Dakar — Le musée historique de Gorée, île située au large de Dakar, abrite une exposition « inédite » portant sur douze ans de fouilles archéologiques dans la vallée de la Falémé, dans le Sénégal oriental, des vestiges qui renseignent sur le passé et la culture du peuplement sénégalais sur une période de plus de 300.000 ans.
Intitulée « Falémé, 12 ans de recherches archéologiques au Sénégal oriental », cette exposition qui a démarrée lundi, revient sur « les traces qui manifestent l'existence de populations humaines à travers les vestiges laissés sur place ».
« Si aujourd'hui, on peut parler de l'histoire du Sénégal, on ne peut pas occulter nos origines et grâce à ce projet, on a réussi à les identifier au niveau de la Falémé », a expliqué Matar Ndiaye chef du département des sciences humaines de l'Institut fondamental d'Afrique noire de l'université Cheikh Anta Diop (IFAN-CAD).
Selon M. Ndiaye, représentant par ailleurs le partenaire scientifique sénégalais du projet, plusieurs sites archéologiques datant de plus de trois cent mille ans ont été découverts dans cette partie du Sénégal, dont un site remontant au »Middle Stone Age », période correspondant au paléolithique ancien.
D'autres sites correspondent à l'Acheuléen, culture préhistorique associée à la production de bifaces en pierre taillée, signale-t-il, précisant que l'ensemble de ces sites ont été datés sur une fourchette allant de 120 mille ans avant JC jusqu'à 35 mille ans.
Les résultats des recherches montrent comment les populations se sont adaptées aux variations climatiques et ont développé des techniques pour exploiter les ressources de la vallée de la Falémé dans tous les domaines, explique le chercheur.
Ils sont présentés à travers des panneaux et des vitrines où sont posés des objets retrouvés. Il y a aussi des vidéos et des photos des habitants prises par les chercheurs, des images de lieux visités et des entretiens avec des scientifiques.
»C'est un travail colossal qui a été mené durant douze ans avec le concours de plusieurs spécialistes », avec des analyses « faites dans les meilleurs laboratoires du monde. Ce qui honore le Sénégal », parce que ces recherches ont permis d'identifier « un peuplement très ancien », s'est réjoui Matar Ndiaye.
»Ce projet montre le passé de plus de 300 mille ans de la Falémé, la richesse de ce passé en variation avec les changements climatiques et environnementaux », a pour sa part indiqué le professeur Eric Huysecom de l'université de Genève, partenaire suisse du projet.
Il a fait remarquer qu'en plus d'établir des relations Nord-Sud, ce projet a permis des échanges Sud-Sud entre des étudiants sénégalais, ivoiriens, camerounais et maliens dont la recherche doctorale a porté sur le sujet.
Une quarantaine de chercheurs venus du Sénégal, du Cameroun, de la Côte d'Ivoire, du Mali, de l'Allemagne, de la Belgique, de la France et de la Suisse, ont participé à ce projet de recherche.
Selon Eric Huysecom, ils viennent d'une quinzaine de disciplines, portant essentiellement sur l'archéologie, l'histoire, les méthodes de datation, entre autres.
Cette exposition prévue pour se poursuivre jusqu'au 30 avril prochain, a été présentée à l'IFAN-CAD en novembre dernier.