Des panélistes marocains et étrangers issus des sphères économique, financière et culturelle ont plaidé, jeudi à Casablanca, en faveur de la promotion de l'investissement privé dans le secteur culturel et créatif.
Réunis dans le cadre d'une journée d'étude sous le thème "Financer la culture : enjeux, modalités et perspectives", ces professionnels ont mis en avant l'importance de soutenir le développement économique et social du Royaume à travers un investissement accru dans la culture, soulignant la nécessité d'encourager les partenariats public-privé et de créer un environnement favorable à l'émergence d'entreprises culturelles et créatives dynamiques.
S'exprimant lors d'un panel sous le thème "Quel financement pour la culture?", la présidente de la Fédération des industries culturelles et créatives (FICC), Neila Tazi, a insisté sur l'impératif pour le secteur culturel et créatif de gagner la confiance des investisseurs en offrant des garanties similaires à celles accordées aux start-up.
Mettant en évidence la centralité du financement pour le secteur culturel et créatif, Mme Tazi a appelé à promouvoir et à faciliter l'accès aux mécanismes de financement pour les professionnels de ce secteur qui cherchent à développer leurs projets et à stimuler l'innovation culturelle.
"La concrétisation de la plupart des projets culturels requiert un investissement dans le temps ainsi qu'un financement approprié pour s'inscrire dans la chaîne de production et inspirer la confiance des investisseurs privés", a-t-elle dit.
De son côté, le directeur général de TAMWILCOM, Hicham Zanati Serghini, a affirmé l'engagement de son institution à soutenir activement le développement du secteur culturel en fournissant des outils financiers adaptés à ses besoins spécifiques, tout en travaillant en étroite collaboration avec l'Etat pour orienter les financements vers ce secteur prometteur.
M. Zanati Serghini, qui a apporté un éclaircissement sur les modalités de financement des projets culturels, a fait remarquer que depuis 2013, TAMWILCOM propose des offres spécifiquement conçues pour les secteurs culturels et créatifs, avec des garanties pouvant atteindre jusqu'à 60% ou 70%.
"Notre rôle ne se limite pas au financement. Nous travaillons en amont avec les acteurs du secteur pour développer leurs projets, élaborer des business plans solides et présenter leurs perspectives de rendement aux investisseurs", a-t-il expliqué.
Pour sa part, le directeur de la Société financière internationale (IFC - International Finance Corporation) pour le Maghreb et Djibouti, Xavier Reille, s'est penché sur les motivations d'investir dans les industries culturelles et créatives, mettant en avant leur importance croissante sur le plan économique, leur contribution à l'emploi des jeunes, ainsi que leur potentiel d'innovation.
Il a également proposé des stratégies pour encourager l'investissement, notamment une analyse approfondie du secteur, un dialogue avec le gouvernement et des partenariats avec des fonds spécialisés.
"Surmonter les obstacles au financement dans le secteur culturel nécessite une approche collaborative impliquant les investisseurs, le gouvernement et les acteurs locaux", a précisé M. Reille, recommandant la sensibilisation des acteurs de ces secteurs aux différentes possibilités de financement disponibles, notamment à travers des initiatives telles que des ateliers d'information et des programmes de mentorat financier.
Prenant la parole à son tour, Virginie Civrais, directrice générale de "ST'ART Invest" - (Fonds d'investissement pour les industries culturelles et créatives en Wallonie et à Bruxelles), a exposé l'expérience de son département, mettant en exergue les défis rencontrés, les succès obtenus et les leçons apprises lors de son soutien aux initiatives culturelles et créatives dans ces régions.
Elle a, par ailleurs, passé en revue les modalités de financement, leurs avantages, ainsi que les critères d'éligibilité pour les candidats cherchant à obtenir un soutien financier pour leurs projets culturels et créatifs.
Le président du Centre marocain pour l'innovation et l'entrepreneuriat social (MCISE), Adnane Addioui, a, quant à lui, mis l'accent sur le potentiel du "crowdfunding" à mobiliser des fonds pour soutenir les projets culturels et créatifs, tout en soulignant les risques inhérents à cette pratique et la nécessité de développer des mécanismes pour les gérer de manière efficace.
Dans cette perspective, M. Addioui a appelé à une réglementation adéquate pour encadrer cette forme de financement participatif afin de maximiser les bénéfices pour les initiatives culturelles et créatives.
Initiée par la FICC en partenariat avec la Délégation générale Wallonie-Bruxelles au Maroc, cette journée d'étude marquée notamment par la tenue d'un autre panel sous le thème "Succès des projets culturels", a offert aux intervenants l'opportunité d'examiner en profondeur les modalités de financement du secteur culturel et créatif, autour d'une plateforme favorisant l'échange d'expertise et de bonnes pratiques en la matière.