Les grandes lignes du plan d'action d'urgence exposées par Nizar Baraka
La wilaya de Casablanca a pris, mardi 23 janvier, des mesures drastiques à même de rationnaliser l'utilisation de l'eau dans la région de Casablanca-Settat.
Dans une circulaire largement partagée sur les réseaux sociaux, les autorités locales de Casablanca ont appelé à la rationalisation des débits d'eau dans les quartiers ayant un nombre important de consommateurs par la modulation de la pression.
Cette décision concerne également la fermeture des services de lavage de voitures les lundi, mardi et mercredi en plus de l'interdiction de l'utilisation de l'eau potable et l'adoption de techniques économes en eau, ainsi que la fermeture des hammams, des bains et des douches publics les lundi, mardi et mercredi. En réaction à cette décision, des professionnels ont souligné que de telles décisions ne permettront pas de rationnaliser l'utilisation de l'eau, et critiqué le fait que les autorités de Casablanca n'aient pas daigné les concerter avant la prise de ces mesures.
En plus, la wilaya de Casablanca a imposé l'interdiction du lavage de la voie publique, de planter des cultures aquavores, d'arroser des espaces verts, jardins publics et des golfs avec de l'eau potable et de puits, de remplir des piscines publiques et privées plus d'une fois par an.
La circulaire des autorités de Casablanca implique également le renforcement de la sensibilisation des populations quant à l'utilisation et au pompage illicites des eaux des puits, des sources et des réseaux de distribution.
Il y a lieu de rappeler que les autorités locales de plusieurs villes du Royaume ont pris ces mêmes mesures drastiques de rationalisation de l'utilisation de l'eau telles que celles de Tanger, Béni Mellal et Taroudant.
Par ailleurs, le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, a exposé, mercredi dernier à Rabat, les grandes lignes du plan d'action d'urgence des systèmes hydrauliques, présenté devant S.M le Roi Mohammed VI, lors de la séance de travail présidée par le Souverain le 16 janvier, consacrée à la problématique de l'eau.
Dans une présentation devant la Commission des infrastructures, de l'énergie, des mines et de l'environnement à la Chambre des représentants axée sur le thème "La situation des ressources hydriques au Maroc : mesures entreprises et plan d'action d'urgence pour assurer l'eau", M. Baraka a indiqué que le plan d'action d'urgence comporte l'accélération de la construction de grands, moyens et petits barrages, la construction de puits et la réalisation de plusieurs forages exploratoires pour renforcer l'approvisionnement en eau potable, outre les projets de dessalement de l'eau de mer pour approvisionner les villes côtières en eau potable ainsi que la garantie de la justice spatiale.
Ce plan prévoit également l'acquisition de stations mobiles pour le dessalement de l'eau de mer et de l'eau saumâtre, la réalisation du projet d'interconnexion entre le barrage d'Oued El Makhazine et le barrage Dar Khrofa, ainsi que l'étude du projet d'interconnexion entre les bassins de Sebou, Bouregreg et Oum Er-Rabia, a-t-il ajouté.
Le plan vise également la poursuite de la mise en oeuvre du programme de réutilisation des eaux usées pour l'irrigation des espaces verts et des terrains de golf, l'intensification de l'économie de l'eau au niveau des réseaux d'adduction et de distribution de l'eau potable et d'irrigation, la restriction d'utilisation de l'eau d'irrigation ou de ses débits en cas de besoin, outre la mise en oeuvre d'un programme de communication transparent et régulier sur l'évolution de la situation hydrique et sur les mesures d'urgence qui seront mises en oeuvre, ainsi que la sensibilisation à l'économie de l'eau et la lutte contre toutes les formes de gaspillage.
M. Baraka a, dans ce sens, rappelé les Hautes Orientations Royales portant sur l'accélération des chantiers programmés ayant un impact à moyen terme, le redoublement de vigilance et d'effort pour relever le défi de la sécurité hydrique et l'instauration d'une communication transparente et régulière en direction des citoyens sur l'évolution de la situation hydrique.
Par ailleurs, le ministre a noté que les rendements supplémentaires d'eau n'ont pas dépassé 646 millions de mètres cubes entre le 1er septembre 2023 et le 22 janvier 2024, tandis que le volume des réserves en eau des barrages a atteint au 22 janvier courant 3,74 milliards de mètres cubes, soit 23,2% du taux de remplissage contre 31,7% l'année dernière à la même date.
La moyenne des précipitations annuelles au niveau national a atteint, entre le 1er septembre 2023 et le 18 janvier 2024, 32,2 millimètres, soit une baisse de 51,4 millimètres en comparaison avec la moyenne de la même période l'année dernière (66,3 millimètres), a-t-il relevé.
Concernant les eaux souterraines, le ministre a indiqué que l'exploitation excessive de ces ressources a contribué à la baisse du niveau d'eau, précisant que des baisses sont enregistrées au niveau des nappes phréatiques de Tadla (- 5 mètres), de Béni-Amir et de Souss (- 4 mètres) et Chtouka (-1,5 mètre).
S'agissant de la situation de l'approvisionnement en eau potable prévue pour l'été 2024, M. Baraka a fait savoir que la majorité des villes et des centres rentrant dans le périmètre d'intervention de l'Office national d'électricité et d'eau potable (ONEE) seront approvisionnés de façon normale, à l'exception de 45 villes et centres qui représentent 6% et concernent 227.927 clients.
Il a relevé, dans ce sillage, que l'ONEE approvisionne actuellement 792 villes et centres, à l'exception de 40 villes et centres qui concernent 230.094 clients et enregistrent des perturbations dans l'approvisionnement en eau potable.
Au sujet de la généralisation de l'approvisionnement en eau potable dans le monde rural, M. Baraka a relevé certaines contraintes se rapportant essentiellement à la rareté des ressources hydriques souterraines, à la difficulté d'accès aux routes et aux problèmes liés à l'expropriation qui impactent l'assiette foncière pour la réalisation des ouvrages hydrauliques.
Le directeur de l'ONEE, Abderrahim El Hafidi, a, pour sa part, souligné la nécessité de rationaliser l'usage des ressources en eau, estimant qu'il s'agit d'une responsabilité collective qui nécessite la sensibilisation des citoyens quant aux répercussions négatives de l'usage excessif de l'eau.
Il a, en outre, indiqué que l'Etat supporte les coûts de la non-révision des tarifs de l'eau, ajoutant que le coût de production et de distribution d'eau se situe entre 15 et 20 dirhams par mètre cube, tandis que le citoyen paie environ 2,5 dirhams le mètre cube.