Comores: Les candidats d'opposition, perdants de la présidentielle, espère un soutien international

Moroni, capitale des comores.

Après la confirmation de sa victoire par la Cour suprême le 24 janvier, Azali Assoumani a convié, jeudi 25 janvier à Moroni, ses partisans à une célébration dans un hôtel local où il s'est adressé à la Nation.

Cet évènement fut l'occasion pour Azali Assoumani, qui avec cette victoire s'assure un troisième mandat consécutif, de revenir sur ses promesses de campagne, de discuter des violences survenues lors de l'annonce des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante, le 16 janvier dernier, et de souligner la nécessité de passer à l'étape suivante maintenant que les élections sont terminées. Il a été déclaré élu dès le premier tour, bien que cette victoire soit toujours contestée et non reconnue par ses cinq adversaires.

Entouré de ses partisans, Azali Assoumani a d'abord présenté ses condoléances à la famille de Mouslim. Ce jeune a été tué par balle lors des affrontements entre la population et l'armée la semaine dernière. Le président appelle à l'arrêt des violences : « Nous devons en effet, nous retrouver sur ce de nouvelles bases pour identifier ensemble les actions à mettre en oeuvre pour que plus que jamais notre pays et notre population ne puissent revivre le cauchemar de cette violence portée à l'extrême. »

Au pouvoir depuis huit ans, le président dit connaître les urgences du peuple comorien : l'accès aux soins de santé, à l'eau potable, à l'électricité, aux produits de première nécessité et des emplois pour les jeunes. Un sujet, qui était déjà sa promesse phare, lors de son élection à la tête des Comores en 2016.

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Azali Assoumani invite également ses opposants à se projeter sur les prochaines échéances : « Je voudrais saluer avec respect, mes adversaires qui se sont portés candidats aux élections présidentielles. Je voudrais leur dire qu'à leur égard, je n'ai aucune once de rancune. Je leur tends la main fraternelle comme je l'ai toujours fait. Je les appelle d'ores et déjà à nous concerter dès maintenant pour préparer les prochaines élections législatives de l'année 2025. »

L'opposition se tourne vers la communauté internationale

Du point de vue national, plus aucune voie de recours n'est possible pour les opposants, qui continuent pourtant de « rejeter en bloc » les résultats et placent une partie de leurs attentes dans la réaction de la communauté internationale. Avec pourtant de maigres chances d'être entendus.

Ils ont écrit au président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, il y a plus d'une semaine (le 18 janvier). Les cinq candidats d'opposition, qui exigent toujours l'annulation du scrutin et l'organisation de nouvelles élections -gouvernatoriales et présidentielle - espèrent qu'un envoyé spécial sera dépêché aux Comores et que l'organisation continentale contribuera à sortir de la « crise ».

Mais l'Union africaine, dont Azali Assoumani est encore président en exercice jusqu'au mois prochain, et dont la mission d'observation avait jugé le processus électoral globalement « libre » et « transparent », n'a jusqu'ici, tout simplement, pas répondu aux cinq candidats d'opposition.

Ces derniers s'en remettent également aux partenaires internationaux des Comores, et citent particulièrement les Nations unies, l'Union européenne, les États-Unis ou la France, dont ils estiment qu'ils ne doivent pas reconnaître des résultats jugés frauduleux et antidémocratiques.

Aucun communiqué officiel n'est encore tombé, mais ces attentes risquent d'être vite douchées. « Ce n'est pas possible », affirme un fin connaisseur des relations diplomatiques de la zone. Selon cette source, les partenaires internationaux des Comores pourraient reconnaître des dysfonctionnements et des tensions, et appeler à des améliorations pour les prochaines élections, mais sans aller plus avant dans la critique. Raisons invoquées : la nécessité de poursuivre les relations avec les autorités comoriennes et d'éviter toute immixtion dans les affaires intérieures d'un pays souverain.

Mais les cinq candidats d'opposition ne comptent pas uniquement sur un soutien extérieur. Dès mercredi soir, après la proclamation des résultats définitifs, ils appelaient les électeurs comoriens à « se mobiliser ». Après deux journées d'émeutes violentes, la semaine dernière, un calme tendu s'est réinstallé dans tout le pays. Les forces de l'ordre ont procédé à de nombreuses arrestations. Aucun chiffre officiel n'a été communiqué mais, selon l'opposition, quelque 200 jeunes protestataires seraient actuellement détenus ainsi que plusieurs cadres des politiques d'opposition. « La résistance s'organise », promettait encore ce jeudi l'un des cinq candidats d'opposition.

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