Afrique de l'Ouest: Présidentielle au Sénégal - Tambacounda, dans l'attente du train

Au Sénégal, à quasiment un mois de l'élection présidentielle du 25 février prochain, nos correspondantes continuent à sillonner le pays pour aller à la rencontre des électeurs. Rendez-vous aujourd'hui à 500 kilomètres à l'est de la capitale sénégalaise, dans la ville-carrefour de Tambacounda. La localité se trouve au croisement de trois nationales qui mènent vers la Gambie, la Guinée et le Mali. La majorité présidentielle tient la ville, mais l'opposition gagne du terrain.

Derniers coups de pioche. Les pavés du parvis ont été fraîchement posés. Depuis quelques jours, plus d'une centaine d'ouvriers mettent les bouchées doubles pour rénover la gare qui date de l'époque coloniale. « Plus que doubles, même, corrige Malick Diedhiou, conducteur des travaux de réhabilitation de la ligne de chemin de fer. On a redoublé les effectifs et on est en train de mettre le paquet pour finir rapidement les travaux. »

Le calendrier électoral aidant, les trains de marchandises devraient se remettre à circuler sous peu entre Dakar et Tambacounda : les 185 km restant jusqu'au Mali continueront de se faire par la route, la ligne de chemin de fer n'ayant pas encore été restaurée sur ce tronçon.

Commerce avec les pays voisins très limité

La réouverture du train avait été annoncée pour fin 2021, puis décembre 2023. La ligne est fermée depuis sept ans et l'impatience est grande. Car sans chemin de fer, les possibilités de commerce avec les pays voisins sont bien plus limitées. Huit cent cinquante camions passent chaque jour à Tambacounda chargés de marchandises venues de Dakar ou du Mali, sur des routes de la taille d'une petite nationale... avec de gros problèmes d'accidents et des retards d'approvisionnement.

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La famille d'Aminata tient le restaurant de la gare depuis plus de 20 ans. Elle est donc aux premières loges : « Cela fait trois ans qu'on attend. Mali, Côte d'Ivoire, Guinée, Ghana, Burkina, tout le monde vient ici à Tamba, parce que c'est un carrefour ! Avant, ça marchait. Mais on voit que, depuis que le train est arrêté, ça ne marche pas, franchement. » Dans la boutique d'à côté, Aminata Sow, importe des vêtements pour femme de Turquie et de Tunisie. Elle espère que le rail réduira ses coûts et les aléas du transport routier : « C'est trop dur pour nous d'amener ici des marchandises. On peut payer 30 000 francs CFA, 50 000, ou même plus de 100 000 francs pour faire transporter des colis et amener ça ici. C'est trop cher. Parfois, on attend deux jours ou trois jours pour recevoir notre marchandise. Même parfois plus tard encore. »

Construction d'un port sec à l'arrêt

Dimanche 21 janvier, un train test a circulé entre Thiès et Tambacounda. La reprise du trafic des marchandises est de nouveau promise... pour les prochains jours, sans aucune date. Les voyageurs eux devront encore attendre que les quatre gares sur la ligne entre Dakar et Tambacounda soient restaurées avant de pouvoir reprendre ce train.

Un autre chantier est très attendu, la construction d'un port sec, pour que la ville de Tambacounda puisse augmenter ses capacités de commerce avec les pays voisins. Également pour que la ville dispose d'un lieu dédié à l'accueil des containers et des camions de marchandises. Ce projet a pris du retard : un terminal pour container va être finalisé dans un premier temps tout près de la gare.

Future université ?

Tambacounda se projette aussi sur sa future université. Bien que la région orientale compte 400 000 habitants, sa jeunesse doit pour l'instant toujours partir étudier à Dakar. Un site a été identifié et clôturé, mais depuis cinq ans, les travaux n'ont pas démarré. Les parents d'élèves et les étudiants s'impatientent, car il est très coûteux de se loger à Dakar. « Tambacounda a changé de visage, avec ses routes qui ont remplacé les pistes, confie un habitant qui y est né il y a 50 ans. Mais on ne peut toujours pas y faire ses études. »

Depuis dix ans, les maires qui se succèdent à la tête de Tambacounda sont membres du parti au pouvoir. L'actuel ministre de l'Intérieur Sidiki Kaba est originaire de cette ville. Mais si lors des dernières législatives en 2022, la coalition au pouvoir l'a une nouvelle fois emporté, près de la moitié des voix se sont portées sur l'opposition.

C'est donc un scrutin très ouvert qui s'annonce dans cette ville-carrefour où on parle aussi bien wolof que bambara ou peul. La modernisation des infrastructures constitue la principale attente de la population de Tambacounda.

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