Gambie: Sonko reconnaît que la torture est un acte répréhensible et inacceptable

30 Janvier 2024

L'ancien Ministre de l'Intérieur de la Gambie a déclaré que la torture est un acte totalement répréhensible et inacceptable. Mr Ousman Sonko a déclaré à la Cour pénale suisse qu'il n'avait jamais été impliqué dans des actes de torture et qu'il avait toujours pris des mesures pour empêcher son utilisation sous quelque forme que ce soit lorsqu'il était au service du gouvernement de Yahya Jammeh.

Le mardi 23 janvier 2024, Mr Sonko a eu à nouveau l'occasion de répondre aux questions de la Cour sur les allégations portées contre lui. Son avocat l'a également interrogé afin qu'il puisse donner des réponses pour clarifier son rôle dans les actes de torture et autres violations des droits de l'Homme qui lui ont été attribués lorsqu'il était Inspecteur Général de la Police et Ministre de l'Intérieur de la Gambie.

Mr Sonko s'est présenté au tribunal vêtu d'un costume bleu marine et d'une chemise noire sans cravate. Il a manifestement perdu plusieurs kilos par rapport à l'époque où il détenait et exerçait le pouvoir en Gambie. L'ancien ministre est assis sur un bureau au premier rang, face au panel de trois juges, à côté de son équipe de défense. Son avocat est convaincu qu'Ousman Sonko n'est aucunement coupable des crimes attribués à son client et il ne ménage nullement ses efforts pour convaincre la Cour d'en décider ainsi.

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Il est passé maître dans l'utilisation, comme un art, de la phrase "Je n'ai aucun souvenir" en réponse aux accusations qui le placent au centre des actes allégués par les témoins. Lors de l'interrogatoire de l'accusé, l'avocat de Sonko lui a demandé s'il savait que la torture était pratiquée contre des détenus dans le pays, en particulier par des membres de la police gambienne et de l'Agence Nationale de Renseignement (NIA).

« J'ai été informé que des actes de torture auraient pu être commis à l'Agence Nationale de Renseignement (NIA). Mais je ne connais nullement les détails car l'Agence Nationale de Renseignement (NIA) ne me rendait pas de comptes, » a-t-il répondu.

Interrogé sur sa réaction concernant ces informations lorsqu'il exerçait ses fonctions de ministre et d'Inspecteur Général de la Police, il a déclaré qu'il s'est servi de ces informations pour prendre les mesures nécessaires afin que les membres de la force de police sous sa responsabilité ne pratiquent pas la torture. Même lorsque des témoins ont raconté les actes de torture commis par l'Agence Nationale de Renseignement (NIA), Mr Sonko a déclaré qu'il n'avait pas le pouvoir de poursuivre les membres de l'Agence Nationale de Renseignement (NIA) pour de tels actes, car l'agence n'opérait pas sous ce qu'il appelle son "commandement et son contrôle effectifs".

Son avocat, Maître Phillip Currat, a évoqué un cas concret, celui d'un inspecteur de police nommé Lamin Cham, de l'Unité des Crimes Majeurs de la police gambienne, qui s'est retiré d'une cellule d'enquête lorsqu'un témoin interrogé a été battu à coups de marteau devant lui. Sonko a déclaré que les membres de la police gambienne sous son autorité ne participaient pas à la torture et n'utilisaient pas de tels actes dans le cadre de leur travail. « La police gambienne est une force professionnelle, comme le montre le rapport de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations, (TRRC), » a-t-il déclaré.

Interrogé sur les Junglers, Mr Sonko a déclaré qu'il était informé qu'ils étaient des membres des Forces Armées Gambiennes ayant reçu une formation de commando en Libye en 2003/2004. Par la suite, ils ont suivi des formations en Gambie, mais en tant que soldats des Forces Armées et non en tant que Junglers.

Sonko a déclaré qu'il connaissait des membres des Junglers dont Alhagie Martin, Musa Jammeh car ils étaient membres de la compagnie Bravo de la Garde Nationale de la Gambie. Il s'agit de la même compagnie que celle dans laquelle Sonko a servi lorsqu'il était membre de la Garde Nationale. Cependant, il ne se souvient aucunement des autres membres du célèbre commando tels que Manlafi Chorr, Nuha Badjie, car la compagnie Bravo n'est qu'une des compagnies du bataillon.

Il a également été interrogé sur les tortures infligées à un témoin qui était un membre des Forces Armées associé au coup d'État déjoué de mars 2006, Sonko a déclaré que ce qui était arrivé au soldat était inacceptable. Il a ajouté qu'il ne participerait jamais à un panel d'experts s'il savait que son travail nécessiterait l'usage de la torture.

Presque toutes les personnes qui ont témoigné lors de ce procès ont allégué avoir été torturées lors de leur détention à l'Agence Nationale de Renseignement (NIA) suite à la présumée tentative de coup d'état de 2006. Sonko a déclaré qu'il n'avait appris l'existence de ces crimes qu'au cours de la cour martiale, et non avant ou pendant les détentions.

Il a déclaré que la constitution gambienne interdit la torture, mais qu'elle ne contient aucune disposition spécifique dans les lois pénales du pays. En vertu de l'article 37 de la Constitution de la Gambie, toute personne dont les droits ont été violés par la torture peut saisir la Haute Cour pour obtenir réparation. Pourtant, le code pénal ne contient aucune disposition permettant d'inculper qui que ce soit pour torture.

Le défendeur a également fait référence aux preuves de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) pour étayer ses arguments, mais il minimise ces preuves lorsqu'il est contredit par celles-ci, affirmant que la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) est un organisme de recherche de la vérité, et non une cellule d'enquête. Il est en désaccord avec le rapport de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) qui l'identifie comme un membre de la cellule d'enquête supervisant la torture des détenus. Il est également en désaccord avec le témoignage de plusieurs autres témoins qui l'ont identifié comme étant membre de la cellule d'enquête supervisant les actes de torture dans le procès ici à Bellinzona.

Par ailleurs, le tribunal a entendu les preuves et les témoignages des plaignants et des témoins. Elle a ajourné les séances au 4 mars 2024, date à laquelle les avocats des plaignants et de la défense devraient conclure des accords de plaidoyer avant le jugement.

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