Ile Maurice: Dooshiant Ramluckhun, Tania Diolle et le mur de la discorde

Le mur du cimetière St.-Jean est en passe d'être reconstruit, les travaux s'étant accélérés durant la semaine écoulée. Mais les polémiques continuent de pleuvoir dans le sillage des grosses averses engendrées par Belal tout récemment et la menace d'autres cyclones et grosses averses. La «guerre verbale» entre la secrétaire parlementaire privée (PPS) Tania Diolle et le maire de Quatre-Bornes, Dooshiant Ramluckhun est même déclarée, semble-t-il...

Mais avant revenons d'abord au mur du cimetière St.-Jean qui a cédé pendant les inondations du 8 novembre 2023. Les travaux, indique-t-on, ont débuté depuis décembre déjà et on met actuellement les bouchées doubles après une autre inondation faisant suite au passage du cyclone Belal, le lundi 15 janvier, lors duquel des os humains et même une tombe ont atterri sur la propriété de ceux qui habitent à proximité. Le coût des travaux, explique Dooshiant Ramluckhun, maire de la ville des fleurs : Rs 4,4 millions. «Et l'entrepreneur, la société Modern Jurassic Building and Construction Ltd, a six mois pour les compléter mais à la vitesse où ils vont, il est certain que les travaux prendront fin avant cette date butoir.»

Dooshiant Ramluckhun précise qu'il y a eu des problèmes à régler entourant les tenders pour ériger à nouveau le mur en novembre. «Nous avions lancé deux tenders et la deuxième fois, on nous demandait Rs 14 millions. Or avec la société Modern Jurassic Building and Construction Ltd, on a eu pour beaucoup moins. Le mur sera en béton armé et bien sûr sera remis à neuf avec ses pierres taillées», explique le maire de Quatre-Bornes.

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Pour ce qui est de l'autre pan de mur du cimetière qui s'est écroulé après le passage du cyclone Belal, notre interlocuteur stipule qu'à l'heure actuelle, le ministère des Infrastructures nationales «travaille dessus. Les discussions entourant les travaux qui devront suivre sont actuellement en cours». Les habitants craignent cependant que malgré la construction du nouveau mur, sans plan d'évacuation des eaux, ils risquent encore de voir voguer des tombes et leurs meubles lors des prochaines averses. «Où est-ce que l'eau accumulée dans le cimetière sera évacuée», se demandent-il. «Eski Bobby pou al fer drain dan simityer ousi ?», ironisent-ils.

Dooshiant Ramluckhun n'a pas été très loquace face à cette question, se contentant d'affirmer que le cimetière ne sera pas barricadé et sera ouvert. Ainsi, selon lui, le passage de l'eau ne sera pas bloqué par les murs et les lieux ne seront ainsi pas inondés. Ce serait d'ailleurs un des points de discorde qui surgissent en ce moment avec la PPS Tania Diolle. Les deux n'ont pas voulu s'étaler sur leur différend, insistant tous deux officiellement qu'il n'y a aucune bisbille entre eux et qu'ils entretiennent des relations professionnelles pour le bien-être des habitants de Quatre-Bornes.

Or il s'agit d'une toute autre histoire. Selon l'entourage de Dooshiant Ramluckhun, la protégée d'Alan Ganoo a eu une réunion houleuse avec les conseillers municipaux, il y a peu. La députée aurait, selon ces sources, élevé la voix et n'allait pas du tout dans la même direction que les autres. «Elle parlait de retirer des arbres à Old Moka Road alors que le contraire avait été décidé. Il semblait que la municipalité allait dans une direction et elle dans tous les sens. Tania Diolle a un problème, elle ne peut pas travailler en équipe. Il n'y a qu'à voir sa relation avec son colistier Kavy Ramano», relate-t-on.

Pour rappel, plusieurs sources ont confié que Diolle et Ramano ne peuvent plus collaborer et ne s'adresseraient même plus la parole. L'on soutient même que les deux feraient cavaliers seuls dans leur circonscription. Et que Kavy Ramano va jusqu'à boycotter la PPS lors des fonctions officielles qu'il organise.

Du côté de la PPS, ceux qui la côtoient soulignent qu'elle aurait soutenu n'avoir pas «crié» sur les conseillers du MSM et que Tania Diolle leur aurait confié qu'elle avait eu un différend avec une conseillère d'un autre parti politique. «Toujours est-il qu'il est tout aussi grave si tel est le cas et qu'elle n'avait aucun droit d'agir de la sorte sous aucun prétexte», fait valoir le camp adverse.

Dans le camp Diolle, l'on affirme qu'elle «n'a pas dit à Dooshiant Ramluckhun ce jour-là qu'il était un kouyon mais elle aurait dit ceci : 'Aret sa zwé kouyon-la !'» Selon ceux à qui nous avons parlé, Tania Diolle aurait aussi indiqué à tous ceux qui veulent l'entendre qu'elle attendait les «minutes of meeting» pour se défendre.

Toujours selon les informations recueillies, le maire et la PPS n'étaient aussi pas sur la même longueur d'onde quant aux mesures qui devront être prises pour St.-Jean. Dooshiant Ramluckhun privilégierait des «lieux et trous qui devront être creusés» à travers la région pour l'évacuation de l'eau alors que Tania Diolle parlerait de la construction de drains par la National Development Unit, déjà en cours à St.-Jean depuis octobre, rappelle-t-on. Toujours est-il que durant les jours qui suivent, nous devrions savoir qui dit vrai et qui ment car la réunion, explique-t-on, était enregistrée...

Les camions-bennes sillonnent Quatre-Bornes

Depuis quelques jours, des camions-bennes sillonnent divers endroits à Quatre-Bornes et cela jusqu'à fort tard dans la soirée pour ramasser les ordures. Une initiative qui intervient non seulement après le passage des deux cyclones, Belal et Candice mais aussi après le Cavadee. «Nous avons noté que plusieurs habitants avaient dû se débarrasser de leurs meubles, des sofas, des matelas et autres après avoir été impactés par les inondations. Puis, il y a des branches, des arbres qui ont dû être élagués. Nous nous sommes alors tournés vers des entrepreneurs du privé pour les camions-bennes. Nou finn ousi pren JCB loué pou netwayé. Car les rivières et les drains aussi sont en train d'être nettoyés à l'initiative de la municipalité de Quatre-Bornes», fait valoir le maire.

Dooshiant Ramluckhun sous les eaux...

Des vidéos du maire en costume, l'eau jusqu'aux chevilles, effectuant des visites à St.-Jean notamment, lors des inondations, ont fait le tour des réseaux sociaux et ont été diversement commentées. D'aucuns n'ont pas manqué de faire remarquer qu'il était venu dans des endroits touchés par la montée des eaux en «sémiz ek soulyé verni». Ce dernier a indiqué qu'il s'était dans un premier temps rendu à des réunions du National Emergency Operations Command, entre autres endroits, avant de se rendre sur le terrain, d'où sa tenue. «Monn vinn direk lor terain, monn vinn ed dimounn. Il ne faut pas juste tout critiquer...»

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