Le Sénégal affronte, ce lundi 29 janvier 2024, à 20 heures, la Côte d'Ivoire, au stade Charles Konan Banny de Yamoussoukro. Un test grandeur nature pour les champions d'Afrique qui devront confirmer leur convaincante entame s'ils veulent continuer l'aventure et conserver leur couronne acquise en 2022, au Cameroun.
Leur chemin aurait pu se croiser en demi-finale de la Can si la Côte d'Ivoire avait terminé à la première place du groupe A et passé son huitième et quart de finale sans ambages. Ou en finale si les «Éléphants» avaient terminé à la deuxième place. Mais les aléas du football ont fait que l'équipe ivoirienne, pourtant favorite de sa poule, a, à la surprise générale, terminé à la troisième place. Une contre-performance qui la met prématurément sur la route du Sénégal. Une affiche très inattendue à ce stade de la compétition, mais qui promet d'être très disputée.
Le Sénégal, seule équipe à avoir réalisé le carton plein lors des phases de groupe, est attendu pour confirmer ses bons débuts. Mais comme l'a souvent répété Aliou Cissé, les matchs se suivent et ne se ressemblent pas. Et le sélectionneur sénégalais, malgré ses performances, refuse de s'enflammer. Les souvenirs de «Gabon 2017» sont encore vivaces dans son esprit. Le Sénégal, après deux victoires et un nul, s'était fait sortir en quart de finale par le Cameroun. Cette désillusion, Cissé ne veut pas la revivre. C'est pourquoi il compte avancer prudemment et aborder ses matchs un à un.
Et ce lundi, ce sera face à la Côte d'Ivoire, blessée dans son orgueil parce que humiliée par une surprenante équipe de Guinée Équatoriale insolente de réalisme et qui a dû être repêchée à la suite de la victoire du Maroc (1-0) sur la Zambie. Cette humiliation combinée au refus de la France de lui «prêter» Hervé Renard, celui-là même qui avait gagné le titre continental avec l'équipe en 2015, sera certainement un motif de révolte pour les «Éléphants» qui ont montré de grosses limites dans leur jeu malgré un effectif de qualité.
Avec un bilan d'une victoire et de deux défaites, la Côte d'Ivoire joue son destin face au champion en titre et n'a plus le droit à l'erreur. Le défi est donc de taille. À défaut de se faire prêter Hervé Renard par la Fédération française de football (Fff), l'équipe sera conduite par Emerse Faé, adjoint de Jean-Louis Gasset, remercié en plein tournoi. Il aura la difficile mission de résoudre l'équation sénégalaise. Pour rester en vie, ses joueurs devront montrer un bien meilleur visage que contre le Nigeria et la Guinée Équatoriale.
Dans ce choc qui a tout du match piège, Aliou Cissé devra composer avec un effectif au complet avec les retours d'Abdou Diallo (retour de suspension), de Lamine Camara et Moussa Niakhaté qui ont manqué le match contre la Guinée pour des raisons de blessure, et éventuellement, de Pape Guèye. Ce lundi sera donc un jour de vérité pour les «Lions» qui devront prouver, face aux «Éléphants», qu'ils sont dignes de leur statut et qu'ils méritent bien de poursuivre l'aventure.
L'AUTRE AFFICHE
CAP-VERT - MAURITANIE, À 17 H
Confirmation attendue
Bourreau de l'Algérie en phase de poules, l'équipe de la Mauritanie qui s'est qualifiée pour la première fois de son histoire, en huitième de finale, n'aura qu'un rêve, cet après-midi, au stade Félix Houphouët-Boigny, face au Cap-Vert : poursuivre l'aventure. Pour y arriver, elle devra mettre hors de course les «Requins Bleus», éliminés il y a deux ans, au Cameroun, par le Sénégal (2-0) à ce stade de la compétition, et qui auront aussi la même ambition. Une mission qui s'annonce très ardue face à une équipe qui a fait sensation dans cette Can et qui n'a pas fini de nous réserver des surprises. Invaincue dans un groupe composé de l'Égypte, du Ghana et du Mozambique, l'équipe de Pedro Leitao Brito veut faire mieux qu'en 2022 et même rééditer l'exploit de 2013 en Afrique du Sud, où elle avait atteint les quarts.
Sur le papier, les «Requins Bleus» sont favoris. Un statut qu'ils vont devoir bien assumer, mais ils devront bien se méfier de cette équipe mauritanienne qui a montré face à l'Algérie, qu'elle savait déjouer les pronostics. Et il est certain qu'Amir Abdou sera tenté de rééditer son coup face au Cap-Vert. Face à des «Mourabitounes» miraculés et gonflés à bloc, les «Requins Bleus» devront faire très attention pour ne pas connaître de mauvaises surprises. Amir Abdou qui a réussi à offrir à la Mauritanie sa toute première victoire en phase finale de Can et, cerise sur le gâteau, une qualification en huitième, voudra aller le plus loin possible dans cette compétition. La confirmation est donc attendue du côté des deux équipes. Le vainqueur de la rencontre affrontera celui entre l'Afrique du Sud et le Maroc.
AU COEUR DE LA CAN
RANDONNÉE DE LA COHÉSION
Ivoiriens et Sénégalais ont marché pour l'unité
Les autorités locales de Yamoussoukro ont organisé, samedi, une randonnée entre les peuples de la Côte d'Ivoire et du Sénégal, dans le but de renforcer la cohésion entre les deux nations. Ces derniers ont marché côte à côte, afin de sensibiliser les supporters des deux pays sur la nécessité de renforcer ces liens fraternels en vue du huitième de finale de la Coupe d'Afrique des nations (Can) qui les oppose aujourd'hui.
YAMOUSSOUKRO - La rencontre Sénégal-Côte d'Ivoire de ce lundi constitue, selon plusieurs spécialistes, le plus gros choc des huitièmes de finale de la Coupe d'Afrique des nations (Can) 2023 et l'un des plus gros matches à risque de cette compétition. C'est normal, si l'on tient compte du statut des deux équipes et de leur vécu en Afrique. Premier de son groupe avec trois victoires en autant de sorties, le Sénégal ne se cache pas et veut se succéder à lui-même. Par contre, la Côte d'Ivoire, pays organisateur, a éprouvé toutes les difficultés du monde pour se qualifier au second tour et elle n'a dû son salut que grâce à la conjonction de circonstances favorables en terminant à la quatrième et dernière place des meilleurs troisième, synonyme d'un repêchage in extremis. Lorsque ces deux équipes se rencontrent, il y a toujours de l'électricité en l'air et l'on se souvient que le stade Léopold Sédar Senghor avait été suspendu, en novembre 2009, pour une durée d'un an, à la suite d'échauffourées qui avaient suivi l'élimination du Sénégal par son adversaire du jour, aux barrages qualificatifs pour la Coupe du monde 2010, en Afrique du Sud.
Pour ne pas revivre de pareilles situations, les autorités locales ivoiriennes ont pris les devants en organisant une randonnée dite de la « cohésion entre les supporters des deux pays pour une opération de sensibilisation ». Cette opération a été plus que réussie, puisque la place de la Fondation Houphouët-Boigny, qui a servi de point d'arrivée aux marcheurs, a été pleine de monde, tous unis pour cette même cause.
Une belle initiative, selon Mascara Diabaté, députée de la commune de Yamoussoukro. « Cette randonnée dénote de l'unité africaine. À travers cette marche de la cohésion que le préfet du département de Yamoussoukro a bien voulu organiser à l'attention de toutes les équipes qui vont compétir, nous voulons montrer que le Sénégal et la Côte d'Ivoire sont un seul peuple », a-t-elle déclaré. Le but de cette marche de cohésion, a-t-elle ajouté, est de marquer les festivités du huitième de finale qui va se jouer ce lundi entre les « Lions » du Sénégal et les « Éléphants » de la Côte d'Ivoire. « Il faut que nous soyons en parfaite cohésion parce que nous ne sommes pas des adversaires mais des frères. Que le meilleur gagne et je souhaite que ça soit la Côte d'Ivoire », a-t-elle laissé entendre.
Félicien Gaumont, conseiller municipal et représentant du maire de Yamoussoukro, a abondé dans le même sens. Les deux peuples, a-t-il rappelé, sont frères et, à son avis, les valeurs du sport servent à unir et non à diviser. « Yamoussoukro est un symbole de paix mondialement connu et nous avons profité de cette pause sportive de la Can pour resserrer les liens de cohésion, de fraternité et de paix. Nous ne jouons pas contre le Sénégal mais avec le Sénégal. On est de la même famille avec ce peuple frère dont nous sommes proches géographiquement et culturellement », a-t-il noté. Et d'ajouter : « Le sport est, avant tout, un jeu et l'enjeu ne doit pas prendre le dessus. Les Sénégalais sont des frères pour nous et on ne peut pas nourrir des ambitions et laisser transparaître la haine. Nous marchons main dans la main et on doit féliciter le vainqueur et encourager le vaincu », fait-il savoir.
Présent aux côtés de ses frères ivoiriens, Cheikh Tidiane Fall, ancien chef du desk Sports au Soleil a, lui, souligné la relation forte qu'entretiennent les deux pays et a appelé à les préserver pour les générations futures. « C'est une bonne initiative des autorités ivoiriennes d'organiser cette randonnée parce qu'il y a beaucoup d'enjeux qui entourent le match Sénégal - Côte d'Ivoire de ce lundi comptant pour les huitièmes de finale de la Coupe d'Afrique des nations (Can). Mais on ne doit pas perdre de vue que cela reste du football et qu'il ne devrait pas diviser des pays africains, a fortiori des pays qui ont des relations très fortes qui remontent à longtemps. C'est la raison pour laquelle les autorités locales ont organisé cette randonnée pour rappeler cette vérité, mais aussi, pour sensibiliser les populations pour que ce match se déroule dans le fair-play. La Côte d'Ivoire et le Sénégal sont deux pays frères et que tout le monde devrait faire en sorte que ça se passe bien tout en poussant son équipe pour la gagne ».
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