De notre envoyée spéciale à Rome, Mariem Khadimallah

Le Sommet Italie-Afrique marque le début d'une nouvelle ère de partenariat et de coopération entre l'Europe et l'Afrique. En s'attaquant aux défis de manière collective et en favorisant un développement inclusif, ce sommet offre une lueur d'espoir pour un avenir plus prospère et durable pour les deux continents.

Le Président de la République, Kaïs Saïed, a pris part hier aux travaux du Sommet Italie-Afrique à Rome, une initiative majeure visant à établir un partenariat stratégique entre l'Italie et les nations africaines.

Dénommé « Plan stratégique Italie-Afrique : Plan Mattei », ce sommet, qui s'étend sur une période initiale de quatre ans, avec la possibilité de renouvellement, marque un tournant majeur dans les relations entre l'Italie et les pays africains et offre d'une manière générale une plateforme pour un dialogue constructif entre l'Afrique et l'Europe sur des questions cruciales telles que le changement climatique, la sécurité alimentaire, l'immigration, l'éducation, la santé, l'agriculture, les énergies renouvelables... La présence de 23 chefs d'État et de gouvernement africains, dont la Tunisie, ainsi que de nombreuses délégations internationales, témoigne de l'ampleur de l'engagement envers cette cause commune.

5,5 milliards d'euros

La présidente du Conseil des ministres, Madame Giorgia Meloni, a annoncé un financement significatif de 5,5 milliards d'euros pour le Plan Mattei, soulignant l'importance des investissements dans des secteurs cruciaux tels que le changement climatique, l'éducation et la formation professionnelle, la sécurité alimentaire, les énergies alternatives en Afrique...

« Ce sommet revêt une importance particulière, étant le premier événement international sous la présidence italienne du G7, illustrant un engagement politique envers l'Afrique et son développement... Nous aspirons à écrire un nouveau chapitre dans nos histoires communes, basé sur une coopération renforcée et une approche empreinte de générosité envers l'Afrique, conforme à son immense potentiel de développement. Cette approche novatrice, que l'Italie souhaite promouvoir, transparaît également dans le titre même du sommet Italie-Afrique, symbolisant un pont vers la prospérité, la création d'emplois et la nécessité d'investir dans divers secteurs vitaux pour le développement du continent...», a-t-elle souligné, tout en ajoutant qu'une innovation notable de ce sommet est le niveau élevé de participation, avec la présence des chefs d'État et de gouvernements, marquant ainsi un engagement plus fort de l'Italie envers ses relations avec l'Afrique.

Mme Meloni a également précisé que l'Italie, en tant que pays hôte de ce sommet, accorde une importance majeure au rôle de l'éducation et de la formation professionnelle dans le développement économique et social de l'Afrique. Dans cette optique, des projets concrets ont été évoqués, notamment en Tunisie et au Maroc. À titre d'exemple, en Tunisie, en 2024, l'Italie se concentre sur l'amélioration de la formation et du perfectionnement des enseignants, ainsi que sur les échanges d'élèves et d'enseignants entre les deux pays pour renforcer les compétences et favoriser l'échange interculturel. De même, au Maroc, l'Italie envisage la création d'un vaste centre d'excellence dédié à la formation professionnelle dans le domaine des énergies renouvelables.

Giorgia Meloni a également annoncé que l'Italie s'engage dans un autre projet en Tunisie, pour améliorer et renforcer les stations d'épuration des eaux non conventionnelles. «Nous aspirons à contribuer à l'amélioration de la gestion et de l'accès à l'eau, une ressource de plus en plus rare. Son absence constitue l'un des principaux facteurs de l'insécurité alimentaire et des conflits», a-t-elle encore souligné.

Une coopération équitable pour un avenir commun

Sur un autre plan, la présidente du Conseil des ministres italien a assuré que le Plan Mattei accorde une attention particulière à la santé, avec la Côte d'Ivoire comme premier bénéficiaire de ses initiatives. L'objectif est d'améliorer l'accessibilité et la qualité des services de santé primaires, en mettant l'accent sur les nourrissons, les jeunes enfants, leurs mères et les personnes les plus vulnérables.

L'agriculture, secteur clé de l'économie africaine, est également au coeur des priorités du Plan Mattei. Dans ce cadre, l'Italie s'engage à soutenir des projets visant à rendre les terres cultivables plus productives, notamment par le biais de technologies agricoles avancées.

Un autre aspect crucial du plan concerne la sécurité alimentaire et la préservation des ressources naturelles, avec des projets tels que la surveillance par satellite de l'agriculture en Algérie.

«Dans son ensemble, cette démarche souligne la reconnaissance mutuelle de l'interdépendance entre l'Europe et l'Afrique, et la nécessité d'une coopération équitable pour un avenir commun. Le Plan Mattei se base ainsi sur une approche holistique, allant de la promotion des exportations et des investissements à la santé, en passant par l'agriculture, l'éducation, la recherche... En mettant l'accent sur des initiatives concrètes telles que le renforcement des infrastructures agricoles et l'amélioration de l'accès à l'eau, le plan cherche à favoriser un développement inclusif et durable sur le continent africain», a encore précisé Mme Meloni.

Pour sa part, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine, a souligné la nécessité de résultats concrets et d'une approche équilibrée dans les relations entre l'Europe et l'Afrique. Il a appelé à une transformation des régions pauvres en zones de développement et d'égalité, mettant ainsi l'accent sur l'importance du Plan Mattei dans la réalisation de ces objectifs.

Dans le même contexte, le président du Conseil européen, Charles Michel, a souligné l'importance de l'agriculture et de la sécurité alimentaire en Afrique, appelant à une coopération plus étroite entre les deux continents pour assurer une croissance durable et équitable.