Après victoire aux tirs au but contre le Sénégal, le sélectionneur de la Côte d'Ivoire Emerse Fae a animé la traditionnelle conférence de presse.
L'analyse du match.
On a eu un début de match difficile, on a mis 10-12 minutes à rentrer dans le match, à se mettre en place tactiquement, à coordonner les déplacements quand le Sénégal jouait sur la largeur. On a pris ce but très très vite et ça aurait pu nous mettre la tête sous l'eau parce que de là où on vient, j'avais peur d'encaisser un but rapidement, c'est ce qui s'est passé. Derrière, ce qui est ici, là où il faut féliciter les joueurs, c'est qu'ils ont eu une réaction d'homme. J'avais demandé avant le match de retrouver mes éléphants, de retrouver mes hommes, de retrouver mes guerriers et sur ce match, sur cette qualification, ils m'ont montré que c'étaient des guerriers.
On a vu ce soir que tu connaissais véritablement tes hommes, on salue ton quotidien, je voudrais donc savoir, est-ce qu'avec Jean-Luc Gasset, tu avais le droit de décider ?
Bien sûr, bien sûr, bien sûr que j'avais le droit de le dire, c'est comme aujourd'hui, j'ai Guy et Félix à mes côtés. On discute, on donne chacun notre avis, et à la fin, c'est moi qui décide, et c'est exactement ce qui se passait avec Jean-Luc, et je donnais mon avis, et à la fin c'est lui qui décidait.
Juste avant le début du match, qu'est-ce que tu as ressenti à ce moment-là, est-ce qu'il y avait une pression particulière. Parce que ce n'est pas n'importe quel match, c'est la première fois que tu entraînais à ce niveau-là. Comment on vit ça, ces moments d'émotion juste avant ?
Non, c'est dur, c'est dur, il y a la pression, on ne peut pas se mentir, la journée a été très longue, la journée a été très longue. Je n'ai pas réussi à faire ma sieste quotidienne, parce que j'étais en train de réfléchir à tous les scénarios qui pouvaient arriver, si on marque vite, si on encaisse un but rapidement, si on n'arrive pas à se mettre en place tactiquement. J'étais en train d'anticiper tous les scénarios qui pouvaient arriver dans le match, donc oui, ça a été une journée difficile. Après vous dire que je n'avais pas la pression, ce serait vous mentir, bien sûr que la pression, elle est là, la pression naturelle d'un huitième de finale de CAN contre le Sénégal, qui est le tenant du titre et qui est parmi les favoris. Oui, ça met la pression, mais c'est une pression positive, c'est une pression que j'aime finalement, parce que je suis un compétiteur, et à la fin, c'est ce qui nous permet de nous transcender.
Est-ce que le fait d'avoir gagné le Sénégal champion d'Afrique en titre vous permet d'espérer le titre ?
Moi, depuis lundi dernier et la défaite contre la Guinée équatoriale 4-0, je prends les matchs les uns après les autres, et aujourd'hui, oui, on a battu le Sénégal. Enfin, on a éliminé le Sénégal, on a retrouvé un état d'esprit, c'est une bonne chose, mais on ne va surtout pas s'enflammer. On vient tellement de loin qu'on ne va pas s'enflammer, on va continuer à travailler, continuer à travailler notre solidité, garder cet état d'esprit qui nous donnera des forces pour peut-être aller chercher le titre. Mais pour le moment, on se concentre sur le quart de finale, on va regarder demain tranquillement qui sera notre adversaire, et on va prendre les matchs les uns après les autres.
Vous avez célébré votre 40e anniversaire le 24, et vous avez été pris le banc ce jour-là. Ces cinq jours ont été les plus difficiles pour vous, en tant que coach, de prendre cette énorme responsabilité que je sais que vous n'avez jamais espéré pendant la CAN ?
Non, les 5 jours, franchement, ça a été difficile, parce que mercredi soir, on s'est qualifiés grâce au Maroc, et dans la foulée, on apprend qu'on doit jouer contre le Sénégal. Donc les deux premiers jours, c'était vraiment pour se concentrer sur nous et retrouver un peu de confiance, parce que le groupe avait la tête sous l'eau. Donc les deux premiers jours étaient consacrés à ça, puis après, on s'est vraiment focalisés sur ce match du Sénégal, avec tous les schémas tactiques qu'on voulait mettre en place pour contrer cette équipe, qu'on avait bien étudiée, et à partir de là, on a tout misé sur l'état d'esprit, sur le goût de l'effort. C'étaient des séances qui ont été difficiles, où il y avait beaucoup d'intensité, on voulait que les joueurs déjà en entraînement puissent être au fond de leur réserve, et voilà, aujourd'hui ça a porté ses fruits, on profite.
Après avoir encaissé, quel a été votre discours et les choix tactiques pour surprendre l'équipe du Sénégal ?
Déjà, avant le match, je leur avais dit qu'entre une équipe comme le Sénégal, il peut tout se passer, on peut prendre un but très très vite, comme on peut marquer très très vite. Mais surtout ne rien changer, ne pas s'affoler, ne pas paniquer, ne rien changer, ne rien changer au plan qui était là depuis le départ, que quoi qu'il arrive, on aurait du temps. À la mi-temps, j'ai tenu le même discours, j'ai dit les gars, on a encore 50 minutes à jouer avec les arrêts de jeu, il ne faut pas commencer à aller dans tous les sens, restons structurés, restons organisés, restons compacts et quand on a le ballon, continuons à sortir le ballon de derrière. Je leur ai juste demandé d'être un peu plus méchants offensivement, d'apporter plus de danger dans le dos de la défense sénégalaise parce que je savais qu'ils n'aimaient pas trop défendre en courant vers leur but. Le discours, il a été de ne pas s'affoler, de ne pas paniquer, de garder nos principes qu'on a mis en place depuis jeudi et que quoi qu'il arrive, on va les récompenser.
Certes, vous avez certainement accepté de pouvoir endosser cette pression afin de permettre aux pays de franchir cette étape. Alors, dites-nous, comment vous êtes parvenu avec cette équipe qui sort du déculotté face à la Guinée équatoriale ?
Comme je l'avais dit en conférence de presse d'avant match, c'est un groupe que je connais parce que ça fait un an et demi que je le côtoie. C'est un groupe que je connais, je savais qu'après la défaite face à la Guinée équatoriale ça allait être difficile. Mais ce qui nous a donné un peu de force et d'espoir, c'est la qualification. Même si c'était grâce au Maroc, ça nous a redonné un peu de confiance, un peu de joie. Après, il fallait qu'on se redonne confiance et pour se donner confiance, il faut retrouver les bases du football. C'est-à-dire quand vous voulez gagner un match, déjà défensivement, il faut être ensemble, il faut être structuré. Donc on a vraiment, vraiment insisté sur cet aspect tactique-là. On voulait vraiment reformer ce bloc qui avait fait défaut contre la Guinée équatoriale. On savait très bien qu'avec la qualité des joueurs qu'on a, quoi qu'il arrive, si on était en place et si on ne prenait pas de buts et si on ne conservait pas trop d'occasion, on savait que tôt ou tard, on allait s'en procurer, et, marquer.