à accès ouvert », a-t-il fait savoir.
Il a expliqué que le plus grand problème réside dans la multiplicité du système de l'enseignement supérieur marocain avec des établissements universitaires à accès ouvert et à accès régulé, en plus d'un certain nombre d'établissements d'enseignement créés par des ministères pour former leurs propres cadres, tout en affirmant que le système de l'enseignement supérieur s'est unifié au lendemain de l'indépendance. Il a ensuite été influencé par le modèle français, car le pouvoir politique en France après la révolution de 1789 s'est méfié des universités et a inventé des systèmes parallèles pour recruter les grands commis de l'Etat.
Jamal Sebbani a également évoqué le contexte historique du système éducatif et les contraintes et dysfonctionnements qui ont caractérisé chaque étape de la réforme, qu'il s'agisse du statut fondamental, des textes juridiques, des structures universitaires, des filières du système d'enseignement supérieur, tout en appelant à oeuvrer pour faire progresser et développer ce secteur et réviser les textes qui y sont liés, notant qu'en vertu de la Constitution de 2011 et de la loi-cadre de 2019, la procédure de révision de la loi 01.00 portant organisation de l'enseignement supérieur n'a pas encore été engagée.
A rappeler qu'ont pris part à cet événement des parlementaires ittihadis, des enseignants-chercheurs, des responsables universitaires, des représentants du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation, ainsi que des personnalités de la société civile.