Dakar — Le président Macky Sall a souligné, jeudi, la nécessité d'adapter le cadre juridique en conciliant »les avancées technologiques et l'exigence de protéger les droits fondamentaux attachés à la vie privée ».
"Il s'agit surtout d'adapter notre cadre juridique en corrigeant ses imperfections et en anticipant sur les besoins futurs, au moment où nous entrons de plain-pied dans l'ère de l'intelligence artificielle", a invité le chef de l'Etat.
Il s'exprimait lors de la cérémonie de la rentrée solennelle des Cours et Tribunaux dont le thème portait sur "La protection de la vie privée".
»Des lois et institutions dédiées à cette protection ne manquent pas. Mais il y a certainement lieu d'interroger leur adéquation avec les réalités évolutives de notre temps", a déclaré le chef de l'Etat.
Le président de la République a fait savoir que "dans un monde marqué par l'explosion des technologies de l'information et de la communication et la frénésie des réseaux sociaux, la vie privée, fondement de l'intégrité physique et morale est, aujourd'hui plus que jamais, exposée et menacée dans son existence".
Selon lui, »nul n'est épargné, à telle enseigne qu'on peut légitimement se demander ce qui reste de la vie privée, surtout lorsque tel ou tel aspect qui en relève est utilisé dans une volonté manifeste de nuire".
Le chef de l'Etat a souligné que "la problématique de la protection de la vie privée nous interpelle tous au plus haut point, pouvoirs publics, secteur privé et citoyens et citoyennes".
"Elle met en lumière, selon lui, la nécessité d'assurer l'équilibre entre le principe de liberté et l'impératif de protéger ce qui relève de la sphère privée, y compris les données personnelles".
Le chef de l'Etat a ajouté que "la protection de la vie privée n'incombe pas seulement à l'État".
"Elle s'impose aussi au milieu socio-professionnel privé pour préserver l'équilibre entre le travail et la vie personnelle, et établir une relation de confiance et de respect mutuels entre l'employeur et l'employé", a t-il expliqué.
"S'approprier nos propres valeurs"
Le président de la République a estimé que "la même exigence s'applique aux procédures judiciaires, de l'enquête jusqu'au jugement". Cela permettra, selon lui de "de protéger l'intimité et la dignité des personnes poursuivies et des témoins, s'agissant notamment des informations qui touchent à la vie privée".
Il aussi noté que la protection de la vie privée "n'exclut pas la possibilité pour l'Etat d'infléchir certaines règles, à des fins d'intérêt général, notamment pour assurer la sécurité des personnes et des biens, ou réprimer certaines formes de criminalité".
Macky Sall a cité à titre d'exemple "la loi 2016-29 du 08 novembre 2016 qui aménage des restrictions à la protection de la vie privée dans des circonstances spécifiques où la sécurité publique est en jeu".
Pour lui, "tout manquement à cette mission exclusive lui est naturellement imputé". D'où la nécessité, fait-il observer "d'aménager des dispositions légales et réglementaires lui donnant les moyens d'agir pour assurer cette prérogative d'intérêt général".
Pour le président Sall, "la vie privée et l'intérêt général sont mieux protégés lorsque chacun a pleinement conscience de ses propres responsabilités vis-à-vis du contrat social".
Pour ce faire, il a appelé à "l'appropriation de nos propres valeurs de culture et de civilisation qui nous enseignent les vertus et lois de la vie en société". Il s'agit de "jom (fierté), jaanu biir (discrétion), ngor (dignité), kersa ak teggin (discipline)".
"Ce sont là des valeurs ancestrales connues de toutes les composantes socioculturelles de la nation sénégalaise, et qui constituent autant de barrières morales à ne pas franchir par respect pour la dignité humaine", a relevé le chef de l'Etat. Il convie chaque citoyen et chaque citoyenne à pratiquer ces valeurs que "nous revitalisons les fondements de notre vivre ensemble".