Six mois après leur coup d'Etat, les militaires ne semblent pas pressés de rendre le pouvoir aux civils. Une délégation de la Cédéao est à Niamey ce jeudi.
Cela fait six mois déjà que les militaires sont au pouvoir au Niger et il n'existe toujours aucun calendrier sur la durée de la transition.
Il semble que cela ne figure pas, pour l'instant, dans l'agenda du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, le nom de la junte au pouvoir, et ce malgré les pressions de la Cédéao qui exige une transition de courte durée. Une délégation de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest est d'ailleurs attendue ce jeudi à Niamey.
Avis divergents
C'est dans ce contexte que certains leaders religieux et chefs coutumiers, ont appelé les militaires à garder le pouvoir aussi longtemps que nécessaire.
"Toute précipitation va encore nous ramener à la case départ. Donc prenons notre temps parce qu'on a plusieurs défis. Il y a tellement de problèmes que les hommes politiques, pour le moment, ne peuvent pas gérer ça. Surtout le contexte sécuritaire. On lui laisse faire ses trois ans (à la transition militaire, ndlr). Maintenant, c'est au peuple de juger, ce n'est pas à une Cédéao ou bien à quelqu'un d'autre de le faire", estime Mahamadou Bachir Harouna Hambally, chef de canton de Djoundjou, dans la région de Dosso.
Un avis contesté toutefois par beaucoup d'autres Nigériens qui estiment que c'est une manière de mettre entre parenthèses la démocratie chèrement acquise.
"En ma qualité de démocrate, je souhaite une transition de courte durée, de six mois à un an au maximum. Et par rapport à ceux qui souhaitent en finir avec la démocratie, ou mettre la démocratie de côté, ça je pense que c'est leur opinion. C'est parce qu'ils voient leur intérêt. Mais je pense que l'intérêt supérieur de notre nation, c'est le retour à l'ordre constitutionnel, donc le retour à la démocratie", dit Intinicar Alhassane, un proche du président déchu Mohamed Bazoum.
Dialogue national
Depuis son premier message à la nation, au cours duquel le chef de l'Etat, le général de brigade Abdourahamane Tiani, a parlé d'une transition n'excédant pas trois ans, celui-ci ne s'est plus prononcé, laissant la voie libre aux spéculations.
Pour l'activiste Souley Oumarou, président du Forum citoyen pour la République, les militaires ne doivent pas céder à la tentation.
"Je pense que le général Tiani est assez sage et mûri d'expérience pour savoir qu'aujourd'hui, le peuple nigérien n'a pas besoin d'un régime autoritaire éternel. Il sait pertinemment qu'il a une mission, et cette mission, il doit l'accomplir et s'en aller".
Les Nigériens attendent la tenue du dialogue national inclusif pour être véritablement fixés sur l'agenda de la transition.
En attendant, la guerre des opinions se poursuit sur les réseaux sociaux.