Au Zimbabwe, le chef de l'opposition, Nelson Chamisa, quitte son propre parti dénonçant son infiltration par le gouvernement. « Avec effet immédiat, je n'ai plus rien à voir avec la Coalition des citoyens pour le changement [CCC] », a déclaré l'opposant, candidat malheureux à la présidentielle contestée d'août 2023.
« La Coalition des citoyens pour le changement est devenue une extension de la Zanu-PF qui en a pris le contrôle », a ajouté Nelson Chamisa. En novembre dernier, la CCC avait en effet rappelé 33 sénateurs et députés élus, accusés d'être des imposteurs au sein du parti d'opposition. Depuis des années, l'opposition est déchirée par des rivalités internes, bien souvent manipulées par le parti au pouvoir. C'est ce qu'explique le chercheur Piers Pigou.
« D'une certaine façon, il a raison et cela a toujours été un problème dans l'opposition. La Zanu-PF par exemple va sponsoriser des candidats, soudoyer des députés avec d'importantes sommes d'argent, ce qui va compromettre leur intégrité. Par exemple l'année dernière, il a été offert à tous les députés un prêt de 40 000 dollars. Ce ne sont pas des prêts, ce sont des pots de vins !
« Dans le contexte de morosité dans lequel vit la population, imaginez que vous êtes un député et que vous gagnez 300, 400, peut-être même 500 dollars par mois, si vous avez de la chance, et que l'on vous propose un prêt de 40 000 dollars pour vous aider, c'est très difficile de refuser, si vous n'avez pas d'autres alternatives financières. Et c'est là-dessus que joue la Zanu-PF. Elle appauvrit les gens afin de pouvoir renforcer son contrôle sur eux et pouvoir les manipuler à des fins politiques », analyse le chercheur Piers Pigou.