Une affaire de moeurs aux relents de #Metoo - mouvement de dénonciation de violences sexuelles envers les femmes - secoue le Cameroun depuis quelques jours. Un certain Hervé Bopda, personnage mondain de la ville de Douala, essuie les dénonciations en cascade de plusieurs dizaines de femmes sur son caractère violent, des viols en série qu'il aurait perpétrés, des séquestrations et un vaste réseau de proxénétisme qui bénéficierait de complicités haut-placées dans l'administration.
Depuis cinq jours, c'est une véritable avalanche de dénonciations. Sur Facebook, Telegram, Instagram et autres, les pages du lanceur d'alerte Nzui Manto sont inondées de témoignages de femmes, mais aussi d'hommes qui décrivent dans le menu détail des horreurs que leur aurait fait subir un certain Hervé Bopda.
Opérateur économique et jetsetteur bien connu de Douala, mais dont le périmètre d'actions s'étendrait, à lire les présumées victimes, à Yaoundé, Kribi, Limbe et Buea. Les témoignages sont anonymes. Hervé Bopda y est invariablement décrit comme un homme violent, qui opère avec une arme à feu qu'il n'hésite pas à brandir à ses victimes pour les intimider. Il aurait violé à tour de bras des centaines de femmes, selon le lanceur d'alerte qui affirme avoir déjà reçu plus de 1000 témoignages dont il a choisi de n'en publier à date qu'une petite soixantaine.
Certaines filles auraient été séquestrées pendant plusieurs jours, d'autres seraient tout simplement portées disparues après qu'elles aient croisé le chemin de ce personnage. Mais à croire certains témoignages, Hervé Bopda ne serait que la face visible d'un iceberg hideux de malfaisance et de perversion crasse. Il aurait bâti ces deux dernières décennies, un vaste réseau de proxénétisme avec de solides complicités. Des noms d'influenceuses et influenceurs célèbres sont avancés comme faisant partie du réseau, des artistes aussi, des opérateurs économiques et même des éléments hauts gradés des forces de l'ordre et de sécurité.
Autant de dénonciations particulièrement bouleversantes qui ont conduit la commission des droits de l'homme du barreau du Cameroun à demander au procureur du tribunal de première instance de Yaoundé de s'autosaisir pour l'ouverture d'une enquête. Une plainte a aussi été déposée au tribunal militaire à Douala par un collectif d'avocats contre le même individu. Hervé Bopda a lui aussi saisi la justice d'une plainte pour diffamation contre des lanceurs d'alertes.