Tunisie: Finances-Commerce - Le retour de la voiture populaire, une aubaine ou un calvaire ?

26 Janvier 2024

Ces voitures proches du peuple ont toujours suscité un intérêt majeur depuis l'instauration de ce régime en 1994. La formule constitue une réelle opportunité pour ceux qui cherchent un véhicule neuf moyennant un petit budget

Des études sont en cours pour tenter de trouver des solutions avec l'aide des ministères du Commerce et des Finances. On cite, à titre d'exemple, la réduction des prix des voitures de puissance 4 et 5 chevaux, tout en pensant, dès à présent, à l'ouverture du marché à d'autres marques et à la baisse des charges fiscales imposées à l'offre.

Comme il fallait s'y attendre, dès l'annonce du retour des voitures dites « populaires », sur le marché, un engouement extraordinaire s'est manifesté de la part d'un grand nombre de Tunisiens intéressés par l'affaire. Avec une ruée sur ces véhicules dont la puissance ne dépasse pas les 4 chevaux-vapeur, et qui bénéficient d'un régime fiscal privilégié.

Avec cette frénésie, les rumeurs ont fait leur apparition sur les prix, les délais d'attente, les modalités pour obtenir un crédit, les conditions d'éligibilité à ce type de prêts et, bien entendu, les diverses marques en « compétition » en vente.

Il faut dire que ces voitures proches du peuple ont, toujours, suscité un intérêt majeur depuis l'instauration de ce régime en 1994, soit depuis plus de trente ans. Et pour cause, la formule constitue une réelle opportunité pour ceux qui cherchent un véhicule neuf moyennant un petit budget.

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Malgré les restrictions imposées par le mécanisme, un nombre important de clients ont le droit d'en bénéficier. Avec l'accord préalable du ministère du Commerce, sachant que le quota varie d'une année à l'autre selon les disponibilités, les autorisations accordées par le ministère du Commerce aux différents concessionnaires autorisés à prendre part à cette forme très spéciale de marché.

Outre les prix abordables, ces voitures présentent un avantage de taille, exigé par les diverses parties prenantes, en l'occurrence une fiabilité et une sécurité conformes aux normes internationales, sans oublier le volet financier pour les concessionnaires importateurs.

Liste réduite de concessionnaires

En effet, la marge bénéficiaire a connu des hauts et des bas selon les périodes. A titre d'exemple, en 2013, les concessionnaires des voitures ont réduit, voire parfois, stoppé, l'importation de ce type de véhicules, à cause de la faible marge bénéficiaire, fixée à 500 dinars pour chaque voiture, faisant brandir l'argument compréhensible que cette somme ne permettait pas de couvrir les coûts de l'opération.

Qu'en est-il de ce marché, alors, dans l'état actuel des choses ? Selon les déclarations du porte-parole de la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles, Mehdi Mahjoub, le nombre autorisé, cette année, est de huit mille seulement, répartis entre cinq marques : japonaise (2), sud-coréenne (2) et française (1).

Ainsi, les rumeurs faisant état d'inclure de nouvelles marques durant l'année en cours, sont dénuées de tout fondement. De même qu'il n'y a jusqu'à présent, aucun changement à la liste des concessionnaires, déjà établie.

Quant au prix à la vente, il se situe entre 25 et 35 mille dinars selon la marque, ce qui, en fait, de facto, la seule manière d'acquérir son auto, au vu du pouvoir d'achat des Tunisiens. Sachant qu'une voiture de la même taille et de la classe des 5 chevaux vaut entre 45 et 60 mille dinars sur le marché tunisien. Un montant qui dépasse largement le pouvoir d'achat des ménages à bas et moyen revenu.

Les délais d'attente très longs

Toutefois, le problème majeur qui tracasse les candidats potentiels à l'achat de ce type de véhicule, concerne les délais d'attente qui sont très longs. En cause, la demande est, de loin, supérieure à l'offre. De ce fait, le candidat potentiel devra patienter de longues années.

C'est un obstacle de taille, pour acquérir un moyen de locomotion indispensable compte tenu de l'état des transports publics dans notre pays.

Ce handicap majeur qui parasite le mécanisme, à la base, intéressant, ne date pas d'aujourd'hui. Les Tunisiens doivent se rappeler parfaitement que dans les années 2000, l'attente était, en moyenne, de trois ans, ce qui donnait lieu à une pratique de « réaffectation » d'un particulier à particulier du numéro d'enregistrement, moyennant des sommes parfois exorbitantes pour qu'un quidam tente de gagner quelques mois voire quelques années et éviter de faire la queue en se propulsant à la tête du peloton.

Ouvrir de nouveaux marchés et baisser les impôts

Autre hic, le prix qui a considérablement grimpé de ces 4 chevaux. Il y a 15 ans, le véhicule de la même puissance valait entre 12 et 15 mille dinars !

Pour remédier à ce véritable casse-tête, la Chambre nationale des agents et constructeurs automobiles, a indiqué qu'elle a commencé à rechercher des solutions alternatives, en vue de permettre au citoyen tunisien de posséder une voiture de la marque requise et à des prix raisonnables.

En effet, des études sont, actuellement, en cours pour trouver des solutions avec l'aide des ministères du Commerce et des Finances. On cite, à titre d'exemple, la réduction des prix des voitures de puissance 4 et 5 chevaux, tout en pensant, dès à présent, à l'ouverture du marché à d'autres marques et à la baisse des charges fiscales imposées à l'offre.

D'autres experts estiment que le programme automobile populaire présente de nombreux inconvénients, dont le plus stressant est, sans nul doute, celui des longs délais d'attente, sans oublier le prix considéré comme assez élevé pour une petite bourse.

Ces mêmes critiques pointent du doigt les conditions de crédit, réclamant un assouplissement des procédures favorables aux familles pour leur permettre de contracter avec des prêts bonifiés et sans taux d'intérêt élevés.

Comme on le constate, il est difficile de contenter toutes les parties intervenantes. Mais un fait remporte presque l'unanimité, à savoir les délais d'attente. Des propositions sont mises sur la table, il faut les étudier, d'abord, pour les mettre en application par la suite. Connaissant le rythme de nos administrations, ce qui laisse entendre qu'on va devoir faire avec pendant de longues années encore.

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