Afrique de l'Ouest: Une décision historique

29 Janvier 2024

Les chefs d'Etat du Burkina, le capitaine Ibrahim Traoré, du Mali, le colonel Assimi Goïta et du Niger, le général de brigade Tiani Abdramane ont décidé du retrait des trois pays, de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, (CEDEAO), à travers un communiqué commun lu dans les télévisions publiques de ces trois Etats. Quarante-neuf ans après la naissance historique d'un espace à la fois politique et économique en mai 1975 à Lagos au Nigéria, l'histoire retiendra aussi qu'à la création de ce regroupement, les trois pays étaient dirigés par des fils en uniformes.

Les généraux Moussa Traoré du Mali, Aboubacar Sangoulé Lamizana de la Haute-Volta et le lieutenant-colonel Seyni Kountché du Niger. Des dignes fils d'une Afrique, qui ont fondé leur crédo sur une Afrique de solidarité, de fraternité. Ils ont particulièrement milité pour une véritable intégration des peuples en Afrique de l'Ouest, éliminant les barrières artificielles qui séparent les populations. Quarante-neuf ans après, ces trois pays qui ont tout en commun, ont compris que leur volonté de prendre en main leur destin transcende tout conformisme. Aussi ont-ils décidé de claquer la porte de la CEDEAO.

Quand le Mali est attaqué par des terroristes, quand le Burkina subit les mêmes désastres et le Niger meurtri par ces mêmes violences, ce qu'ils attendaient de l'espace est venu en termes d'exclusion, de menaces, de sanctions prises sans égards pour et contre les populations. Le comble a été la menace d'aller en guerre contre le Niger pour rétablir le président Bazoum déchu. Dans une CEDEAO qui se veut un espace communautaire préparé à se donner la main, des dirigeants ont estimé qu'elle ne donne pas à leurs pays le bonheur que tout peuple attend, ou à tout le moins, la dignité qu'il mérite.

Dès lors, cette CEDEAO, de toute évidence, ne répondait plus aux aspirations de cette partie du continent. Pourtant, si les autres dirigeants interrogeaient leur intérieur, ils se seraient rendus compte que le combat mené à Ouaga, à Niamey et à Bamako est bien celui de la libération du continent contre la férule humiliante et la rapacité. Le Mali, le Burkina et le Niger sont partis. Ils savent que le parcours ne sera pas un long fleuve tranquille. S'ils réussissent, ce qui constitue le voeu pieux des trois peuples, c'est le reste des Etats de ce regroupement qui risque de voler en éclats.

Dans ce nouveau destin qui s'écrit, toute la communauté de l'Alliance des Etats du Sahel (AES) devra se mettre debout. C'est un rôle historique, dont il faut absolument participer à l'élaboration et au renforcement. Tous suspendus des différents organes de la CEDAO, le Burkina, le Mali et le Niger viennent donc de couper court à leur mise à l'écart en se retirant purement et simplement de cette institution sous régionale.

Et pour cause, depuis mai 2021 pour le Mali, janvier 2022 pour le Burkina et juillet 2023 pour le Niger, ces pays du Sahel sont écartés des instances de la CEDEAO. Entre se battre aujourd'hui pour nos enfants et se morfondre pour ne rien laisser à la future génération, les Etats de l'AES ont vite fait le choix d'assumer leur pleine souveraineté.

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