Pour faire face au manque de mobilier pour les écoles de Madagascar, la ministre de l'Éducation nationale a lancé un appel aux dons controversé. Marie Michelle Sahondrarimalala a appelé au « patriotisme » et invité les citoyens à acheter directement un table banc. Un appel qui a suscité l'indignation sur les réseaux sociaux et du côté d'une partie de la société civile.
Tout juste reconduite à son poste, la ministre malgache de l'Éducation nationale a lancé un appel aux dons controversé. Selon elle, il manque deux millions de tables bancs pour les élèves des écoles publiques de Madagascar et le budget de l'État permet de n'en financer que 45 000.
Ainsi, pour combler la différence, la ministre demande aux Malgaches de mettre la main au portefeuille. Pour le ministère de l'Éducation nationale, un appel aux dons de matériel scolaire doit révéler « jusqu'où les citoyens sont prêts à contribuer » au développement de Madagascar. Mais alors qu'avec près de 1 800 milliards d'ariarys, le budget de l'Éducation est le troisième poste de dépenses le plus important de l'État, cette initiative est perçue pour beaucoup comme un aveu de mauvaise gestion.
D'autant plus qu'il y a une semaine, lors du premier Conseil des ministres de son nouveau gouvernement, le chef de l'État avait affiché la volonté que les « enfants malgaches étudient dans des établissements modernes ».
« Nous sommes un peu choqués par la déclaration. Ce n'est tout d'avoir des infrastructures aux couts exorbitants », tance Miary Ranaivoson, membre du MoNEPT (mouvement national pour l'éducation pour tous). Et d'ajouter : « Aujourd'hui, les élèves s'assoient au sol. Les tables bancs, c'est le strict minimum nécessaire pour le bon fonctionnement de l'enseignement. Cet appel aux dons démontre que les besoins vitaux tels que les tables bancs ne sont pas la priorité du ministère ».
« L'État n'a plus de moyen »
Joint par RFI, le ministère de l'Éducation nationale parle d'un geste dédié à renforcer l'esprit patriotique des citoyens. Ses dons doivent également faire tourner une entreprise d'État en difficulté ces dernières années, la CnapMad, où les Malgaches pourront directement commander leurs tables bancs avant d'en faire un don à l'école de leur choix.
Pour Paul Rabary, ancien ministre de l'Éducation nationale, le gouvernement tente simplement de composer avec des moyens insuffisants. « Ça n'est pas une question de priorité car tout est prioritaire dans l'éducation. Moi je pense que toutes les initiatives sont bonnes à prendre. Et l'appel aux dons de Mme la ministre n'est pas une si mauvaise chose que ça. Ça prouve quelque part que l'État est défaillant car l'État n'a plus de moyen. Mais il faut aussi voir la réalité en face : Madagascar est un pays pauvre et l'État malgache est pauvre », explique-t-il.
À Madagascar, un table banc coute en moyenne 140 000 ariary, soit plus de la moitié du salaire minimum malgache.