Afrique: Sommet Italie-Afrique / Saïed dans une déclaration aux médias à Rome - «Nous avons besoin d'une confrontation courageuse à la réalité»

30 Janvier 2024

Rencontre entre Kaïs Saïed et Giorgia Meloni à l'issue du Sommet. Selon un communiqué de la présidence de la République, la conversation a porté sur l'impératif de développer une action collective pour faire face aux multiples défis auxquels le continent africain est confronté aujourd'hui. La place stratégique de la Tunisie dans les programmes en cours a également été soulignée.

A la clôture des travaux du Sommet Italie-Afrique, qui s'est tenu les 28 et 29 janvier à Rome, le Président de la République, Kaïs Saïed, a accordé une déclaration aux médias tunisiens pour évoquer les points cruciaux de cette rencontre rassemblant 23 chefs d'État africains.

Evoquant l'importance de ce sommet et ce qui le distingue des nombreux autres événements, y compris ceux tenus au niveau international, au fil des années, le Chef de l'Etat a noté que des objectifs, des visions et des idées communes ont été partagés. Mais il s'interroge sur la raison pour laquelle l'Afrique, malgré son plein potentiel et ses vastes richesses en pétrole, en gaz..., continue de souffrir.

Saïed a aussi déploré le fait que les Africains meurent chaque jour de faim et vivent dans des conditions de vie précaires, soulignant la nécessité d'une nouvelle approche. Il a critiqué le modèle où une seule capitale détient le pouvoir de diriger, reléguant les autres pays africains au rang de simples suiveurs.

%

Le Président a plaidé pour une Afrique appartenant aux Africains, prônant la collaboration avec toutes les autres capitales et la lutte contre les causes profondes de la pauvreté et du sous-développement. Il a confronté la réalité de la richesse à la pauvreté coexistant sur le continent, citant une espérance de vie moyenne qui ne dépasse pas 40 ans dans certains pays africains.

Évoquant des événements historiques tels que la Conférence de Berlin de 1884, le Président Saïed a souligné la nécessité pour les Africains d'assumer leur destin et de se positionner stratégiquement dans le monde, tout en déplorant le traitement inhumain souvent réservé aux Africains par d'autres nations.

Proposant une approche novatrice, le Président a appelé à une introspection profonde sur les raisons du statu quo et a appelé à une confrontation courageuse avec la vérité, évoquant les sept décennies d'indépendance africaine marquées par des conflits internes et externes. Il a exprimé sa préférence pour des actions concrètes plutôt que des conférences prometteuses, mais stériles.

Kaïs Saïed a aussi évoqué la situation du peuple palestinien, plaidant pour le retour de toute la Palestine et l'établissement de son pays avec une souveraineté totale et Al Qods comme capitale.

En ce qui concerne la question brûlante de l'immigration irrégulière, le Président Saïed a souligné l'importance cruciale de cette problématique, mettant en lumière les causes profondes de ce fléau qui dépasse les frontières nationales.

Dans ce cadre, il a mis en évidence le rôle sinistre des organisations criminelles, responsables du commerce illicite d'organes humains. Face à cette réalité dérangeante, Saïed a affirmé qu'une réponse efficace exigeait une approche collective et la prise de mesures radicales pour éradiquer le problème.

Le Président de la République a également annoncé l'organisation d'un prochain Sommet visant à élaborer une solution commune, plutôt qu'individuelle, ce qui témoigne de la volonté internationale de s'attaquer à ce défi complexe. Selon Saïed, les mesures strictement sécuritaires seules ne suffisent pas à résoudre le problème des réseaux criminels impliqués dans le trafic d'êtres humains à l'échelle mondiale.

Dans ce même cadre, il a insisté sur la nécessité de promouvoir la richesse, le potentiel et l'espoir pour dissiper le désespoir qui pousse certains individus à chercher des voies clandestines de migration à travers la Méditerranée.

Cette situation, décrite comme inhumaine, appelle à une responsabilité collective de l'humanité pour y mettre un terme. Le Président a souligné que cette réalité est inacceptable pour toute personne partageant les valeurs fondamentales de l'humanité.

Évoquant le lien entre espoir et migration, Saïed a souligné que lorsque les citoyens trouvent des opportunités et de l'espoir dans leur pays, le désir de migrer clandestinement diminue naturellement. Il a déploré la tragédie humaine que représente la traversée clandestine de la Méditerranée, insistant sur la responsabilité collective de l'humanité à mettre fin à cette situation inhumaine.

Engagé envers le bien-être de ses concitoyens et de ses frères africains, Saïed a affirmé que la Tunisie offrirait toutes les opportunités nécessaires pour une vie digne, dans le respect des lois et des valeurs humaines. Il a salué le rôle crucial des institutions étatiques et du Croissant-Rouge tunisien dans la protection des droits fondamentaux des migrants. Enfin, le Président a rappelé que l'accueil des migrants se ferait dans le cadre strict de la loi tunisienne, rejetant toute ingérence étrangère dans la gestion des flux migratoires. Un appel à l'action collective et à la solidarité internationale pour relever ces défis humanitaires avec compassion et détermination.

A une question sur l'accord signé avec l'Union européenne pour faciliter le retour des migrants africains dans leur pays, il a assuré que cette affaire mérite une réflexion approfondie. Dans ses propos, il a souligné que bien que l'accord progresse lentement, il avance de manière sûre. Cependant, les résultats escomptés tardent à se concrétiser, ce qui soulève des questions cruciales sur la situation en Afrique et le sort de nos compatriotes africains.

«En tant qu'Africains, nous sommes fiers de notre identité et de nos racines. Pourtant, le retour volontaire des immigrés irréguliers représente un défi considérable. Il est impératif de respecter leur dignité, de les héberger et de leur offrir des conditions de vie décentes, conformément à nos principes fondamentaux», a-t-il assuré.

Dans ce même cadre, il a ajouté que la Tunisie s'efforce d'assurer un retour volontaire dans des conditions optimales, tout en appelant la communauté internationale à soutenir ceux qui ont été contraints de quitter leur pays à la recherche de sécurité et de subsistance.

«Nous devons être honnêtes face à cette réalité et adopter des approches différentes et innovatrices pour aborder ces défis complexes. Les engagements que nous prenons ne doivent pas aggraver la vulnérabilité des individus, mais plutôt oeuvrer à la protection des droits humains et à la promotion de la dignité pour tous, où qu'ils se trouvent dans le monde», a-t-il conclu.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.