Depuis décembre, une grande enquête terrain est menée par le Cirad et l'Institut Pasteur pour collecter des informations sur les chiens d'Antananarivo, les morsures, et mieux cibler les campagnes vaccinales futures pour éradiquer la maladie infectieuse.
Les aboiements retentissent dans la capitale partout, à toute heure. Les doléances reçues par la mairie sont nombreuses, confie le Dr Domoina Malala, à la tête de la direction de l'eau, l'assainissement et l'hygiène de la Commune urbaine d'Antananarivo : « Tout ce qu'on veut, c'est réduire le nombre de chiens errants, parce qu'il y en a qui mordent. Ils errent au niveau des poubelles, dans les marchés, là où ils trouvent des débris alimentaires. Et on n'arrive pas vraiment à contrôler ces chiens-là. »
Alors, quand l'Institut Pasteur et le Cirad ont proposé une collaboration, dans le cadre du projet « Contrôle de la Rage à Madagascar », la CUA a applaudi : « Ce projet aide à la vaccination et à la stérilisation des chiens. C'est pour ça que cette étude-là était vraiment la bienvenue ! », remercie le Dr Domoina Malala.
L'enquête menée par l'Institut Pasteur et le Cirad doit durer un an. Elle va permettre de collecter d'importantes données chiffrées sur les chiens de la capitale.
« Le premier objectif de cette enquête, c'est d'avoir une idée du ratio hommes/chiens dans la communauté urbaine d'Antananarivo, pour pouvoir en informer les services de santé animale pour mettre en place des campagnes de vaccination contre la rage qui soient adaptées et faisables, explique Véronique Chevalier, vétérinaire épidémiologiste et chercheure au Cirad et co-coordinatrice du projet. On va également mesurer le nombre de gens qui se font mordre par unité de temps. Ça peut être par semaine, par mois, par an. Enfin, le troisième objectif, c'est d'identifier les facteurs de risques de morsure. On sait que dans beaucoup de pays où la rage est endémique, les gens qui se font mordre sont plutôt les enfants dans certains pays, plutôt les femmes dans d'autres, parce que ce sont elles qui sont sur les marchés, etc. Ces informations nous servent à cibler la sensibilisation et la communication. »
Sur l'île, la rage fait encore entre 300 et 800 morts par an. La recherche scientifique et les données de terrain ont montré que les campagnes de vaccination de masse d'au moins 70% de la population canine, était nécessaire pour atteindre l'objectif d'élimination des décès causés par la rage d'ici 2030 (objectif annoncé par l'OMS, l'OIE et la FAO). La vaccination reste le seul vrai moyen d'interrompre le cycle infectieux entre l'animal et l'homme.