La Coalition de la société civile pour l'application des recommandations de la Commission de réforme des institutions (Cnri) a procédé hier, jeudi 25 janvier, à l'audition des candidats à l'élection présidentielle du 25 février prochain. Sur les 20 candidats retenus par le Conseil constitutionnel dans sa liste du 20 janvier dernier, seuls huit ont répondu présents à l'invitation de cette coalition présidée par l'ancien Premier ministre, Mamadou Lamine Loum.
La Coalition de la société civile pour l'application des recommandations de la Commission de réforme des institutions (Cnri) lance sa campagne pour la mise en oeuvre des réformes institutionnelles préconisées par les Assises nationales. A une semaine environ du démarrage de la campagne électorale en vue de la présidentielle du 25 février prochain, elle a procédé hier, jeudi 25 janvier, à l'audition des candidats retenus par le Conseil constitutionnel dans sa liste du 20 janvier dernier, lors d'une session publique tenue dans les locaux de la maison d'édition Harmattan Sénégal. Huit des 20 candidats validés pour ce scrutin ont répondu à l'invitation de cette coalition présidée par l'ancien Premier ministre, Mamadou Lamine Loum, non moins ancien modérateur des Assises nationales.
Parmi ces derniers, quatre se sont fait représenter et quatre autres ont fait le déplacement. Il s'agit entre autres de Cheikh Tidiane Dièye de la coalition Président Bi Ñu Begg, Thierno Alassane Sall, Mamadou Lamine Diallo, candidat de la coalition « Tekki » et Serigne Mboup. Les candidats représentés sont Bassirou Diomaye Faye en détention préventive, l'ancien Pm Mahammed Boun Abdallah Dionne, Rose Wardini, candidate de « Sénégal nouveau » et l'ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall.
Devant les responsables de cette Coalition de la société civile pour l'application des recommandations de la Cnri, chacun de ces prétendants à la succession du président Macky Sall s'est engagé à mettre en application toutes les propositions de réformes s'il est élu au soir du 25 février. Premier à prendre la parole, Cheikh Tidiane Dièye de la coalition Président Bi Ñu Begg a indiqué que son programme de gouvernance est basé sur les recommandations des Assises nationales et de la Cnri. « Je n'ai pas enlevé une virgule de ce qui a été dit dans la Commission de réforme des institutions (Cnri) sur les mécanismes à mettre en place pour refonder les institutions : la justice, l'Etat de droit, la charte des libertés dans la Constitution et le pacte à mettre en place pour garantir le vivre ensemble entre Sénégalais », a-t-il annoncé avant de faire remarquer.
« Nous avons également prévu la mise en place d'une Cour constitutionnelle à la place de l'actuel Conseil constitutionnel avec un changement dans sa composition et son mode de fonctionnement. Nous avons repris tout ce que la Cnri a proposé et il ne reste qu'à attendre le moment venu pour réunir tous les acteurs du système judiciaire et discuter de la réactualisation de certaines choses ».
Prenant la parole à son tour, Thierno Alassane Sall a proposé une grille de mise en oeuvre des conclusions des Assises sous le contrôle d'un comité d'évaluation dont les membres ne seront pas nommés par le président de la République nouvellement élu mais issus de toutes les sensibilités parties prenantes des Assises. Poursuivant son intervention, l'ancien ministre de l'Energie a également suggéré un engagement de tous les candidats à mettre en oeuvre les réformes de la Cnri avant les prochaines élections législatives et territoriales pour dit-il, éviter que le président nouvellement élu ne profite de ces scrutins pour se construire une forte majorité et se détourner ainsi de ses engagements, comme cela a été le cas.
« Il faut que les gens s'engagent indépendamment du calendrier électoral à mettre en oeuvre toutes les réformes substantielles avant les élections législatives et locales, quitte à repousser ces échéances électorales pourvoir réaliser une fois pour toutes ces réformes », a-t-il prôné. Abondant dans le même sens, Mamadou Lamine Diallo, leader du mouvement Tekki, soulignant qu'en tant que membre actif des Assises nationales, il ne peut pas renier les conclusions du travail auquel il a pris part, invite l'ancien Premier ministre Mamadou Lamine Loum et ses collègues du comité à prendre toutes les dispositions pour éviter ce qui s'est passé avec le président Macky Sall. « Nous avons vécu douloureusement l'expérience Macky Sall. J'espère que cette fois-ci, on ne va pas ouvrir une fenêtre pour qu'on puisse signer avec des réserves même oralement. Sinon ce n'est pas la peine. Nous devons être sérieux devant notre peuple et devant l'histoire ».
Dernier à prendre parole parmi les candidats ayant fait le déplacement à cette audition, Serigne Mboup s'engageant à mettre en oeuvre toutes les réformes institutionnelles préconisées par la Cnri a indiqué avoir anticipé sur la question de la dissociation de la fonction de président de la République à celle de chef de parti politique en choisissant de mettre sur pied un mouvement en lieu et place d'un parti politique. Poursuivant son exposé, l'homme d'affaires et maire de la ville de Kaolack s'est engagé à mettre en application toutes les recommandations de la Charte de gouvernance démocratique des Assises nationales.
Il a annoncé dans ce sens sa volonté de supprimer la liste proportionnelle aux législatives pour que tous les députés de l'Assemblée nationale soient élus directement à la base au niveau des départements. Représentant du candidat Bassirou Diomaye Faye en détention préventive, Sidy Alpha Ndiaye professeur agrégé en Droit public tout en exprimant l'adhésion de son candidat aux conclusions de la Cnri a fait état d'une proximité idéologique et pragmatique entre les conclusions des Assises et de la Cnri et le programme Diomaye notamment pour ce qui est de l'Appel à candidature pour certains postes administratifs, de la question des réformes judiciaires et du système hyper présidentialiste.
Prenant à son tour la parole, son collègue professeur de Droit, Mounirou Sy, représentant du candidat Mahammed Boun Abdallah Dionne, a indiqué que son leader et sa coalition adhèrent totalement aux conclusions de la Cnri. Poursuivant son exposé, il a dans ce sens préconisé l'institutionnalisation de la charte en loi pour en faire une norme juridique insérée dans le préambule de la Constitution. De son côté, Ousmane Badiane représentant la candidate Rose Wardini, a indiqué que cette dernière s'engage non seulement à appliquer toutes les conclusions des Assises nationales mais aussi à réformer la justice et l'ouverture du Conseil constitutionnel aux anciens chefs d'Etat et Premiers ministres.
Dernier orateur à prendre la parole lors de cette rencontre qui a vu la participation de plusieurs personnalités de la société civile, Moussa Tine, représentant de Khalifa Ababacar Sall indiqué que l'ancien maire de Dakar « a déjà déclaré clairement qu'il est non seulement militant des Assises nationales mais s'est aussi engagé à appliquer tous les points des conclusions ». Poursuivant son intervention, il a annoncé que son candidat a déjà préparé un certain nombre de décrets dans ce sens qu'il va signer à partir du 3 avril, après son installation ».