Ethiopie: Des milliers de déplacés du Tigré manifestent pour rentrer, un an après la fin du conflit

En Éthiopie, des milliers de déplacés ont manifesté jeudi 25 janvier dans différentes villes du Tigré pour demander notamment qu'on les ramène chez eux, plus d'un an après l'accord de Pretoria qui a mis fin à la guerre sanglante dans cette région.

La province du Nord a été le théâtre entre 2020 et 2022, d'une guerre sanglante entre les forces tigréennes d'un côté, le pouvoir fédéral, l'armée érythréenne et des milices amarha de l'autre. Plus d'un an après l'accord de paix de Pretoria, des centaines de milliers de personnes sont toujours déplacées et une partie du Tigré est encore occupée. Ces derniers jours, les mouvements de grogne des déplacés s'expriment dans les rues pour demander notamment qu'on les ramène chez eux.

Les dizaines de milliers de déplacés tigréens expriment leur grogne dans les rues, demandant à pouvoir rentrer dans leur région natale. Michael, habitant de Mekelle et proche de certains manifestants, fait part de leurs peines.

Ces gens souffrent beaucoup. Ils vivent dans des abris durant les saisons chaudes, froides, pluvieuses. Ils n'ont rien à manger. L'aide humanitaire n'est pas régulière. La plupart de temps ils ne reçoivent rien... Ils vivaient heureux avant la guerre, ils avaient des terres fertiles et subvenaient à leurs besoins. Alors que maintenant ils sont dépendants, et attendent l'aide. Donc ils demandent qu'on les aide à rentrer chez eux, à reprendre leur vie. "Nos villages nous manquent". "Nous vivons dans des tentes". "Nous ne pouvons plus supporter cette vie".

C'était ça les slogans... Ces gens n'ont pas de services médicaux. Leurs plus jeunes enfants ne sont pas scolarisés, les autres meurent de faim ou par manque de soin. Les déplacés n'ont plus rien. Ils ont tout perdu, donc ils sont désespérés, ils ne savent de quoi demain sera fait. ça fait plus d'un an que l'accord de paix a été signé, mais leur vie n'a pas changé.

00:46 Michael, habitant de Mékélé et proche des manifestants, raconte la vie difficile des réfugiés du Tigré

Sébastien Németh La guerre du Tigré a été déclenchée en novembre 2020. Ce conflit sanglant qui s'est terminé le 2 novembre 2022, aurait fait au moins 600 000 morts, selon l'Union africaine. Mais plus d'un an après les accords de paix de Pretoria, la situation reste extrêmement préoccupante.

Durant le conflit, la région avait subi un terrible blocus, stoppant l'entrée de l'aide humanitaire. Après la guerre, les livraisons avaient repris au compte-goutte, avant d'être de nouveau stoppées pendant un temps à cause de détournements massifs des marchandises destinées aux populations dans le besoin.

Aujourd'hui, la famine frappe la région. Selon le gouvernement tigréen, environ 2 millions de personnes risquent de mourir de faim, alors que 5,2 millions ont besoin d'aide humanitaire. À cela s'est ajouté la faiblesse de la dernière saison des pluies. Aujourd'hui le Tigré compte près d'un million de déplacés. Ils vivent dans des camps, chez des proches, mais également dans plus d'une centaine d'écoles réparties sur le territoire. Cette situation catastrophique entraîne un exode. Plusieurs milliers de Tigréens ont fui vers le Soudan, où la guerre fait rage. Autre phénomène signalé : le fait que les jeunes quittent la région.

En novembre dernier, le gouvernement fédéral s'était engagé à faire appliquer l'accord de paix. Addis Abeba avait listé les mesures entreprises pour améliorer la situation : arrêt des opérations contre les forces tigréennes, envoi d'aide humanitaire, création d'une commission pour les combattants tigréens démobilisés. Le pouvoir fédéral avait rappelé avoir pris des mesures de confiance, comme le retrait du pouvoir tigréen TPLF de la liste des organisations terroristes, ainsi que la libération de prisonnier.

Le pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed avait assuré que des discussions étaient en cours pour le cas des territoires contestés, notamment les zones du Tigré occupées par les groupes armés Amharas, afin que les déplacés puissent y retourner. Le pouvoir central avait toutefois demandé une réciprocité dans l'application de l'accord et critiqué notamment la lenteur du désarmement des combattants tigréens.

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